Les ombres de l'âme - Tome 1

Chapitre 53 : Dernière mission

Ava

— Andrew ! Rappelle-moi s'il te plaît, c'est urgent.

Je laisse un message sur la boîte vocale qui est le seul interlocuteur que j'ai réussi à avoir. Bien sûr, Andrew a choisi ce jour-là pour ne pas décrocher son putain de téléphone.

Je prends la direction de la MK Corp. sans même prendre la peine de me changer après mon footing. Ma peau est moite et collante, mon cœur tambourine dans ma cage thoracique, et de la sueur perle au ras de mes cheveux. Mais ce n'est pas spécialement dû à mon sport matinal, c'est plus à cause de la panique qui me gagne de minute en minute après avoir appris qu'une personne inconnue m'a observée avant de me menacer explicitement une seconde fois. Je tente de rappeler une énième fois Andrew et le maudis gaiement lorsqu'il ne décroche pas à nouveau.

— Putain !

Je frappe mon volant en hurlant de rage avant de m'engouffrer dans le parking souterrain du building. J'appuie frénétiquement sur les touches de l'ascenseur, comme si cela pouvait lui permettre de se refermer plus vite. La boîte métallique commence sa course jusqu'au 18e étage dans un silence mortuaire et d'une lenteur torturante. Lorsque les portes s'ouvrent à nouveau, je me rue vers le bureau d'Andrew, qui est aussi vide que tous les autres matins dernièrement. Je passe une main dans les cheveux et sens mon pouls pulser jusque dans mes tympans, ma tête devenant atrocement lourde. J'intercepte l'ascenseur avant qu'il ne redescende et me dirige au 16e étage. Je me mets à tambouriner la porte du bureau de Kyle et entre sans attendre de réponse. Vide.

Tu croyais quoi en arrivant à cette heure-ci ?

Je jette un coup d'œil à ma montre et me renfrogne lorsque je vois qu'il est encore trop tôt pour l'embauche. Je dégaine mon téléphone pour contacter mon ami.

Une sonnerie

Deux sonneries

Trois sonneries

« Vous êtes bien sur la messagerie... »

Je raccroche, ne supportant plus cette putain de voix robotique qui me fout les nerfs en boule et fait naître des larmes chaudes à l'orée de mes cils. Mes bras retombent mollement contre mes cuisses, et je me mords les lèvres anxieusement en cherchant une solution. Si Andrew n'est pas là, il y a de fortes chances qu'il soit encore chez lui à cette heure-ci. Ainsi, je prends la décision de me rendre jusqu'à sa villa.

Le portail sombre s'ouvre presque immédiatement sur mon passage et une pensée incongrue me vient brusquement.

Comment fait-il pour me reconnaître ?

S'ouvre-t-il comme ça dès que quelqu'un passe devant ?

Vu la tonne de sécurité qu'a placée Andrew à l'intérieur, ça m'étonnerait qu'il laisse n'importe qui entrer...

Pourquoi tu penses à ça putain ?!

Je secoue la tête pour m'extirper de ces pensées inutiles, je penserais à tout cela plus tard. Je suis dans un état de panique telle que j'ai l'impression de perdre la boule.

Je frappe plusieurs fois contre le bois de la porte d'entrée et sonne à maintes reprises en hurlant.

— Andrew ! T'es là ?! Isaac ?! C'est Ava !

Aucune réponse.

La porte est verrouillée.

À présent, seuls les bruits de la faune sauvage qui m'entoure résonnent à travers les arbres. Une vague de chair de poule me parcourt, et je sens mon sang-froid s'évaporer petit à petit.