P3 - XVII.

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- C'était qui ? dis-je d'une voix plus agressive que je ne l'avais prévu.

Ma mère lève les yeux de son téléphone, le visage impassible, mais ses lèvres se crispent légèrement. Elle prend une gorgée de whisky, sans répondre tout de suite, comme si elle évaluait soigneusement ce qu'elle allait dire.

- Lucas... ça ne te regarde pas, dit-elle finalement, d'un ton froid, presque désinvolte.

Mon cœur bat si fort que je sens mon pouls dans mes tempes. Je serre les poings, essayant de contenir la rage qui menace d'exploser. Je la fixe, mes yeux remplis de colère, cherchant une fissure dans ce masque de calme qu'elle arbore toujours. Comment ose-t-elle me parler comme si de rien n'était après ce qu'elle a fait ? Je prends une profonde inspiration, me forçant à ne pas céder à la tentation de tout envoyer valser. Mais je ne suis plus comme ça, je suis devenu calme.

- Tu as envoyé cette photo, tu as brisé quelque chose qui ne te concerne même pas, et ça, ça me regarde ou pas ?

Elle détourne les yeux un instant, mais je vois que ma colère l'atteint, même si elle fait de son mieux pour ne rien laisser paraître. Je me rapproche, mes poings toujours serrés, ma voix plus basse mais chargée de menace.

- Tu vas me dire pourquoi tu as fait ça, maman. Tout de suite. Ou je te jure que je vais...

Je me tais avant d'aller trop loin, mais elle comprend. Mon ton, mon regard, tout en moi hurle que je suis à la limite. Elle finit par soupirer, posant son verre sur la table basse avec une lenteur délibérée. Elle sait que ça m'agace.

- Très bien, Lucas, dit-elle finalement, la voix pleine d'un calme glacial. Tu veux vraiment savoir pourquoi j'ai envoyé cette photo ? Eh bien, je vais te le dire, mais tu vas me détester encore plus après ça.

Elle se lève lentement, son regard froid plongeant dans le mien.

- Je l'ai fait parce que je ne supportais plus cette... coalition. Cette espèce de farce qu'ils essaient de jouer avec Ensemble. Ils pensent qu'ils peuvent mélanger le Rassemblement National avec ce ramassis de modérés et faire comme si c'était une bonne idée pour l'avenir. Mais ça n'a aucun sens. Ça ne marche pas, Lucas, et ça ne marchera jamais.

Je la fixe, stupéfait. Les mots qu'elle vient de prononcer sont pires que tout ce à quoi je m'attendais.

- Attends... quoi ? Tu... tu as fait ça... pour de la politique ? dis-je choqué.

Elle hausse les épaules, comme si c'était une évidence.

- Bien sûr. Je voulais que Dan rompe avec cette coalition de pacotille et qu'il reprenne sa place avec le RN, là où il appartient. Mais il s'est égaré. Et ce Gabriel... ce Gabriel est un obstacle à tout ça. Il le tire vers le bas. Alors oui, j'ai envoyé la photo pour que tout s'arrête. Pour que Dan ouvre les yeux et qu'il comprenne que Gabriel ne lui apporte rien de bon.

Ses mots résonnent dans ma tête comme un coup de massue. Je n'arrive pas à croire ce que j'entends. Elle ne parle même pas de moi, de Dan, ou de Gabriel comme des êtres humains. Pour elle, ce ne sont que des pions dans une partie qu'elle veut contrôler.

Je secoue la tête, enragé, sentant les larmes de frustration me monter aux yeux. Elle a tout détruit... pour ça ? Pour ses ambitions politiques, pour une coalition qui ne la satisfait pas ? C'est au-delà de tout ce que je pouvais imaginer.

- Tu es malade, murmuré-je, la voix tremblante. Tu es complètement malade...

Elle me regarde, impassible, comme si mes mots ne l'atteignaient pas, ou pire, comme si elle s'y attendait.

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant