Chapitre 17, dans lequel Caitlin doit faire des choix déchirants

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Elle n'avait pas voulu choquer autant Aliénor. Caitlin était persuadée que sa demande était raisonnable et qu'elle l'avait formulé avec respect.

— Dis, Arnaud, tu crois qu'elle a mal pris ça?

— Tu l'as un peu insultée, oui. Mais ça m'a permis de confirmer que sa menace de tout faire sauter, c'était que du bluff. Tu as vu comment elle agitait sa manette?

— Elle avait l'air de n'en avoir rien à foutre!

— Si elle avait été reliée pour de vrai à des caisses de dynamite, je te jure qu'elle l'aurait manipulée avec plus de prudence que ça. En cas d'explosion, les premières victimes auraient été elle et son armée des douze singes.

— Sa quoi?

— « L'Armée des douze singes. » C'est un vieux film que j'ai vu quand j'étais petit. Laisse tomber! On a intérêt à s'activer, parce qu'on va manquer de temps. Est-ce que ta liste est prête?

— Ouais, il faudrait que Nan m'aide à sélectionner quelques bonnes bouteilles.

— Moi j'ai repéré des sacs à dos qui seront parfaits pour charger tous tes trésors. Je vais les chercher.

Caitlin partit avec Nan en direction du cellier et elles firent un choix préliminaire, qui incluait des cognacs d'exception, des Bordeaux de haute lignée, des vieux portos aux noms prestigieux, des whiskys rares, des sakés dont elle ne pouvait même pas lire l'étiquette écrite en japonais. Elle eut droit à un cours accéléré d'œnologie qui l'amena à se concentrer sur les spiritueux et quelques vins « de longue garde ».

— N'en prends pas trop! dit Nan. Laisse de la place pour les médicaments et les munitions.

Quarante-cinq minutes plus tard, le résultat de sa sélection était rassemblé devant la porte du bunker et elle commença à trier les objets en fonction de leur poids. Les plus lourds devaient se retrouver dans le sac de Nan, alors que celui d'Arnaud serait plus pesant que le sien. À la fin de ce processus, il resta tout de même deux bouteilles d'Armagnac et trois boîtes de munitions qu'ils n'arrivèrent à placer nulle part.

— Nan, dit Arnaud, tu as fait ce truc dont on a discuté?

— Oui Arnaud, c'est fait.

— De quoi parlez-vous? demanda Caitlin.

— C'est seulement un tour que je veux jouer à Aliénor. C'est une surprise...

— Ça ne va pas me mettre dans la merde, j'espère...

— Mais non, ne t'inquiète pas, c'est juste une blague. Es-tu prête?

Il ouvrit la communication avec Aliénor pour une dernière fois. « Nous sommes prêts à sortir. Je vous demande de quitter la maison et de nous laisser un passage. Je vous préviens que nous sommes armés, tous les trois. Alors, pas de coup fourré, compris? »

C'était une demi-vérité, car Nan, bien qu'elle portât une arme sur elle, ne s'en servirait pas. Elle le leur avait bien expliqué. « Je suis incapable de tirer sur qui que ce soit. L'idée de tuer ou de blesser un humain m'est intolérable. Je suis désolée, mais il faudra vous passer de moi, je ne serai d'aucune aide s'il y a une fusillade. Mes algorithmes déontologiques ne me le permettront pas. » C'était apparemment non négociable. À peine avait-elle accepté de porter à sa ceinture un pistolet vidé de ses munitions.

Ils jetèrent un dernier regard vers l'écran pour vérifier que la voie était libre, puis Arnaud actionna l'ouverture de la lourde porte. Caitlin installa son sac sur son dos, Arnaud et Nan firent de même. Elle prit son fusil dans une main, jeta un ultime coup d'œil au bunker, puis entreprit d'escalader les marches de l'escalier en colimaçon.

*** Toutes les illustrations qui accompagnent ce roman ont été réalisées grâce à l'Intelligence Artificielle sur le site NightCafe Studio.

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