Chapitre 16 : Souvenirs douloureux

65 5 2
                                    

Ava

- Patron... fait-on... la fille...

- Je... occupe

- ... Elle... vu...

- J'ai... JE... OCCUPE !

Des bribes de conversation houleuse me font émerger. Les yeux clos et la gorge sèche, j'ai du mal à reprendre le contrôle de mon corps.

Où suis-je ?

Qui est là ?

Peu à peu, mes paupières s'ouvrent malgré l'envie de me laisser à nouveau tomber dans les bras de Morphée.

Je suis allongée sur un lit dans le noir total. Lorsque mes pupilles s'adaptent à la faible luminosité, je reconnais la chambre que j'occupe dans cette villa de luxe.

Mon cerveau embué essaie tant bien que mal de recoller les morceaux des évènements passés.

Andrew. Effraction. Un homme. Mort. Mort. Mort.

Une douleur palpitante à l'estomac me fait grimacer, la bile me monte dans la gorge et je dois reprendre mon souffle pour ne pas me vomir dessus. Ma gorge se noue et des sanglots me secouent violemment les épaules.

Tous les souvenirs me reviennent en pleine face et les prémices d'une crise de panique font palpiter mon cœur rondement.

J'essaie de me redresser, mais une atroce douleur à l'arrière du crâne me fait pousser un faible geignement rauque. Je mets aussitôt mes mains tremblantes contre ma bouche et me tais en priant intérieurement que personne ne m'ait entendue.

Je reste plusieurs secondes interminables, allongée silencieusement, à écouter les bruits environnants.

- Elle est réveillée ?

- Non.

- Je pourrais peut-être l'aider un peu ?

- Putain ! Dégage de là et va chercher Noah !

La porte d'entrée claque dans un fracas sourd et des bruits de pas tonnent en direction de ma chambre.

J'essuie nerveusement mes larmes puis ferme les yeux dans l'espoir qu'on ne soupçonne pas mon réveil.

Le cœur battant et la respiration erratique, j'ai du mal à garder mon sang-froid lorsque j'entends la porte s'ouvrir délicatement.

L'adrénaline pulse dans mes veines, empêchant mon corps de trembler comme une feuille. Je force ma respiration à reprendre un rythme normal, presque imperceptible.

Des bruits de pas lourds s'approchent de mon lit et je sens le côté s'affaisser, indiquant qu'une personne vient de s'asseoir sur le bord.

Une odeur familière emplit mes narines et je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour le reconnaître.

Andrew.

Il reste assis silencieusement pendant plusieurs minutes puis je sens un effleurement me caresser délicatement le visage, repoussant une mèche de mes cheveux.

La tendresse de son geste me fait perdre mes moyens, des gouttes de sueur se forment à la base de ma nuque et mes poils s'hérissent.

J'ai envie d'hurler, de me débattre, mais je ne fais pas le poids face à cette montagne de muscles, je sais de quoi il est capable à présent.

Ai-je rêvé son geste ?

Oui, mon esprit étourdi doit certainement me jouer des tours.

Les ombres de l'âme - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant