XII.

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Dan se tenait debout face à l'hôtel de Matignon, le portail en fer forgé était imposant et gardé par des agents de sécurité très distingués. Les coups d'œil à sa montre se multipliaient, Marie se faisait attendre. Il n'avait reçu aucun signe de vie de Julie, elle se trouvait probablement à l'intérieur. Il appréhendait ce déjeuner d'une part à cause de l'aspect politique qu'il dégageait mais surtout à cause des multiples tensions qui commençaient à faire surface.

Il ferma les yeux un instant et respira l'air frais. Ses mains étaient moites, il les frotta contre son pantalon puis les secoua comme un coureur en plein action. Des bruits de talons résonnèrent dans ses oreilles de plus en plus fort.

- Dan !

- Enfin ! Je vois que tu t'es mise sur ton trente-et-un. Tu es très élégante Marie. Dit-il d'une voix sereine.

La cinquantenaire était effectivement rayonnante, ses longs cheveux blonds étaient étincelants et sa longue robe noire épousait parfaitement ses formes.
Quant à Dan, il portait un costume gris sidéral avec une cravate noire. Une tenue sombre qui mettait en avant sa prestance naturelle.

- Je te retourne le compliment Dan, tu es très beau. Sourit Marie.

Ils se dirigèrent vers l'entrée en empruntant l'allée qui traverse la cour d'honneur. Les pelouses étaient parfaitement bien entretenues et les fleurs soigneusement agencées.

- Tu as vu Julie ? Demanda Marie intriguée.

- Oui, mais... je t'expliquerai plus tard. Dit-il agacé. Pour l'instant j'aimerais mon concentrer sur nous, je veux faire bonne impression et mettre en avant notre parti.

- Bonne impression je ne sais pas, les gens vont se concentrer sur ton œil au beurre noir. Dit Marie stressée, se mordant la lèvre.

- Tant pis, au moins ils nous regarderont. Dit Dan froidement.

Arrivés aux pieds des baies vitrées ils entrèrent le souffle coupé. Le hall d'accueil était lumineux et très raffiné, une douce odeur s'en dégageait. Dan était stupéfait, c'est ici même que réside le premier ministre Gabriel Latta. Son cœur s'accéléra, le hall était noir de monde.

Le déjeuner se déroulait dans le Salon des Portraits, une pièce historique ornée de somptueux lustres. Dan et Marie avancèrent en serrant plusieurs mains sur leur passage.

- Eh beh, c'est vraiment splendide. Dit Dan observant les tables vêtues de nappe en lin et de couverts en argent.

- N'est-ce pas ! Dit le président sortant de nul part. Dan Bardel, Marie Pan, ravi de vous voir !

La main moite de Dan entra en collision avec celle du président et au même moment il croisa le regard de Gabriel. C'est comme si la pièce entière s'était arrêtée de vivre, il n'entendait plus un seul bruit et ne voyait plus personne excepté le premier ministre.

Gabriel eut un sursaut quand il aperçu l'œil au beurre noir, il n'avait pas ça hier. Puis il comprit et se tourna vers Stan.

- Je ne vais pas m'énerver tout de suite, mais... il chercha ses mots qui ne voulaient apparemment pas sortir de sa bouche. Seulement des bruits courts en sortait puis il grogna d'agacement.

- Ce n'est pas ce que tu crois, c'est lui qui m'a attaqué. Dit Stan l'air innocent en regardant vers la gauche, trahissant son mensonge.

Gabriel était particulièrement crédule, il fronça les sourcils et caressa la petite mèche blonde rebelle de Stan. Il se sentait coupable d'avoir pensé que son compagnon pouvait faire quelque chose d'aussi stupide. Quant à lui, il ne ressentait aucune culpabilité face à son mensonge. L'unique chose qui l'importait c'était d'éloigner le danger : Dan Bardel.

Il se retourna et observa Dan qui était à présent avec sa magnifique compagne brune. Celle-ci l'embrassa sur la joue et afficha un très beau sourire aux deux hommes qui se trouvaient face à eux.

- Tu n'es pas obligée de faire semblant Julie. Dit Dan gêné. Tu m'as complètement laissé en plan et là tu m'embrasses devant tout le monde l'air de rien ?

- Il est important de montrer une bonne image de notre couple, une image soudée. Dit-elle fièrement.

- Parce qu'on est soudés ? Tu penses sérieusement ce que tu viens de dire. Dan était agacé par Julie, mais surtout parce qu'il venait d'apercevoir Stan et Gabriel ensemble. Son côté immature et exécrable prenait le dessus. 

- Tu ferais mieux de te taire Dan. Ne joue pas avec moi, surtout pas maintenant. Dit Julie pleine de colère, son visage en était crispée.

Dan ne prit pas la peine de répondre. Le verre du président venait de se lever, il tapa dessus avec sa cuillère et remercia les invités pour leur présence.
Il aborda la situation actuelle, les élections législatives qui arrivaient bientôt à échéance et la crise qui menaçait le pays. Il expliqua brièvement son choix de dissoudre l'assemblée nationale et encouragea la population à rester unie.

- Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à chacun d'entre vous pour votre soutien et votre présence ce midi. Votre engagement et votre solidarité sont essentiels pour traverser cette période de changement. Annonça le président d'une voix mesurée. Maintenant je vous invite à prendre place et apprécier le déjeuner.

Les tables étaient longues, chaque place était habillée d'une petite étiquette avec le prénom d'un ou d'une convive. Dan s'avança de Julie qui avait repéré les places. Ils étaient positionnés à côté, pour le plus grand bonheur de Dan qui se sentait déjà étouffé. Marie s'installa à droite de Dan de façon posée et élégante puis vint Stan.

- Oh Stan Patt, ravie de vous voir. Engagea Marie qui se trouvait face à lui.

Gabriel avança élégamment vers Stan, celui-ci lui glissa discrètement à l'oreille :
- C'est toi qui fait le plan de table ?

Mais il ne répondit pas, le regard que Dan posait sur lui était si intense qu'il en perdit ses moyens.

...

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant