Chapitre 11, dans lequel Aliénor donne une leçon de vie à Philibert

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Elle avait beau fouiller dans ses souvenirs, Aliénor ne se rappelait pas avoir jamais rencontré un mur d'une solidité pareille. Elle se pencha vers Philibert et lui parla à voix basse, parce qu'elle ne voulait pas que ceux d'en bas les entendent.

― Tu es bien sûr que cette porte était ouverte, quand tu l'as vue la première fois?

― Oui, Aliénor, la brique était intacte et la porte était complètement repoussée à l'intérieur.

― Et as-tu jeté un coup d'œil au système de fermeture?

― Je n'ai pas remarqué, répondit Philibert, qui resta pensif quelques instants, plissant le front dans un effort pour se souvenir. Je me rappelle trois gros crochets en métal sur le côté, qui devaient s'agripper après quelque chose sur le cadre... je ne sais plus, je n'ai pas assez fait attention.

Aliénor ferma les yeux et tenta de visualiser ce que son petit-fils venait de lui décrire. Ils devaient bien s'actionner de l'extérieur, ces crochets. Si elle avait été la conceptrice de cette porte, comment s'y serait-elle prise pour qu'elle reste invisible aux non-initiés, mais que le mécanisme soit quand même facilement accessible en cas d'urgence?

Peut-être une télécommande? Elle-même n'était âgée que d'une dizaine d'années quand le black-out était survenu, mais elle se souvenait qu'avant la guerre, les gens maîtrisaient l'électricité, les ondes radio et tous les gadgets technos qui accompagnaient ces choses-là. Ayant vécu, à cette époque, dans une maison où la domotique trouvait des applications dans tous les aspects de la vie quotidienne, elle se souvenait de tout ce qu'un simple téléphone cellulaire pouvait arriver à contrôler.

D'un autre côté, ces technologies seraient devenues inutilisables en cas de panne générale, ce qui aurait présenté des risques bien trop grands. L'accès au bunker devait rester une priorité absolue. Ils avaient donc dû choisir un simple dispositif mécanique pour ouvrir la porte, qui aurait alors pu fonctionner en tout temps, indépendamment des conditions extérieures. Une poignée, un loquet, une corde ou une tirette quelconque.

Et si c'était quelque chose de matériel, ça devait être visible. Mais comment cacher à tout le monde ce mécanisme qui devait rester malgré tout apparent aux yeux des initiés? Seule une fraction du revêtement de pierre avait été jetée par terre, celle qui correspondait à la partie mobile de la porte. « Clothaire! Enlève le restant de la pierre. »

Clothaire, qui était occupé à marteler le pied-de-biche pour l'introduire dans l'interstice entre la porte et la cloison, sans grand succès jusque-là, se préparait à renâcler, mais elle coupa court à ses protestations.

― Fais ce que je dis, débarrasse-moi ce mur de toute la pierre qui reste, il y a quelque chose qui se cache là-dessous. Et vous, là-bas, apportez-lui un escabeau ou une chaise, quelque chose de robuste pour pas que votre cousin soit forcé de travailler à bout de bras. Rendez-vous utiles!

Les autres s'activèrent et finirent par trouver une table assez solide, dont Clothaire se servit pour atteindre le haut du mur; d'autres se postèrent au bas de l'escalier et, dès qu'il avait fait tomber quelques blocs, se hâtaient de dégager le palier. L'ouvrage progressa à grande vitesse, le pied-de-biche s'avérant d'une remarquable utilité pour décoller les pierres de leur support métallique.

Au bout d'une heure, le travail était achevé, la table retirée, le sol déblayé de tous les rebuts. Aliénor descendit les quelques marches qui la séparaient du palier et contempla le résultat de leurs efforts : trois orifices étaient apparus sur la cloison de métal.

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