Chapitre 20

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Malosane se réveilla dans un fourgon et se rendormit aussitôt sans plus y attacher d'importance. Ses yeux se rouvrirent alors qu'il était dans un hélicoptère, il se demanda pourquoi et surtout comment. Pourquoi partaient-ils? Ah, oui, la sphère se dit-il. Il se souvint. Comment? Il lui fallut plusieurs minutes pour se remettre les idées en place.

En bon soldat, Félix comprit qu'une bonne dose d'un produit miracle courait dans ses veines, le calmant, l'enfermant dans le carcan qu'était son corps. Comment? Comment avaient-ils pu partir alors que tous étaient morts? Il revit les corps s'arracher du sol, s'envoler pour s'écraser contre l'astre noir. Il se souvint voir Maïa et une dizaine d'autres soldats, hommes et femmes, avec lui. Tous aussi terrorisés qu'il l'était. Cette peur, atténuée par les tranquillisants, Félix savait qu'elle reviendrait à la charge, qu'elle ne le laisserait jamais seul.

Une pensée se forma. C'était le souvenir de Maïa dans ses bras, le souvenir de la voir s'arracher à lui, disparaître. Malosane tenta de se relever, la chercha du regard. Avait-elle succombé à cette horreur? Était-il seul maintenant?

Une main se plaqua sur sa poitrine, le força à rester allongé. Il s'agita mais n'eut pas la force suffisante pour se redresser. Il retomba au fond de la banquette, vaincu.

Du coin de l'œil, il aperçut Maïa. Un respirateur faisait circuler de l'air dans ses poumons. Elle était inconsciente.

Félix se souvint. Ce n'était pas la sphère qui avait failli tuer son amie, c'était lui.

*

Dans la lueur de la fin d'après-midi, Léon ôta enfin les dossiers de Setekis de sa vue. Il avait tout lu, tout relu. Une fois, puis deux, puis trois. Son associé et assistant, dont le nom échappait encore à Léon, avait effectué un premier tri et ne lui en avait fait parvenir que les dossiers et feuillets concernant les disparus du même type que ceux sur lesquels lui-même enquêtait.

Setekis était soit un bon détective, soit son assistant était un plus fin limier que ce qu'il laissait paraître. Léon se demanda vaguement si l'avoir avec lui dans son investigation serait un choix avisé. Le détective comprenait qu'il était dans un sale état même si l'ampleur de la folie qui se poussait à sa porte dépassait son entendement.

Malheureusement, Léon n'apprit que peu de de choses sur les victimes de disparition. Pire encore, il semblait que la liste de Don ne soit pas complète. D'autres noms, d'autres profils s'ajoutèrent à une série de disparus de plus en plus longue.
Quelque chose surprit Léon. Une impression tenace le tenailla sans qu'il sache exactement de quoi il s'agissait. Une information capitale se cachait au grand jour dans les pages de ces dossiers, mais quoi?

Léon détacha son regard du plan de travail, évita soigneusement le dossier de Suzie Meyers qui trônait dans un coin du bureau et qui le fixait avec le même air désolé et affamé qu'auparavant.

La même impression étrange revint à la charge, mais cette fois, c'était l'enfant qui paraissait porter la clef du mystère. Léon se dit qu'elle portait la clef de tous les mystères. Cette enfant aurait pu être la boîte de Pandore, le réceptacle de tout ce que le monde gardait de pire.

Il rassembla ce qu'il lui restait de courage et de force et concentra son attention sur la photo de la petite Meyers... la petite Meyers? Pourquoi avait-elle l'air d'une adolescente alors?

*

On leur avait rendu leurs téléphones portables au bout de deux jours. La montagne d'attestations qu'on leur avait fait signer en arrivant comptait une liste de personnes à prevenir et Alexia, la soeur de Sara avaient inondé son répondeur de cris de désespoir. L'armée lui avait volé sa soeur au beau milieu d'un repas et elle dut attendre quarante huit heures avant de savoir pourquoi.

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