Chapitre 41 où Joseph se réveille et constate dans quel piège il se trouve

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Joseph rêvait. Il était dans la chambre de Julia, elle lui tournait le dos et lui parlait de chats. Il lui répondait que les chats ne l'intéressaient pas tant que ça et qu'elle-même y était allergique. Elle se tut, puis commença à pleurer doucement. Il se leva et posa sa main sur son épaule secouée de sanglots. Elle se retourna pour lui faire face. Ce n'était plus Julia, mais Maëlle qui le fixait avec des yeux tristes. « Je t'avais dit qu'ils me faisaient peur. Pourquoi ne m'as-tu pas secourue? »

Il ouvrit les yeux. Nan se tenait au pied du lit et l'observait avec attention. Il se trouvait dans une autre chambre, qui n'était ni celle de Julia ni la sienne. Des murs nus, un sol en béton, une chaise droite et un bureau métallique pour seul mobilier, en plus de la petite couchette sur laquelle il était allongé. Une cuvette de toilette dans le coin et un lavabo complétaient le décor. Joseph hésitait entre une chambre d'hôpital et une cellule de prison.

― On est où là? demanda-t-il.

― As-tu mal à la tête?

― Ça va. Je suis juste un peu étourdi. On est où?

― Il s'inquiétait alors il m'a laissée ici pour surveiller l'évolution de ton état. Il m'a ordonné de ne discuter de rien, seulement de veiller sur toi. Je vais maintenant lui dire que tu es réveillé.

« De qui tu parles? » Nan se leva sans lui répondre. Il insista, mais elle continua à faire la sourde oreille. Elle dut frapper pour qu'on vienne lui déverrouiller la porte, qui s'ouvrit avec un bruit métallique. Elle semblait très lourde, avec des barreaux. « Finalement, c'est plutôt une cellule de prison! » pensa Joseph. Il se leva, trop vite cependant, car il dut se rasseoir sur le bord du lit. Les étourdissements finirent par se calmer. Il tenta de rejoindre Nan et réussit à atteindre la sortie en s'appuyant sur le mur. Il distinguait quelqu'un assis dans l'autre pièce, mais ne voyait que le bas de son corps.

― Où est-ce que je suis? Faites-moi sortir d'ici. Je suis le fils du colonel et il ne sera pas content!

Les jambes ne bougèrent pas, mais une voix au ton abrupt lui ordonna « Va te recoucher! On te le dira quand on voudra te parler. »

Il revint vers le lit et s'y laissa tomber. Il ne portait en tout et pour tout qu'un caleçon court et un t-shirt qui ne lui avaient jamais appartenu. Il détestait l'idée qu'on l'ait tripoté. Il chercha des yeux l'endroit où les zouaves auraient pu ranger ses vêtements, mais n'en trouva aucune trace. Il essaya de se rappeler des habits qu'il portait ce matin-là, et soudain sa mémoire lui revint. La morgue, la foule, le corbillard, Maëlle. Et maintenant la prison. Mais pourquoi? Il n'avait commis aucun crime, lui!

Il se releva et s'approcha de la fenêtre grillagée qui donnait sur un stationnement. Il n'eut aucune peine à deviner où on l'avait enfermé. Il y était venu souvent, en toute liberté alors. Son père dirigeait même cet endroit, qui abritait les bureaux de la Garde des Fortifications, autrefois appelés la Citadelle de Québec. Il connaissait le niveau de paranoïa qui sévissait chez ceux qui travaillaient dans cet établissement. S'il avait espéré s'échapper, cet espoir venait de s'évanouir.

Au bout d'un trop long moment, il entendit des pas. Une clé tourna dans la serrure et son oncle Mathias entra dans la pièce. Joseph l'accueillit, étendu de travers sur le lit, les bras croisés.

― Bienvenue dans ma cellule. Comme ça, ce sont tes amis théocrates qui m'ont fait mettre en prison? Je me demande pourquoi ça ne me surprend pas plus que ça!

― Je constate que tu n'as rien perdu de ton irrévérence. Tu n'as jamais eu tellement de respect pour la hiérarchie, hein?

― Tu me connais bien!

La République des MiraclesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant