Chapitre 42, où Julia se trouve une alliée et lui raconte son histoire

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L'agent de Sécurpol ne l'avait pas suivie. Il lui avait offert de la raccompagner chez elle, mais Julia avait refusé, ne voulant pas qu'il sache où elle restait. Elle regrettait maintenant de ne pas avoir accepté. Si elle y retournait et qu'elle revoyait les trois idiots du village qu'elle avait croisé le matin, ils allaient lui faire payer au prix fort leur déconfiture, elle n'en doutait pas une seconde. Et si elle devait les affronter seule, elle ne donnait pas cher de sa peau.

Joseph avait parlé d'un repas communautaire, au nouvel emplacement où on transférait la Sainte-Dépouille, Maëlle, ou peu importait son nom. Elle voyait plus loin qu'on montait des tables à côté d'un camion identifié aux restaurants Grill Burger. Une file d'attente s'était déjà formée, pas aussi longue que celle pour avoir accès à Maëlle, mais elle se hâta afin de s'assurer d'une bonne place. Elle n'avait aucune idée de ce qu'ils allaient distribuer, mais ça ne pouvait pas être mauvais.

Julia remarqua que quelqu'un avait peint, sur le mur d'un bâtiment voisin, une fresque de trois mètres de haut qui représentait, selon elle, Maëlle, sur un petit promontoire, tendant les bras vers le ciel. Des fleurs et des squelettes complétaient la scène surréaliste. L'artiste avait dû faire vite, car l'œuvre n'avait pu être réalisée que depuis quarante-huit heures, et Julia ne se rappelait pas l'avoir vue auparavant, même si elle se promenait souvent dans le quartier.

 L'artiste avait dû faire vite, car l'œuvre n'avait pu être réalisée que depuis quarante-huit heures, et Julia ne se rappelait pas l'avoir vue auparavant, même si elle se promenait souvent dans le quartier

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Quand son tour arriva, elle reçut, dans une serviette en papier, une barre aux fruits à base de farine de grillons. Un nouveau produit que la compagnie venait de mettre au point, affirma le gars qui opérait le food-truck. En fait, elle pouvait choisir entre une aux bleuets, ou une aux fraises. Elle fit les yeux doux au type qui les distribuait et il accepta de lui en donner une de chaque saveur. « Mais c'est bien parce que c'est toi, » ajouta-t-il. Elle se dirigea ensuite vers la table où l'on attendait en file pour du café d'orge, puis se trouva une place pour s'asseoir et déguster tout ça. Elle n'était pas assise depuis plus de trente secondes qu'elle entendit « Julia? »

Encore quelqu'un qui la connaissait? Elle se serait bien passée de cette célébrité-là! Une jeune Noire s'avançait vers elle, un micro à la main. Elle la reconnut, il s'agissait d'une journaliste dont elle avait parfois vu la photo ailleurs en ville. Pas très bonne, d'ailleurs, cette photo. Elle la trouvait beaucoup plus sympathique en chair et en os.

― Salut Julia. Je suis Nadine Bourlamaque, de Radio-Chaos. Je peux te poser une ou deux questions?

― Je n'ai pas encore réussi à voir la dépouille, alors je ne peux pas dire grand-chose là-dessus... Comment sais-tu mon nom?

― J'aimerais que tu me parles de ce qui s'est passé tout à l'heure dans le stationnement de la morgue. Le garçon et la fille qui se sont fait ramasser, tu semblais les connaître...

Julia se dit que si la journaliste avait vu la scène, cela ne servirait à rien de nier. Elle croirait qu'elle cherchait juste à se payer sa tête. Et puis après tout, elle réalisait des reportages pour la radio. Alors lui révéler ce qu'elle savait était peut-être son seul moyen de faire bouger les choses pour Joseph.

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