P2 - V.

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- Dan, tu m'as tellement manqué.

Gabriel vient de quitter la pièce. Je ne peux m'empêcher de retenir mes larmes, elles coulent le long de mes joues pour atterrir dans mon cou.
Je lui saute au cou, et m'effondre dans ses bras. Il resserre notre étreinte et me souffle à l'oreille :

- Je suis vraiment désolé Marie, je...
- Je suis tellement contente de te retrouver, tu n'as pas idée.

Je serre un peu plus Dan dans mes bras, essayant de lui transmettre tout l'amour et la force que je peux. Il est si fragile, tellement différent de l'homme fort et sûr de lui que je connais. Quand je me recule pour essuyer mes larmes, son regard se perd dans le vide, comme s'il cherchait à comprendre comment tout cela avait pu arriver.

- Comment tu te sens ? dis-je doucement, espérant qu'il me parle.

- Je me sens comme un con, dit-il en se frottant le crâne, la voix pleine de dégoût.

- Arrête ! Tu n'as rien d'un con, Dan.
- Si, Marie. Je me suis loupé. Je suis un piètre viseur.

Sa voix est glaciale, et ça me fend le cœur. Je vois dans ses yeux que c'est bien plus que de l'autodérision. Il est rongé par une culpabilité qui le dépasse.

- Rien à voir, Dieu t'a donné une seconde chance.

Il hausse les épaules, le regard chargé de peur et de doute. Sa vulnérabilité me frappe en plein cœur.

- Je ne... je... Marie c'est tellement compliqué, dit-il sa voix se brisant.

Ses lèvres tremblent, je vois qu'il est sur le point de craquer. Je lui attrape le main, m'asseyant sur le bord du lit, décidée à ne pas le laisser affronter ça seul.

- Je suis là maintenant, on va régler tout ça, à deux. Tu n'es plus tout seul, et je te garantis que Sam ne te fera plus de mal.

- Tu me le promets ? Demande-t-il, sa voix brisée comme un enfant perdu.
- Je te le promets.

Il prend une grande inspiration, comme s'il cherchait à reprendre le contrôle, mais ses yeux restent embués de larmes.

- Je suis resté combien de temps inconscient ? Finit-il par demander.
- Huit jours... Gabriel ne t'a pas quitté une seule fois.

Je vois une lueur de surprise dans ses yeux, un mélange de douleur et de réconfort. Il a tellement sacrifié pour Gabriel, il a risqué de tout perdre et surtout, il lui a ouvert son cœur.

- Ça m'est égal, lâche-t-il froidement.
- Je sais que c'est faux. Tu n'as pas besoin de te cacher avec moi.

Il serre les dents, comme s'il luttait contre les mots qui s'apprête à dire.

- Il m'a... il m'a trahi Marie, dit-il la voix tremblante, je ne pense pas pouvoir lui faire à nouveau confiance.
- Tu ne te demandes pas pourquoi il a fait ça ?

Ma phrase le rend perplexe, il hésite une seconde, il réfléchit. Ses yeux sont traversés par une tempête d'émotions contradictoires. Puis enfin, il parle.

- Je me suis... j'ai laissé Sam me toucher pour lui. Je suis désolé, mais c'est trop tard.

Je prends une grande inspiration, mon cœur bat soudainement bien plus fort que d'habitude. Dan baisse la tête, évitant mon regard. Je vois son dégoût et sa douleur le submerger. Je serre un peu plus sa main, cherchant à lui transmettre ma force.

- Dan, ce que tu as fait... c'était pour protéger Gabriel, non ? dis-je d'une voix douce, presque un murmure.

Il ne répond pas toute suite, le silence s'éternise et je crains un instant qu'il ne me réponde jamais. Mais finalement, il hoche la tête sans même me regarder.

- Sam m'avait dit qu'il n'hésiterait pas à s'en prendre à lui, si je me débattais, dit-il d'une voix éteinte, et il avait menacé de tout te révéler.

- Je te demande pardon, j'ai pas été tendre avec toi quand tu as essayé de me parler de Gabriel, dis-je marquant une pause, pourtant... j'ai bien vu que dès le début tu tombais amoureux de lui.

Il relève enfin la tête, ses yeux s'ancrant dans les miens brillants de larmes non versées.

- Mais ça n'a rien changé, murmure-t-il finalement, j'ai sacrifié ma dignité et mon amour-propre pour... pour être trahi.

- Dan, tu ne vois qu'une partie de l'histoire, dis-je ne voulant pas révéler toute la vérité, Gabriel t'aime et ça j'en suis persuadée.

- Aimer... ce n'est pas suffisant, commence-t-il, mais je le coupe, incapable de contenir ma propre frustration.

- Il est resté ici pendant huit jours. Il ne t'a pas lâché une seule seconde. Il te parlait tous les jours, il t'a même lu ce foutu livre : Le Petit Prince.

Je me saisis du livre qui traîne sur la table de nuit et l'agite devant ses yeux, espérant qu'il réalise l'importance de ce geste.

- Je ne sais pas si je pourrai lui refaire confiance, murmure-t-il.

Il secoue la tête, l'air résolu. Malgré ça, je vois dans ses yeux que quelque chose a changé, même s'il refuse de l'admettre.
Je sais que Gabriel serait anéanti d'entendre ça. Mais au fond, je sais que Dan a raison et je comprends ce qu'il peut ressentir. L'amour c'est bien plus que des sentiments, c'est de la confiance mutuelle, du respect et une connexion.

J'attrape mon téléphone, Gabriel ne m'a toujours pas répondu. Dan remarque l'inquiétude sur mon visage et fronce les sourcils, ses yeux noirs essaient de lire mes pensées.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Gabriel ne m'a toujours pas répondu. Je m'inquiète pour lui, il est sûrement retourné chez lui et j'ai bien peur que Stan s'en prenne violemment à lui.

À ces mots, le visage de Dan se durcit instantanément. Il ferme les yeux un moment, comme s'il luttait contre une vague de colère. Puis, sans prévenir, il commence à arracher les câbles reliés à son corps.

- Dan ! Dan qu'est-ce que tu fais ? m'écriai-je.
- On y va, répond-il simplement.
- Où ça ? demande-je prise de court.
- Chercher Gabriel.
- Mais...
- Je sais que tu vas y aller, et c'est hors de question que tu y ailles seule alors que ce fou furieux de Stan s'y trouve.

Je recule légèrement, surprise par sa détermination. Je l'aime, il est comme mon fils, mais qu'est-ce qu'il est têtu.

- Mais Dan, t'as pas été examiné par les médecins. On ne sort pas d'une semaine de coma indemne.
- Peu importe, allons-y.

Il est déjà debout, près de la porte, vêtu uniquement de sa robe d'hôpital. Têtu, c'est bien ce que je disais.

- Dan, il te faut des vêtements.

Il se regarde enfin, réalisant à quel point il est mal équipé pour une telle mission. Une étincelle d'humour traverse son regard, malgré la situation, et il hoche la tête.

- Effectivement.

Il se tourne vers moi, et malgré la tension, je vois dans ses yeux une résolution inébranlable. Nous allons chercher Gabriel, et rien, ni personne, ne pourra nous arrêter.

...

Pardon pour le retard 🫶🏻

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant