Chapitre 10

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Sara perdit la notion du temps alors que ses yeux vagabondaient avec frayeur d'un bout à l'autre de la sphère. Le champ de ruines qui s'étendait autour ne lui apparut que plus tard, tout ce qu'elle pouvait voir était l'immensité, la splendeur d'un astre, comme une couleur sombre, tombé du ciel.

-Est-ce... Est-ce un trou noir ?
-Non, professeur Landouse. Du moins, nous ne le pensons pas. La sphère semble agir de manière similaire pourtant.
-Qu'est-ce que c'est donc ? D'où sont prises ces vidéos ? Où est-ce ?

L'homme qui l'avait réprimandée quelques minutes plus tôt intervint : « Professeur Landouse, ce que vous avez devant vous et que le professeur Sémille vient de surnommer la sphère est un objet non-identifié apparu hier matin entre onze heures dix-sept et onze heures dix-neuf près ou dans le village de Koënigsmacker en Alsace.

Le champ de ruines, le ciel gris et détruit autour de la sphère lui apparut enfin, se révéla et révéla sa véritable horreur.

-Le village... ?
-... a été détruit dans son intégralité d'après ce que nous en savons. Les pertes s'élèvent à environ quatre mille personnes dont six cents de nos forces armées qui sont intervenues sur place. L'homme en noir regarda sa montre, calcula rapidement et ajouta : « La sphère est apparue depuis moins de seize heures. Nous avons, conjointement avec l'ensemble des forces gouvernementales françaises, réussi à éviter à ce que la nouvelle se propage. Nous estimons cependant que d'ici une heure au mieux la nouvelle se soit ébruitée et que la panique se propage dans toute l'Europe.


*

La voiture démarra, les phares s'allumèrent et le pied au plancher, il lui fit traverser les sentiers comme s'il avait la mort aux trousses.

Léon s'échappa rapidement de la forêt, aperçut du coin de l'œil les balises les plus à l'extérieur de son périmètre de recherche. Il jeta un regard dans le rétroviseur, chercha leurs lueurs éphémères pour se réconforter et les vit disparaître une à une, emportées par les ténèbres.

Il accéléra plus encore et sa voiture cracha, acceptant avec peine le sur-régime. Léon atteint la bordure de la ville et grilla les feux rouges sur son chemin, coupa la priorité aux quelques rares automobilistes qui étaient encore sur la route à cette heure tardive. Il jeta un œil à sa montre : il était quatre heures du matin.

Léon se gara en hâte dès qu'il croisa une place et parcourut le reste du chemin jusqu'au bureau de Don en courant. Le signe « A & D » en néon rouge fluo lui apparut comme un phare en pleine nuit, comme un guide. Il s'arrêta une minute, perplexe, quand une pensée fugitive lui traversa l'esprit. Il ne sut quoi, il ne sut pourquoi. Pourquoi un phare ?

« Léon. »
Léon se retourna. Derrière lui, la rue était vide. Derrière lui, la rue n'était plus. Comme un gouffre gigantesque à ses pieds, Léon dut reculer de peur de tomber. Un vertige soudain le saisit et il tomba à genoux au bord du précipice, le visage penché vers l'abysse.

Les profondeurs insondables de ce gouffre l'appelèrent et Léon dut se ressaisir car il se surprit à tendre le bras vers le fond, vers ce qui l'appelaient.

Un visage, dans son dos, collé à sa nuque, prononça son prénom : « Léon. »


*

« En rang ! Deux par deux, on y va ! Go ! Go ! Go ! »

Félix courrait aux côtés des membres de son unité, la peur au ventre. On ne leur avait rien dit sur leur ennemi. On leur avait seulement dit d'y aller, de s'en débarrasser, de sauver autant de civil que possible et de repartir en un éclair.

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