Chapitre 11

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Léon se retourna et scruta de nouveau les ombres autour de la porte d'entrée. Le silence régnait dans le cabinet du détective, plus un bruit ne trahit l'arrivée d'un visiteur. Après ce que venait de vivre Léon cette nuit, il ne put croire à vraiment trouver quelqu'un de l'autre côté de sa porte.

Léon fit un pas en avant, le plancher grinça sous son poids. Il lui sembla tanguer, il entendit le bruit de la mer, le clapotis des vagues. Hypnotisé, il fit un autre pas vers la porte. La lumière dans le couloir ne laissait deviner aucune forme au-dehors. Quelqu'un aurait toqué et serait reparti ?

L'image du phare lui revint, il y voyait plus clair à présent. Plus clair, mais aussi plus sombre. Les nuances de couleur se mélangeaient, se fondaient l'une dans l'autre, créant des dégradés de plus en plus déliquescents. Léon distingua les flots, comprit les vagues. Il observa l'écume au sommet de chaque vague, il sentit leurs odeurs, celles de la mer et de l'océan, l'odeur de ce qui y vit en dedans. Il fit un nouveau pas, au seuil de son bureau et pénétra le hall d'entrée. Devant lui, la porte fermée.

Était-elle verrouillée ? L'avait-il verrouillée ?

« Entrez », essaya-t-il. Mais ce mot resta bloqué. Il ne faisait pas de sens, il n'en faisait plus.

Léon tangua encore, fit un pas de plus, maladroit. Il ne voit toujours personne derrière la vitre.

L'image se fait plus distincte : ce qu'il avait pris pour un phare n'en était pas un. Il n'aurait su définir de quoi il s'agissait, mais sur le fond ou la forme, rien n'y faisait. Léon comprit : d'habitude les phares guident les gens loin d'eux, pas vers eux.

Un bruit derrière Léon lui fit réaliser son erreur. La porte n'était pas verrouillée et on pouvait toquer des deux côtés d'une porte.


*

Mais qu'est-ce que je fous là, moi ?
-Professeur Landouse ?
-Oui, répondit-elle, la voix perdue dans le vide, le regard toujours porté sur l'écran. Comment quelque chose de si petit pouvait-il faire autant de dégâts. Sara essaya de se pincer le bras, de se dire qu'elle rêvait simplement. La douleur la rattrapa vite, et avec elle la réalisation que ce qu'elle voyait, c'était bien la mort d'un village, sa dessiccation par une entité inouïe et inconnue. Oui ?
-Professeur Landouse, si vous êtes ici, c'est pour nous aider, précisa le professeur Sémille.

-Mais qu'est-ce que vous voulez que je fasse pour vous aider ? Un trou noir est apparu en Moselle et vous voulez que je fasse quoi, moi ?

-Que vous nous aidiez, professeur. Vous êtes dans l'un des centres destinés à l'étude du code-objet-1, alias « la Sphère » et au besoin de la contenir, de nous protéger.
-Qu'est-ce que vous voulez que je fasse, je suis chercheuse en matériaux bio-responsables pour la fabrication de béton en zone industrielle. Je fais pas des composites résistants aux trous noirs, moi.

L'homme en noir s'interposa de nouveau : « Professeur Landouse, les quelques vidéos que nous avons du code-objet-1 montrent qu'elle n'absorbe pas tout de façon indistincte. »
-Vous voulez dire que certains matériaux résistent à la gravité ? C'est du n'importe quoi, je rêve !
-Non, professeur, je veux dire que la sphère refuse d'aspirer tous les matériaux. Il siffla un groupe de militaires à quelques mètres de lui. Lieutenant, zoomez sur la zone 4-24 s'il vous plaît.
-Oui, monsieur.

Le monsieur fit réagir Sara. Ce n'était pas un militaire ? Il n'en avait pas l'uniforme, seulement l'autorité.

Le sous-officier régla l'un des moniteurs sur la zone 4-24. Il s'agissait des abords de la sphère et le sol semblait s'être dérobé à son contact, creusé comme si elle avait compacté la terre à quelques mètres autour d'elle.

La SphèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant