Aux yeux de plusieurs, la jeune femme pouvait passer pour une débutante. Mais Caitlin Lawless écumait des maisons depuis aussi longtemps qu'elle pouvait se souvenir. À l'époque où elle ne marchait pas encore, sa mère la portait sur son dos et la trimballait dans ses expéditions aux quatre coins de la ville. Au bout de quelques années de travail et d'entêtement, à force de prendre des risques, elles avaient fini par se tailler toute une réputation dans une profession où tous les coups, même les plus bas, étaient permis. Ensemble, elles étaient connues sous le nom de « The Lawless Team ».
Elle venait d'avoir quinze ans quand sa mère était morte. Elle avait alors pensé tout arrêter, jusqu'à ce qu'elle réalise que non seulement elle ne savait rien faire d'autre, mais qu'elle était la meilleure dans ce qu'elle faisait.
Elle était déjà allée au lac aux Bruants deux ans auparavant. Elle était seule à ce moment-là, mais depuis, de nombreuses attaques de Surves s'étaient produites et c'était devenu trop risqué de s'aventurer dans ce coin de la région sans protection rapprochée. La jeune femme s'était donc présentée la veille chez Sécurpol, une firme avec laquelle elle avait souvent fait affaire, et avait réservé un garde du corps pour le lendemain.
Celui qu'elle engageait d'habitude n'étant pas disponible, on lui avait recommandé Arnaud Riopel pour son sens de l'observation, sa discipline, son honnêteté et sa connaissance des arts martiaux. Caitlin trouvait qu'il était du genre à la traiter comme une fillette, mais comme il était un peu plus vieux qu'elle, ça ne la dérangeait pas trop. Pour sa part, elle préférait que ses gardes du corps soient un peu plus jeunes. Quatorze ou quinze ans, c'était l'idéal. À cet âge-là, ils n'avaient peur de rien, cherchaient à l'impressionner et avaient tendance à faire du zèle. Mais ce beau grand bonhomme métissé, calme et posé, à la voix grave et un peu éraillée, semblait être dans une forme splendide et tout à fait capable de la défendre contre une meute de Surves. Et c'était exactement ce qu'il lui fallait.
― Tu dois te demander pourquoi je pense qu'il y a quelque chose là-bas, non?
― C'est pas de mes affaires... répondit-il laconiquement.
― Ça ne sera pas un secret encore bien longtemps. Alors autant que tu le saches. Quand je suis venue, il y a deux ans, j'ai découvert, caché sous une planche du grenier de la plus imposante maison du village, le journal personnel d'une fillette. Elle décrivait son quotidien, parlait de ses amies, de ses parents... En 2069, tu imagines? Juste avant la Grande Apocalypse. Je n'avais rien trouvé d'autre. En tout cas, rien que j'aurais pu exposer à ma boutique.
― Je ne savais pas qu'il y avait un marché pour les vieux journaux intimes...
― Ce n'était pas pour le revendre. Je voulais seulement le lire. Je suis curieuse et toute cette période m'intrigue, à quoi les gens pensaient, ce qu'ils mangeaient, comment ils gagnaient leur vie...
― Alors, vous devriez rencontrer mon grand-père. C'est un ancien prof d'histoire de l'Université Laval.
― Ça serait sûrement intéressant, oui! Vers la fin de son journal, elle révèle tout. Elle parle de cet endroit secret où elle et sa famille pourraient se réfugier en cas d'urgence, elle donne le code qu'elle avait dû apprendre par cœur... Elle fait ça sous forme d'énigmes, mais bon! C'était pas si difficile à décrypter...
― Pas très prudent de sa part!
― Surtout imprudent de la part de ses parents. Mais je suppose qu'ils lui ont confié ce code afin que, même abandonnée à elle-même, elle puisse avoir accès à l'abri. Et ils n'ont pas imaginé que leur fille transcrirait ce secret dans son journal intime, dont ils devaient ignorer l'existence, de toute façon.
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La République des Miracles
Science Fiction2070 : Une guerre nucléaire ravage la planète. 2121 : Dans la région de Québec, des survivants essaient de rebâtir une société à partir des ruines de l'ancienne. Mais les choses ne sont pas si simples... D'un côté, des catholiques traditionalistes...