*Point de vue de Mehdi*
J'étais en avance pour une fois. C'est normal, j'avais posé des jours de congés, un jeudi et un vendredi. Initialement pour pouvoir emmener Liya à un rendez-vous médical et pour passer la journée d'après avec elle et surveiller le suites de l'intervention même si c'était une intervention routinière. Mais sa mère est actuellement à Paris et s'en occupe.
J'ai donc profité la veille pour faire toutes ces choses que je néglige. Le ménage, des papiers administratifs, réparer l'évier de la cuisine, m'occuper un peu de moi aussi, le semaine dernière Malika m'a fait remarquer que je ne ressemblait à rien, c'est fou sa manière de trouver le temps de me faire ce genre de remarques quand elle est elle même au plus mal. Elle m'a enjoint de me reprendre en main. Elle avait raison, mes cheveux poussaient à une vitesse folle. Il n'y a pas si longtemps c'était ma seule priorité dans la vie, aujourd'hui j'avoue que je les laisses pousser n'importe comment, de même pour ma barbe, alors je suis allé faire un tour chez le barbier, j'ai été à la boxe aussi, ça faisait quelques semaines que je n'y avais pas mis les pieds. Sur ordre de Malika, il faudra que je trouve le temps de réintégrer le sport à ma routine quotidienne, mais c'est déjà un bon début d'avoir pris le temps d'y aller hier. C'est fou ce qu'on peut avoir le temps de faire en une journée dès qu'on retire ses plus grosses responsabilités à savoir le travail et les enfants.
Aujourd'hui, j'avais obtenu l'autorisation de faire sortir Malika pour la journée.
Il y a tout un protocole à respecter, ils ont du lui faire signer une décharge et me faire signer des documents à moi aussi.
La réalité c'est que même si elle va mieux, elle n'est pas elle-même et ils doivent s'assurer qu'elle ne représente pas de danger pour elle-même. Ils m'ont sensibilisé sur le fait qu'elle a des pensées suicidaires et sont allés jusqu'à me prévenir que je n'avais pas le droit de l'emmener se faire euthanasier.
Pour être honnête, c'est assez impressionnant, ça m'a fait peur. Heureusement, j'ai pu parler aux médecins qui la suivent et qui m'ont quand même bien rassuré. Je ne comprenais pas la lourdeur du protocole alors que Malika me semblait aller mieux. Ils m'ont expliqué qu'en réalité c'est un protocole standard qu'ils respectent aussi bien pour laisser sortir un mec qui a essayé de se suicider la veille et qui essaie depuis 20 ans, qu'une personne qui est là pour du repos. C'est pour se protéger légalement mais aussi pour sensibiliser les aidants qui ne réaliseraient pas la gravité des troubles mentaux.
J'étais donc rassuré mais avec les nerfs toujours à vif quand je suis arrivé dans la chambre de Malika. Je suis rentré comme un imbecile sans éducation, sans toquer ni rien. Elle était en train de s'habiller, j'ai eu peur qu'elle aie eu l'impression que je violais son intimité.
-"Désolé ! Bonjour ! Tu veux que je resorte ?"
Malika : "N'importe quoi ! Il n'y a rien à voir que tu n'aies pas déja vu. Entre et ferme derrière toi."
J'obéis. Une fois la porte fermée je vais m'asseoir sur un fauteuil qui fait face au lit devant lequel Malika se tenait debout. Elle venait de terminer d'enfiler son pantalon et enfilait maintenant une brassière de sport.
Malika : "Pourquoi tu me regardes comme ça ?"
La vérité ? Elle avait la peau sur les os, comme quand je suis sorti de l'hôpital... il n'y a pas si longtemps que ça d'ailleurs. Qu'est ce qu'on a fait d'aussi terrible pour mériter tout ça ? Tout ses efforts pour aller mieux, tous nos efforts pour remonter la pente avaient été réduis à néant. Retour à la case départ. Ça me fait de la peine de me dire qu'elle en est là alors qu'elle fait déjà de très gros efforts et qu'ici on lui force déjà presque la nourriture dans l'estomac quand elle refuse de se nourrir.
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Le monde est à nous
RomanceMalika 27 ans, avocate pénaliste rencontre Mehdi 29 ans, dans un box, avant un procès en comparution immédiate. L'arrivée de l'un dans le monde de l'autre équivaut à l'implosion de chacun d'eux, mais surtout la naissance du plus beau des mondes... l...