Les ombres de l'âme - Tome 1

Chapitre 34 : Perte de connaissance

Andrew

La vue de ce jeune garçon m'a fait perdre les pédales. Je pouvais sentir sa souffrance et sa peur à travers son regard vitreux.

Je n'ai pas autant d'empathie qu'Ava mais je sens quand quelque chose ne va pas et j'aurais pu mettre ma main à couper que ce garçon n'avait pas été là par gaieté de cœur.

Plus j'en apprends sur ce Duke Aston et plus mes poings me démangent atrocement.

Je sors sans réfléchir de l'hôtel, espérant mettre la main sur ce fameux Isaac.

Les rues sont sombres autour du Paladisio, seules les lumières émanant de l'hôtel éclairent un peu le bitume. Je déambule autour du bâtiment et finis par entendre des sanglots étouffés dont je m'approche.

Isaac est recroquevillé sur lui-même, à même le sol. Il a les genoux remontés contre sa poitrine et ses bras fins les entourent fermement. Sa tête est baissée et il semble être en train de pleurer au vu de ses tremblements puissants.

Son corps se raidit et ses sanglots s'arrêtent brusquement lorsque les bruits de mes pas parviennent jusqu'à lui.

Il se lève subitement et se met en position de défense, ses petits poings serrés et remontés.

— Eh, tu ne crains rien, dis-je en levant mes mains. Tu es Isaac n'est-ce pas ?

— Qui êtes-vous ? demande-t-il de sa voix tremblante.

— Je m'appelle Andrew Blake.

— Vous étiez à la soirée ?

Je confirme d'un hochement de tête en opérant de nouveaux pas dans sa direction.

— Ne m'approchez pas ! hurle-t-il en faisant un pas en arrière.

Je me fige et garde les mains bien en évidence.

— Ok, je ne bouge pas. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

— Rien.

— Tu pleures.

— Je ne pleure pas ! s'écrie-t-il.

— Est-ce qu'il t'a fait du mal ?

Le silence reprend sa place, brisé tout de même par les sanglots du garçon qui redoublent d'intensité.

— Est-ce que tu me laisses approcher ?

Il hoche la tête frénétiquement et se laisse glisser contre le mur jusqu'à s'asseoir mollement au sol. Je m'approche en douceur et m'accroupis face à lui.

— Il ne t'a pas aidé n'est-ce pas ?

— Je n'ai pas le droit d'en parler, sanglote-t-il.

— Pourquoi ? Il te menace ?

Il hoche à nouveau la tête et un étrange poids me comprime le cœur.

— Tu peux me raconter, je ne te ferais aucun mal.

— C'est impossible.

— Alors laisse-moi t'aider.

— Qui me dit que je peux vous faire confiance ? dit-il en plantant ses billes bleues dans les miennes.

— Rien. Mais je suis sûr que mon amie pourra te convaincre.

Mon amie ? Ces mots sont sortis tout seuls mais Ava n'a rien d'une amie. Je ne sais même pas vraiment ce que ça veut dire, mais une chose est sûre, elle ne sera jamais mon amie.