Chapitre 52 : De courte durée

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Ava

La semaine commence magnifiquement bien avec une belle journée en perspective. Un grand soleil printanier illumine la ville tandis que le ciel est légèrement voilé par des nuages blancs. L'air est empreint d'une brise fraîche et vivifiante, portant le doux parfum des fleurs en éclosion. Les rues de la ville s'animent dans une atmosphère paisible et vibrante à la fois. Je profite d'un grand bol d'air frais matinal pour aller courir au parc et me préparer à la journée à venir. Le paysage verdoyant et coloré du début du printemps me met en joie. La fraîcheur matinale me gonfle à bloc tandis que mes muscles s'échauffent au rythme de mes mouvements réguliers. J'ai lancé une playlist qui se diffuse délicatement au creux de mes oreilles et je profite pleinement de l'aube pour admirer les jolies couleurs dans le ciel, dignes d'une splendide toile. Je sillonne les allées d'arbustes et de parterres de fleurs sans l'ombre d'une âme à l'horizon. J'apprécie sortir à cette heure-ci pour ne pas être dérangée dans ma course et profiter au maximum de l'environnement chatoyant. Une fine brume flotte dans l'air frais et la rosée matinale a recouvert chaque plante de ce lieu fabuleux.

Je cours plusieurs dizaines de minutes dans un but bien précis. J'ai pour habitude de me rendre régulièrement au cimetière de Lakeview où reposent mes parents depuis maintenant plus de trois ans. Je m'arrête quelques minutes pour leur parler de ma vie comme s'ils pouvaient m'entendre, ou je dépose des fleurs sur leur tombe, généralement des roses blanches qui ont une grande signification pour moi. En plus d'être les fleurs préférées de ma mère, elles sont le symbole de l'amour pur et sincère, de la pureté et de la bonté. Ce sont des fleurs parfaites pour ornementer leur lieu de repos. Je n'ai pas de fleurs à porter aujourd'hui, alors je m'assois seulement en tailleur dans l'herbe fraîche et humide et reste quelques minutes, silencieuse, avant d'entamer mon monologue pathétique :Haut du formulaire

Salut, maman et papa. Je sais que je commence toujours comme ça, mais vous me manquez. J'espère que vous n'êtes pas trop déçus de ce que je suis devenue...

Je laisse s'échapper un soupir qui se matérialise en fine brume blanche et laisse un court laps de silence avant de reprendre :

— Ça fait quelque temps que je ne suis pas venue vous voir, je m'en excuse. J'ai, disons, été assez occupée ces dernières semaines. Mon nouveau boulot, ou plutôt, mes deux nouveaux boulots nous permettent de vivre plus que convenablement. Je crois que j'arrive à bien prendre soin de Tess, je fais de mon mieux en tout cas. Je ne sais pas si elle vient vous voir, mais elle est devenue une jeune femme incroyable, dis-je en souriant en pensant à ma petite sœur.

J'entends des voix faibles au loin, mais mon regard est rivé sur les deux tombes en granit.

— J'ai rencontré un tas de gens formidables. J'aurais tellement aimé vous présenter Emmy et Kyle, ils sont devenus importants pour moi et je suis sûre que vous les aurez aimés. Il y a aussi Andrew, mais lui, c'est un peu moins sûr, surtout toi, papa, gloussé-je. Je ne sais pas où tout cela va mener, mais je crois que je l'aime... bien. Il peut être froid et distant, mais il a un grand cœur. C'est une bonne personne au fond, même si j'ai moi-même dit le contraire à plusieurs reprises.

J'essuie quelques larmes qui ont déjà dévalé mes joues avant de continuer :

— Pour être honnête, j'ai peur. Oui, j'ai horriblement peur de les perdre. Je m'étais promis de ne plus m'attacher, de ne plus ressentir quoi que ce soit pour qui que ce soit, mais je dois me rendre à l'évidence, c'est impossible. J'avais besoin de ça, j'avais besoin d'eux.

Je demeure assise, laissant ma peine s'échapper en gouttes salées qui s'échouent sur ma peau moite. Une brise fraîche fait voltiger ma queue de cheval et m'hérisse les poils, me forçant à me frictionner les bras machinalement.

Les ombres de l'âme - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant