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Salif : "Mehdi, reprends tout ça tranquillement, je n'arrive pas à te suivre là."

Je le voyais dans son regard, il avait très bien suivi ce que je lui racontais. Il ne veut tout simplement pas l'accepter. Il refuse de me croire, mais il a très bien compris.

-"Salif, c'est vrai."

Salif : "On traîne avec ce mec depuis qu'on est nés, on a tout fait avec lui, on le connaît presque aussi bien qu'on se connait l'un l'autre, on ne peut pas l'accuser de viol comme ça."

-"Donc Malika ment ?"

Salif : "Non, je ne dis pas ça."

-"Si."

Salif : "Toi, t'es sûr que tu ne déformes pas un peu ce qu'elle a pu te dire ? C'est vrai, tu es énervé contre Samir à cause de ce qu'il a pu dire tout à l'heure... Tu ..."

-"Salif, tu me connais assez bien, tu connais assez bien Malika et tu connais assez bien Samir."

Je le comprenais, de son point de vue, tout ça ne doit faire aucun sens pour lui, ça sort un peu de nulle part. Je me mets à sa place et je comprends ses doutes. Je sais qu'il ne doute pas de moi ou de Malika, il est sous le choc, c'est tout.

Salif :"Qu'est-ce qu'on fait ?"

-"La vie de ma mère j'en sais rien Salif, Malika je crois qu'elle ne se souvient même pas de ce qu'elle m'a dit et puis elle pense que c'est normal, tu veux que je fasses quoi moi ?"

Salif : "Si j'ai bien compris, Samir et Malika étaient ensemble, il l'a violée, et puis il a invité ses copains à la violer ? Quels copains ? C'est nous ses copains depuis le CP gros, quels copains ? Bilel ? Comment c'est possible que personne ne nous ait jamais rien dit, qu'on en ait jamais entendu parler ?"

-"J'en sais rien, je me suis pas posé toutes ces questions Salif. Tout ce qu'elle a dit, c'est qu'après la première fois, Samir n'a plus voulu le faire chez lui, il la ramenait au 13. On a trainé là bas, toi-même tu sais ce que ça veut dire... elle a dit qu'un jour il a voulu que les gens les regarde, c'est là qu'elle a fait une crise d'angoisse et il a décrété qu'elle ne l'aimait pas et il l'a quittée."

Salif : "Donc c'est lui, lui seul, personne d'autre n'a ... enfin tu vois."

-"Je ne crois pas, mais tout enfoiré qui était au 13 quand Malika y était meurt avec Samir que les choses soient très claires. "

Salif : "Les chiens."

Le 13 c'est un appartement dans un immeuble entre les roseaux et la cité dans laquelle j'ai grandi avant que les parents ne déménagent aux roseaux. Cet immeuble c'était un peu le point de rencontre des deux cités et la plaque tournante du crime. Les "grands" avaient un appartement qui leur servait de planque pour tout type de trafic, à un autre étage, il y avait un appartement qui appartenait à un mec qu'on n'a jamais vu mais dans lequel on voyait entrer une fille différente tous les matins, elle n'en ressortait pas avant le lendemain matin et toute la journée des hommes entraient et sortaient, je n'ai pas besoin de vous expliquer que ces femmes se prostituaient et que cet appartement servait de lieu de passes.

L'appartement numéro 13 c'était celui dont les "petits" avaient pris possession, on se pensait être les rois du monde quand on y trainait, on ne faisait rien d'intéressant là-bas, on fumait, on jouait aux jeux vidéo, on se racontait ce qu'on avait pu voir ou entendre en trainant en bas, pendant qu'on guettait, ou ce qu'on entendait de l'appartement d'en haut, celui occupé par les grands. On en rêvait d'un jour venir dans cet immeuble pour entrer dans l'appartement des grands, on imaginait comment ils stockaient la drogue, les armes. Bref, on était des tocards qui glandaient dans un appartement délabré en se prenant pour les futurs Pablo Escobar. Après c'est parti en couilles, certains d'entre nous se sont pris un peu trop au sérieux, et ont commencé à y faire n'importe quoi, ça remenait des filles, au début c'était bon enfant, on avait tous des parents musulmans ou chrétiens pratiquants chez qui tu ne ramènes pas ta copine même pour traîner, cet appartement c'était le repère parfait. Mais c'est vite parti en cacahouète, c'est passé de Mams qui nous a ramené Sarah pour faire un goûter et jouer à Fifa en mode tout timide, à des mecs qui ramenait des meufs sorties de je ne sais où pour faire des tournantes, les putes de l'étage d'au dessus descendaient « rendre service » une fois de temps en temps, la beuh qu'on fumait comme ça entre nous pour faire les malins c'est devenu des drogues un peu plus dures et les « grands » ont commencé à nous solliciter et à pas mal utiliser cet appartement comme planque. Petit à petit des mecs de notre groupe dont moi ou encore Salif, ont décidé de ne plus y mettre les pieds. Une distance s'est créée entre nous et même si on est restés potes et qu'on a tous mal tourné chacun à notre façon, on s'est éloignés. Mais j'entendais des choses, j'entendais ces histoires ignobles à base de untel à ramené la sœur de machin au 13, ils l'ont détruite. C'est devenu louche à un moment moi je pensais que c'était un lieu de débauche pour vrais débauché(e)s, alors à un moment j'étais étonné des noms que j'entendais, des meufs « bien » comme on dit, qui n'avaient aucune raison d'aller vagabonder dans ce lieux étaient nommées constamment, certaines que je connaissais bien à qui j'avais demandé et qui m'avaient envoyé balader avant de ne plus jamais m'adresser la parole.. c'était une période étranger. J'avais juste fini par me dire qu'on ne connaissait jamais vraiment une femme et que même les plus droites en apparence étaient des tchoins. Maintenant je comprends, c'étaient des viols en fait, combien de meufs s'y sont retrouvées contre leur gré ? Combien de fois Malika s'est retrouvée là bas ? Si j'ai bien compris ce qu'elle m'a dit et si elle était assez claire avec elle même quand elle a parlé, Malika n'a pas subi ce genre de tournante et personne n'a jamais posé les yeux sur elle dans ce sens car c'est justement quand elle a refusé que d'autres regardent ce que Samir lui faisait subir qu'il l'a quittée. Si j'ai bien compris, il l'emmenait à l'appartement et là violait seul dans une chambre mais tout en sachant que les autres mecs présents écoutaient.

Le monde est à nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant