Chapitre 15

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Les idées confuses et le mal de tête sourd qui dominaient l'esprit de Léon se dissipèrent presque tous en lisant le mot laissé par la réception de l'hôtel :

« Un appel pour l'inspecteur Zebonzes Léon de la part du Musée d'histoire Esmerald Lera. Des informations relatives à vos demandes ont vues le jour. Vous pouvez vous y rendre dès que vous le souhaitez. »

Un numéro de téléphone -celui de l'accueil du musée- ainsi que le nom du curateur figuraient en bas du message. Léon rangea ça dans son sac à dos et s'habilla en vitesse, ne jetant pas un regard aux blessures et aux bandages qui couvraient son corps meurtri. Les idées noires et tumultueuses de la veille s'étaient estompées et il espérait de tout son corps que son objectif le garderait aussi sain d'esprit.

Le curateur le reçut rapidement une fois que Léon se fut annoncé. Il le guida vers son bureau, ferma la porte d'un air relativement tranquille.

-Monsieur le détective, après avoir parcouru nos dossiers et l'ensemble des appels qui ont été passés depuis ou vers chez nous, nous avons retrouvé une suite d'appels provenant d'une même personne en Suisse. Ces appels datent de plus d'une dizaine d'années, mais je pense qu'ils vont vous intéresser.

-Je vous en prie, éclairez-moi.
-Un homme nous a contacté à cette époque en nous demandant des informations sur un collier dont la description corresponds à celle que vous nous avez faite. Les appels se faisaient rares à l'époque et cet homme nous a indiqué qu'il avait appelé d'autres musées de la région. Il est devenu insistant au bout de quelques mois et comme nous ne trouvions rien dans nos archives, il nous a envoyé par voie postale la lettre que voici. Celle-ci contient, comme vous le verrez, une photographie du dit collier.
-C'est le même ! Léon s'étrangla, sentit sa gorge se serrer, comme si le collier réagissait à cette vue. Il s'en saisit vivement. Une douleur subite le surprit et il dut serrer les dents et raidir les muscles de son dos pour ne pas courber l'échine tant l'ornement lui pesait, l'entraînait vers le fond.
-Vous allez bien, détective ?
-Oui, ne vous inquiétez pas. Juste une nuit difficile. Le regard pétillant du curateur, curieux de voir une correspondance épistolaire du passé ressurgir dans un mystère auquel il était étranger se tintait d'inquiétude pour le jeune homme qui s'était tordu dans un spasme effrayant.

Léon tourna et retourna la photographie. Le document ne portait ni nom, ni adresse. Il reprit : « Comment s'appelle cet homme ? »

-Alberto Casadei. C'est le nom qu'il a donné en appelant la première fois. Et voici l'adresse d'expédition.

Le poing de Léon, caché aux yeux de son interlocuteur, se serra sous l'effet de l'excitation. Ses phalanges blanchirent.

-Merci, dit Léon. Merci.

L'image du phare lui revint, obscurcit sa vue et traça une voie lumineuse dans son esprit. La forme se distendait.


*

De retour dans leurs quartiers, Johan jeta son baluchon sur son lit. Les larmes qu'il avait réprimé toute la journée s'échappèrent et se déversèrent le long de ses joues. Il resta debout, les pieds sur le tapis qui bordait son lit, et seul même en plein groupe, il attendit que ses pleurs cessent. Il lui sembla qu'une nuit et un jour passèrent

Johan sentit peser sur ses épaules, dans son dos, le regard des sentinelles qui partageaient leurs dortoirs. Il s'attendait à ce que tout d'un coup, on se moque de lui, qu'on le repousse, qu'on l'ostracise.

Un groupe se forma autour de lui, autour de son lit, l'entoura. On posa une main sur son épaule, puis une autre et encore une autre. Quelqu'un le serra dans ses bras et des mots d'encouragement lui parvinrent, se frayèrent un chemin jusqu'à ses oreilles, jusqu'à son cerveau et le courage lui revint.

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