Chapitre 25

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Léon ne se posa qu'un instant la question de son identité. Une image du dossier des disparus, du gardien du phare, Cécile Filistelli se superposa à celle du cadavre. Conservé comme par magie, fuit par les rats et par les insectes, le détective observa un moment de silence. Un homme mort, même en cet endroit était l'une des choses les plus normales qu'il ait rencontré en plusieurs semaines.

De l'autre côté de la pièce, il tendit la main vers le corps et se retrouva aussitôt à son contact. Ses doigts frôlèrent le cœur mort de Filistelli, ses artères courant encore jusque sous ses côtes. Il n'avait pas été arraché, simplement sorti, présenté au monde. Au monde, pensa Léon. Ou à quoi que ce soit d'autre qui puisse en jouir, s'en repaître.

Il s'écarta du cadavre, tourna autour de lui. Se concentrant sur sa respiration, Léon se déplaçait lentement dans l'étage, chercha des yeux la porte, l'accès qui le mènerait au sommet du phare. Il voulait voir la lumière, ce qu'elle cachait, ce qu'elle révélait.

« A la lumière du phare. »

Mais Léon ne trouva aucune porte, aucun accès. Cette pièce était en huis-clos. Le mort au centre sembla lui sourire. Tout détective qu'il était, toute horreur qu'il rencontrait, ce phare n'avait plus d'issue, ni même un escalier. Par où était-il arrivé alors ?

Ses yeux se posèrent vers l'en-haut, là où le sol devait se trouver. Il n'y découvrit rien d'autre que du parquet. Les murs ? Les murs n'étaient qu'une succession de tableaux. Les peintures défilaient tels de petits films de quelques images, tournant en boucle, en silence. Léon se sentit défaillir. Il avait chaud et il cliquait avec frénésie sur le bouton de sa lampe torche. Il espérait, il priait, pour qu'un peu de lumière le sorte de l'enfer, de la nuit. Rien de cela ne vint.

Dans son dos, le mort rit de nouveau.

Léon se retourna et trouva un siège vide, inoccupé. De nouveau, un bruit dans son dos attira son attention. Celui d'un liquide visqueux et collant qui s'écrase contre un mur. Il pensa tout d'abord à une botte qui piétine la boue. La trace ensanglantée d'une main tâchait le mur derrière lui. Ce même bruit revint une deuxième fois et Léon repéra vite la seconde marque plus loin sur sa droite. Encore, encore et encore le sang s'imprima autour de lui, l'assiégeant derrière des murs de fer et de mort.

Une fois les murs entièrement recouverts, un des tableaux tomba sur le sol. Il n'entendit que la ficelle rompre sous le poids de l'œuvre. Alors qu'il s'en approchait, tous sens en alerte, un autre tableau subit le même sort. La ficelle craqua, la peinture chuta, n'atteignit jamais le sol. Derrière ces deux tableaux se trouvaient des hublots. Derrière ces hublots se trouvaient des bouches, des yeux, des formes et des phrases. Même les mots fixaient Léon et à mesure que d'autres tableaux disparaissaient dans le sang, le poids de ces regards s'accumulait sur ses épaules, dans sa nuque, et le terrifiait.

Léon se retourna et trouva un siège vide, inoccupé. De nouveau, un bruit dans son dos attira son attention. Celui d'un liquide visqueux et collant qui s'écrase contre un mur. Il pensa tout d'abord à une botte qui piétine la boue. La trace ensanglantée d'une main tâchait le mur derrière lui. Ce même bruit revint une deuxième fois et Léon repéra vite la seconde marque plus loin sur sa droite. Encore, encore et encore le sang s'imprima autour de lui, l'assiégeant derrière des murs de fer et de mort.

Une fois les murs entièrement recouverts, un des tableaux tomba sur le sol. Il n'entendit que la ficelle rompre sous le poids de l'œuvre. Alors qu'il s'en approchait, tous sens en alerte, un autre tableau subit le même sort. La ficelle craqua, la peinture chuta, n'atteignit jamais le sol. Derrière ces deux tableaux se trouvaient des hublots. Derrière ces hublots se trouvaient des bouches, des yeux, des formes et des phrases. Même les mots fixaient Léon et à mesure que d'autres tableaux disparaissaient dans le sang, le poids de ces regards s'accumulait sur ses épaules, dans sa nuque, et le terrifiait.

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