Chapitre 13 où Caitlin négocie avec Aliénor et voit ce que Nan pense des humains

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Caitlin n'avait pas aimé le cappuccino, mais elle savait pouvoir tirer un prix intéressant de toutes les boîtes de café contenues dans l'entrepôt. Elle les plaça donc parmi les incontournables. Elle achevait de l'inscrire sur la liste quand Arnaud vint la rejoindre. Elle lui tendit le carnet et un crayon pendant qu'elle parcourait des yeux les étagères pleines à craquer. « Tiens, ajoute ce que je vais te dire à la liste. »

Elle ne voulait emporter aucun des mets tout préparés, leur état de conservation étant trop incertain. Si leur séjour se prolongeait, il serait toujours temps de vérifier le contenu de ces conserves. Les ingrédients de base ne présentaient pas tous un intérêt égal. Les farines, même celles qui étaient devenues introuvables, ne représentaient pas une si grande valeur par rapport à l'espace qu'elles allaient prendre. Dans le cas des épices, par contre, c'était un minimum d'encombrement pour un prix maximum.

― Et si on sortait forçait le passage? dit-elle à Arnaud. On pourrait refermer la porte blindée derrière nous, revenir plus tard avec une équipe et repartir avec la totalité du bunker.

― Foncer dans le tas? Oublie ça! On ne fera pas dix pas dehors... On n'est pas équipés pour gagner une bataille à dix contre trois. Je crois vraiment que la négociation représente notre meilleure chance. Et n'oublie pas, tu as Nan. Ce robot constitue ton trésor, ton vrai profit.

Caitlin admettait que forcer le passage n'était pas l'idée du siècle. Mais s'ils devaient quitter le bunker avec juste ce qu'ils avaient sur le dos, ils ne pourraient pas apporter tant de choses que ça. Il fallait au moins quinze minutes de marche pour atteindre la voiture. Elle-même était en forme et Arnaud aussi. Mais qu'en était-il du robot?

― Puisqu'on parle de Nan, as-tu une idée de sa force? Quel poids peut-elle soulever, d'après toi?

― C'est une bonne question. Je vais lui demander.

Elle le vit se pencher par la porte ouverte et l'entendit crier « Nan, j'ai une question pour toi. » N'obtenant aucune réponse, il haussa le ton et lança de nouveau « Nan...? » Toujours rien. Il disparut en direction de l'accueil, là où ils avaient laissé l'humanoïde quelques minutes auparavant.

― Il n'y a plus personne devant l'écran! cria-t-il.

― Comment ça, plus personne? Elle était là il y a deux minutes!

Et soudain, elle comprit! Elle lança à Arnaud « Merde, je sais où elle est allée! » et se précipita vers l'escalier en répétant « Merde! Merde! Merde! »

Dans le salon, personne. D'une voix adoucie, elle appela « Nan? » Elle ralentit au moment de s'engager dans le couloir qui menait aux chambres. La porte de celle des parents était entrebâillée.

Elle était agenouillée au pied du lit devant les cadavres desséchés de ses anciens maîtres, sa main posée sur un pied de Nadia. « Je ne voulais pas que tu voies ça... », dit Caitlin, comme pour s'excuser. « Je comprends » répondit Nan à voix basse, le visage toujours impassible.

Caitlin trouva dans sa poche le billet de Nadia et le lui tendit. « Elle avait déposé ça avec toi. » Nan le lut, puis le lui remit. « Les humains sont une espèce étrange, » dit-elle, sans plus d'explications. Elle se leva et se retourna pour sortir. Arnaud les avait suivis et se tenait debout devant la porte, nerveux, la main sur la crosse de son pistolet. « Ça va, Nan? » demanda-t-il.

― Ça va, Arnaud. Aliénor a parlé avec Clothaire, je crois qu'elle veut faire une offre.

Nan reprit le chemin de l'entrée. Arnaud et Caitlin la suivirent. À l'accueil, sur l'écran géant, ils virent que les petits-fils et petites-filles d'Aliénor étaient rassemblés, mais aucune trace de la matriarche. Ils finirent par la repérer, assise toute seule sur les marches de l'escalier à l'entrée de la maison.

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