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*Point de vue de vue de Malika*

Il est 11h. Dans 45 minutes, Elsa débarquera dans ma chambre avec son grand sourire et sa crinière rousse attachée en une tresse qui tombe dans son dos, jusqu'au niveau de ses reins. Elle me gratifiera d'un bonjour jovial et plein d'entrain avant de me demander si je veux prendre mon repas au réfectoire avec les autres ou non. Je lui dirais que non. Elle acquiescera, en prendra note sur sa tablette et m'obligera toutefois à tirer les rideaux.

« Quand on est une si belle plante c'est un crime de ne pas laisser le soleil caresser sa peau ! »

Je ne sais jamais de qui elle me parle quand elle fait cette réflexion. Ce n'est certainement pas moi.

Et puis elle s'en ira après avoir ouvert la fenêtre pour laisser passer un peu d'air.

Mais avant ça, dans quelques minutes mon téléphone va sonner. Je vais devoir m'imposer les quelques minutes de discussion quotidienne avec mes parents, comme tous les jours depuis que je suis enfermée ici.

Tiens. Voilà. C'est mon père qui appelle pour eux aujourd'hui. Foutue technologie. Un FaceTime.

J'inspire un bon coup et je décroche. Je vois le visage de mon père, ses traits creusés et ses yeux tristes.

« Ça va ma Lili ?! Tu as bonne mine aujourd'hui. »

Non ça ne va pas. Pourquoi tout le monde me pose cette question stupide ? Est ce que je serais ici si ça allait ? Et puis, ce n'est pas vrai. Je n'ai pas bonne mine. Je ne ressemble à rien, je le sais.

« Et toi ? Et maman ? »

« On fait aller. »

« Attends je te montre ta mère. Et j'ai une surprise ! »

Ma mère, comme elle est belle ma mère. Comme elle me manque. J'ai envie de me blottir dans ses bras, d'être tout contre elle et de l'entendre me dire que tout va bien. Je voudrais m'asseoir sur la table de la cuisine alors qu'elle me prépare des pancakes à la myrtille en me racontant comment elle et mon père en sont arrivés à se marier et qu'elle profite de chaque passage devant moi pour me prendre dans ses bras. Je voudrais être dans leur salon, m'installer dans le fauteuil de mon père et qu'il vienne me déloger en me portant pour m'asseoir sur ses genou, je voudrais rester contre lui des heures pendant qu'il lit et relit ses revues scientifiques alors que je compte ses cheveux blancs. Mes parents me manquent tellement. Et en même temps... je ne supporte même pas l'idée de leur parler au téléphone. C'est une épreuve qui me coûte tellement d'énergie, mon cœur et mon âme je supporteraient pas de les revoir.

« Comment tu vas ma Lili ? Tu n'as pas idée à quelle point tu me manques ! »

« Toi aussi maman. »

Elle tenait la petite Malika dans ses bras. Ça me met toujours très mal à l'aise de savoir que cette petite porte ce prénom en partie parce que c'est le mien. J'ai toujours peur que ça soit un mauvais présage pour sa vie.

«Dis bonjour à ta nièce ! »

« Qu'est ce que ça peut lui faire que je lui dise bonjour ?! Elle me connaît ?! »

J'entends la voix de Médina au loin.

« Ça ne peut lui faire que du bien d'entendre un mot gentil de sa tata ! »

Le monde est à nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant