Chapitre 54 : À qui la faute ?

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Ava

De la fumée.

Des cris.

Une odeur atroce.

Une douleur fulgurante.

Des tirs, beaucoup de tirs.

Des balles qui fusent et des douilles qui s'échouent au sol...

Mes oreilles sifflent, ma vue est brouillée par un voile blanc. Je gis sur le sol froid et poussiéreux, le dos écorché et douloureux. Le goût métallique du sang emplit ma bouche, et chaque tentative pour me redresser déclenche une nouvelle vague de douleur lancinante qui semble provenir de toutes les parties de mon corps meurtri. Des tirs de fusils d'assaut résonnent dans l'enceinte de l'entrepôt, et mon cœur se remet à battre frénétiquement face au danger. Le moindre mouvement me fait grincer des dents, chacun de me membres est parcouru de picotements.

Une épaisse fumée s'échappe de l'entrepôt duquel je viens d'être éjectée par une explosion puissante, obscurcissant ma vue déjà difficile à recentrer. Je tente de cligner des yeux plusieurs fois, mais tout ce que je parviens à voir, ce sont des points noirs qui dansent et troublent ma vision. Une douleur palpitante me pénètre de toutes parts, mes membres sont difficiles à bouger sans ressentir des pulsations me paralyser. J'essaie de me redresser, mais un gémissement rauque s'échappe involontairement de ma gorge tandis que la douleur ressentie est difficile à occulter.

Un bruit sourd métallique me glace l'échine, l'entrepôt semble se plaindre des dégâts qu'il a subis. C'est dangereux de rester là, j'en suis consciente, mais j'ai si mal que j'ai l'impression que jamais je ne parviendrai à me redresser.

Le vacarme assourdissant des tirs de fusils d'assaut résonne dans l'air étouffant, créant une symphonie macabre qui fait écho à ma détresse. Les tirs persistent lourdement, crépitant comme une pluie de métal mortel, et se mélangeant aux hurlements des hommes encore à l'intérieur.

— Ava !

J'entends une voix plaintive crier mon nom.

Est-ce qu'elle crie vraiment ?

Elle me paraît si proche et à la fois si éloignée. Mon prénom est prononcé plusieurs fois, ce qui me procure suffisamment de force pour me redresser afin de capter l'origine du son. Le sol semble vouloir m'emporter, me faire flancher, mais je me concentre sur cette voix, sur cette personne qui semble souffrir et réclamer mon aide. Je m'efforce de rester concentrée, mes membres engourdis protestant sans cesse contre le moindre de mes mouvements. Chaque geste est un défi, mais la survie me guide à travers la douleur.

L'adrénaline s'empare à nouveau de moi lorsque je vois Ryan un peu plus loin, assis contre le mur extérieur de l'entrepôt, le visage blême et les yeux fermés. Mon corps passe en mode automatique et je me traîne jusqu'à lui en restant à quatre pattes.

— Ryan, que... Que s'est-il passé ?

Ma voix est faible, les seuls bruits qui résonnent clairement dans ma tête sont les nombreux coups de feu qui tonnent encore et les cris des hommes qui semblent s'étriper à l'intérieur.

— Il y avait une bombe. Putain. Cet enfoiré, beugle Ryan en serrant les dents.

Je suis complètement sonnée. Mes oreilles bourdonnent et j'ai l'impression de trembler frénétiquement, pourtant, un coup d'œil sur mon corps me prouve qu'aucun de mes membres ne bouge, ils sont presque paralysés par mes muscles tendus. Mes yeux se posent sur la main de Ryan qui tient fermement son abdomen d'où s'écoule un flot d'hémoglobine vif.

Les ombres de l'âme - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant