Chapitre 24 où Joseph Quintal Traversy doit en découdre avec Le Petit Prince

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Lorsque sa mère lui avait dit « On va avoir une nouvelle bonne à la maison », Joseph s'était senti bousculé. Il n'aimait pas que sa routine quotidienne soit perturbée. Ses activités étaient minutieusement réglées. Ses fréquentations, peu nombreuses, le contentaient. Quand il avait envie de changements, il préférait décider par lui-même de leur nature et des conditions dans lesquelles ils allaient s'opérer. Et puis, ils avaient déjà une domestique à la maison. Il s'entendait bien avec Maëlle et pouvait lui faire confiance.

Ensuite, sa mère avait précisé que la nouvelle bonne était un robot, qu'elle s'occuperait surtout de Lisbeth et que, de toute façon, il n'était pas question qu'elle remplace Maëlle. Alors quand elle lui avait ordonné de descendre pour rencontrer le nouveau gadget familial, il était curieux, même s'il s'en foutait un peu. Ce n'était pas comme si ça allait changer quoi que ce soit à sa vie.

Elles l'attendaient dans la salle à manger. Il vit, en plus de sa mère et de Maëlle, une autre fille qui tenait Lisbeth dans ses bras. Il supposa que c'était celle qui devait vendre le robot à ses parents, mais on lui annonça que celle-là venait de partir.

― Joseph, dit sa mère en lui désignant la jeune femme, je te présente Nan. C'est un robot humanoïde, spécialisé dans les soins aux enfants. Elle habitera avec nous, maintenant. Elle va surtout s'occuper de Lisbeth, mais elle pourra aussi t'aider dans tes devoirs, tes leçons, tes activités parascolaires, tout ça.

            Il pensa « Pauvre Mère, si tu connaissais la nature de mes activités parascolaires, tu saurais qu'il n'y a pas un robot qui peut me venir en aide! » Mais il ne dit rien, pour deux raisons

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Il pensa « Pauvre Mère, si tu connaissais la nature de mes activités parascolaires, tu saurais qu'il n'y a pas un robot qui peut me venir en aide! » Mais il ne dit rien, pour deux raisons. D'une part, sa mère ne comprendrait pas.

D'autre part, il eut le souffle coupé. Nan ne ressemblait pas du tout à l'image qu'il s'était faite d'un robot-nourrice. Il s'attendait à un tas de tôle avec poussette intégrée. Mais c'était une vraie personne qui se tenait devant lui et le regardait en souriant. C'était bluffant. Génialoïde. Ses amis n'allaient pas en revenir.

― Je sais, j'ai eu du mal à y croire moi-même, continua sa mère, qui semblait lire dans ses pensées. Mais c'est réellement un robot, sûrement le seul qui existe à Québec. N'oublie pas! Je tiens à ce que tu la traites avec gentillesse et respect, comme tu le fais avec Maëlle, d'ailleurs. Au fait, Maëlle restera bien sûr avec nous. Elle aura plus de temps pour... ses autres tâches, tu vois... ces trucs qui sont le propre des humains. N'est-ce pas, Maëlle?

― Oui Madame, répondit Maëlle, toujours docile.

Il ne savait pas à quoi sa mère faisait allusion quand elle parlait de Maëlle et de ses « autres tâches ». En fait, il n'était même pas certain qu'elle ait la moindre idée de ce qu'étaient les tâches d'une domestique. Il ne l'avait jamais vue faire quoi que ce soit d'utile dans la maison, à part donner des ordres.

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