Chapitre 3

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-Zebonzes? C'est Don. Oui... Oui, ça fait longtemps, je sais. J'espère que tu vas bien mon p'tit. La police te réussis? Tu dois te sentier bien avec un vrai uniforme sur le dos. Je suis sûr que ça te va nickel.

Don marqua une pause, parler à un répondeur ne lui plaisait pas. Il n'en avait pas l'habitude, lui qui était toujours si direct. Il reprit avec difficulté, déglutissant: "Je sais que tu as dit m'en devoir une belle, mais j'veux pas t'obliger ou qu'tu t'sentes forcé, ok? C'est moi qui vais t'en devoir une belle à ce compte là. Je m'en veux de te demander ça, ton père me tuerait...

Une autre pause. Celle-ci dura une éternité.

-J'ai besoin d'un coup de main, Zebonzes. J'ai besoin que tu me files un sacré coup de main. Si t'as écouté jusque-là, passe me voir cette semaine. Tu sais où je planque les doubles si je suis sorti. Merci mon garçon, merci.

*

La porte n'était même pas fermée à clef. La poignée à moitié tournée fit crisser la porte que je la poussais vers l'intérieur. Vraiment ancré dans le style de la belle époque, le cabinet de détective privé « A & D » accueillit Léon. Sortant tout juste du train, sa nuque et ses épaules le tiraillaient, il avait faim et soif.

Léon fouilla du regard la pièce, accueilli par un vide des plus désolants. Le manque d'aération de la pièce principale du bureau et les dossiers en désordre lui rappelèrent le bon vieux temps. Il se demanda combien d'années étaient-elles passées depuis qu'il n'avait pas rendu visite à ce vieil énergumène. A l'époque, il avait encore des cheveux blonds sous son chapeau, aujourd'hui ils étaient certainement tous blancs. En avançant avec prudence dans les locaux, marchant adroitement entre les photos et les tasses de cafés froid qui traînaient partout, Léon se dirigea vers la salle de repos, ou comme on la surnommait depuis le départ d'Albert « la chambre à coucher ».

Un lit dépliable se tenait dans le coin prêt de la fenêtre, un cendrier puant juste à côté. L'odeur révulsa Léon tout en lui donnant envie de fumer. Il tâta sa poche sans rien trouver, ce qui le rassura. Il en faut peu pour retomber là dedans, pensa-t-il en grimaçant.

*

Les routes de campagne se succédaient, offrant la monotonie de forêts de poche et d'un ciel aussi bleu qu'en Belgique.

-Luc, c'est la prochaine à droite, serre-toi sur cette voie !

-T'es surexcité ma parole. C'est fou, on croirait voir un gamin.

-Eh ben écoute, si tu veux tout savoir, je suis bien heureux qu'on ait eu ce marché-là.

-On en a déjà discuté, Luc. On n'a pas le choix. C'est bien beau d'être reporters libres sur les réseaux sociaux pour le bien des petites collectivités mais on savait qu'on seraient pas payés des montagnes pour ça. Je suis même surpris qu'on soient payés tout court.

Songeur, il regardait le panneau d'entrée du village de Kœnigsmacker. Ils avaient pourtant bien réussi à se faire connaître quand ils s'étaient occupés de faire la pub des festivités de leur village natale. Pourquoi doutait-il de leur équipe et de leur travail ? C'était un boulot comme un autre et un boulot qu'il aimait faire. Comment se plaindre ?

Quand ils auraient fini avec ce job, ils essaieraient de se faire engager pour la couverture de la réhabilitation de toutes ces églises qui avaient brûlé.

*

Adama Questo, rapport d'enquête sur la disparition de Zommer Gesicht (Suisse Allemande) :

Demande originant de la fille de la victime (Zommer Gesicht) : Annabelle Zommer.

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