Chapitre 12

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« Qu'est-ce que tu me racontes, pauvre idiot ? », Andy était vert de rage dans sa combinaison. Le bruit de son respirateur était fort et la force dans sa voix fit fléchir Johan. « Qu'est-ce que tu baves, sombre tâche ? T'es incapable de lire correctement le braille quand il s'agit de rentrer dans le labyrinthe, mais quand c'est pour en sortir, tu nous inventes des p'tites chansons ? Les murs te parlent Moëne ? Hein, c'est ça ? »

Johan était terrifié. Son supérieur s'était collé à lui, leurs combinaisons se touchaient et toute leur unité les fixait du regard. Un mélange de pitié et de dégoût se lisait dans leurs yeux.

-Je perds mon temps avec des idiots comme toi, et tu sais ce que c'est le pire, Moëne ? C'est qu'à part si tu deviens maboule, j'ai aucun moyen facile de te jeter hors de mon unité. Alors continue ton cirque, mon gars, pour que j'ai tout ce qu'il me faut de mon côté pour t'envoyer bouler chez les fous !

Ils n'avaient jamais vu Andy comme ça. Leur sergent était certes un ancien commando qui avait, comme tout le monde, intégré les sentinelles dès l'apparition de la sphère, ils le connaissaient bougon, râleur, dur, mais pas comme ça.

Tomas s'interposa entre lui et Johan: « Sergent, avec tout le respect que je vous dois, ça suffit. »

Andy se recula, ses yeux allèrent de l'un à l'autre des membres de son unité, hagard, confus.

-Désolé, J. J'ai été trop dur. Je sais que t'as un soucis avec le braille, mais si t'es là, c'est que les grosses têtes t'en jugent capable. J'aurais pas dû m'emporter comme ça. Les enfants, on décolle, Alma, tu nous guides comme à l'aller. Je vous paie un verre en rentrant.

Tomas se retourna vers son ami : « J ? Ça va ? »

Johan était blême, comme s'il avait vu un fantôme. Il n'avait rien entendu de ce que lui avait dit son sergent. Les voix qui criaient dans le labyrinthe continuaient à lui dire d'en sortir. Et vite.


*

« C'est une sacrée blessure que vous avez là, inspecteur. »

L'infirmière qui lui pansait le flanc était surprise de voir Léon si calme alors qu'il était arrivé en sang au milieu de la nuit. Le docteur ne l'avait pas anesthésié, il avait spécifiquement demandé à garder les esprits clairs.

-Si vous le dites, madame. Si vous le dites.

Elle allait lui poser une autre question, histoire de faire un brin de conversation mais quelque chose dans le regard de Léon l'en dissuada. Il semblait si mal. Léon s'en aperçut : « Excusez-moi, madame, je ne suis pas vraiment dans mon assiette. Je dois aller voir le Dr. Herliet à la morgue, vous savez si elle est de retour de ses congés ? »

-Navrée, mais je ne sais pas, comme la morgue et l'hôpital sont dans des bâtiments différents, je n'ai que très peu l'occasion de croiser leur personnel. Je peux me renseigner, si vous voulez.
-D'accord, oui, merci, je veux bien. Merci, euh...
-Anna, précisa-t-elle quand elle comprit que Léon cherchait son prénom. Elle portait sur sa blouse un badge, mais Léon n'arrivait pas à le lire.

Anna, pensa-t-il. Pourquoi faut-il toujours que ce soit une Anna ? Rien ne le laissait jamais oublier son amour passé. Léon se souvint des boucles blondes de sa petite amie, de son sourire et de ses yeux marrons. De la cicatrice sous sa paupière gauche, du grain de beauté qui s'y trouvait avant.

Une voix le tira de son souvenir : « Inspecteur, excusez-moi de vous déranger. »


-Oui ?
-La demande que vous avez formulé en attendant de vous faire soigner a été traitée.
-Ah, bien, merci. Léon se leva, tendit la main vers le papier que le secrétaire lui tendait. Il se figea. Excusez-moi, je ne comprends pas. Où est le corps de Don Paolo Periap ?
-Il semblerait qu'une demande de crémation ait été formulée par le Dr. Herliet il y a trois jours, inspecteur. Le corps aura été incinérée dans la journée qui a suivi. Les cendres sont disponibles au cimetière Sainte-Cécile. Je suis navré.
-Quoi ?! Léon s'emporta. Mais qu'est-ce que vous me racontez ? Je suis passé la semaine dernière car le corps enregistré ici était sous un faux nom et que mon collègue a probablement été assassiné ! Vous me dites que votre saleté de légiste, en plus d'avoir raté un échange de cadavre dans sa morgue, elle a demandé la crémation d'un corps impliqué dans une enquête policière pour meurtre ?
-Je... Je suis confus, navré inspecteur. Je ne saurais quoi vous dire.
-Herliet est donc revenue à la morgue, je vais la voir de ce pas.

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