P2 - XVI.

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Cela fait maintenant cinq heures que nous errons dans la salle d'attente. Lucas ne tient plus en place, il fait des allers-retours incessants dans les couloirs, incapable de se calmer. Il me tend un sixième café, et je sens que si je continue à en boire, c'est moi qui finirai sur un lit d'hôpital.

- Tu devrais rentrer, dis-je alors qu'il revient s'asseoir à côté de moi. Ça va aller, je te promets.

- Non, je reste, répond-il en croisant les bras, avachi sur sa chaise. Putain, mais qu'est-ce qu'ils foutent ?

Je tente de masquer mon inquiétude en haussant les épaules.

- Ils ne devraient pas tarder... T'as des nouvelles de ta mère ?

- Non, elle ne me répond pas, dit-il en soupirant, agacé. Elle me parle sans arrêt de Dan, et quand il a besoin d'elle... elle est introuvable.

Juste au moment où il se lève de nouveau, visiblement dépassé par les récents événements, un médecin entre dans la salle. Son regard est lourd et mon cœur se met à s'emballer. Pas ça, pas à nous. Je veux me lever, mais mes jambes refusent de bouger. Le visage du médecin ne présage rien de bon. Lucas se tient à mes côtés, je vois ses poings se serrer tandis qu'on retient notre souffle, les yeux fixés sur l'homme en blouse blanche.

- Vous êtes les amis de Dan Bardel ? demande le médecin d'une voix grave.

- Oui, répond Lucas, de plus en plus impatient. Comment il va ?

Le médecin marque une pause, ou peut-être que c'est moi qui suis suspendu dans le temps, incapable de faire autre chose qu'attendre ce verdict.

- Il va bien, finit par dire le médecin. Après un coma, c'est courant de souffrir de maux de tête intenses. Il a eu des vomissements et quelques convulsions, mais rien d'anormal dans ce genre de situation. Avec du repos, tout devrait rentrer dans l'ordre.

- Putain ! s'écrie Lucas en relâchant la pression. Vous m'avez fichu une de ces trouilles ! Sérieusement, la prochaine fois, venez avec un sourire, merde !

Un rire nerveux m'échappe, et soudain, mon corps se relâche, comme si le poids énorme qui m'oppressait depuis cinq longues heures venait enfin de disparaître. Lucas se détourne, souffle un bon coup, puis revient vers moi avec un grand sourire aux lèvres. Il me donne un coup de poing amical dans l'épaule.

- Alors ? Content que ton mec soit vivant ?

Je lève les yeux au ciel tout en me levant de ma chaise, mais je ne peux retenir un sourire.

- Ce n'est pas mon mec, dis-je, un peu trop vite.

- Ah ouais ? Si tu le dis, rétorque Lucas avec un sourire moqueur.

Je secoue la tête en souriant, mais avant que je puisse répliquer, je me tourne vers lui, plus sérieux cette fois.

- Au fait... merci, Lucas. Pour ce que tu m'as dit l'autre nuit, tu sais. D'avoir rendu Dan jaloux... je pense que ça a vraiment aidé à éclaircir les choses entre lui et moi.

Lucas fait mine de réfléchir, un sourire espiègle au coin des lèvres.

- Ouais, je sais. C'est un don chez moi, provoquer des drames relationnels pour le bien commun. J'aurais dû en faire un métier.

Je ris, et on continue à marcher ensemble dans les couloirs de l'hôpital, nous dirigeant vers la chambre de Dan. En entrant, je sens mon cœur s'accélérer en le voyant réveillé, même s'il paraît encore épuisé. Je m'approche du lit, essayant de ne pas paraître trop nerveux.

- Hé, dis-je doucement en me penchant vers lui. Comment tu te sens ?

Dan sourit faiblement, mais son regard me rassure plus que n'importe quelle réponse.

- Comme si un camion m'avait roulé dessus, mais sinon, ça va.

Lucas, debout près de la porte, ne peut s'empêcher de commenter.

- Hé, Dan, si tu voulais attirer l'attention de Gabriel, t'étais pas obligé de finir à l'hôpital, hein. Il y a des méthodes moins extrêmes tu sais.

Dan éclate d'un petit rire, et je souris malgré moi. La tension entre nous trois semble s'alléger, comme si tout ce qui s'était passé avait été une sorte de mauvais rêve.

- Sérieusement, merci à vous deux... d'avoir été là, dit Dan en se redressant légèrement dans son lit. Ça me touche, vraiment.

Je sens mes joues chauffer légèrement alors que Dan et moi échangeons un regard. Je ne sais pas si c'est le moment ou la fatigue, mais l'intensité dans ses yeux me coupe presque le souffle. Il me regarde avec une douceur inattendue, et malgré la situation, je sens quelque chose se renforcer entre nous.

- Avec plaisir. Bon, je vais vous laisser, déclare Lucas avec un clin d'œil exagéré. Je ne veux pas vous interrompre dans vos regards langoureux. Appelez-moi si vous avez besoin d'un expert en jalousie pour booster un peu l'ambiance.

Dan éclate de rire cette fois, un rire sincère qui me réchauffe le cœur.

- Merci, Lucas, répond-il. Je crois qu'on va s'en sortir.

Lucas hausse les épaules avant de sortir de la chambre.

- Vous savez où me trouver, dit-il en disparaissant dans le couloir.

Dan me regarde ensuite, et je m'approche un peu plus près de lui.

- Je suis content que tu sois là, murmure-t-il.

Je lui souris, incapable de répondre tant les émotions me submergent. Il attrape doucement ma main, et je sens tout mon corps se détendre, comme si, enfin, tout allait bien.

- Tu...

Dan me fixe toujours avec cette intensité qui semble tout effacer autour de nous. Puis, sans prévenir, il attrape ma nuque et me tire doucement vers lui. Mon souffle se coupe et avant même que je puisse réagir, ses lèvres trouvent les miennes dans un baiser chargé de désir.

Mon cœur s'emballe et je me perds dans l'instant, oubliant presque où nous sommes. Ses mains glissent sur ma nuque, descendent dans mon dos, éveillant en moi une vague de frissons que je ne peux ignorer. Pourtant, je me souviens de la situation, il ne doit pas se fatiguer. Je tente de ralentir les choses, mais le désir rend mes gestes hésitants.

- Dan... murmuré-je, essayant de garder la tête froide. Ce n'est pas raisonnable, tu dois te reposer...

Mais il ignore ma mise en garde, son sourire apparaissant brièvement entre nos lèvres avant de reprendre son exploration, ses mains devenant plus aventureuses. Mon corps répond instinctivement au sien, mais je tente de maintenir le contrôle, même si c'est difficile.

- Gabriel, j'ai... j'ai vraiment très...

Mais avant qu'il puisse finir sa phrase, la porte de la chambre s'ouvre brutalement, heurtant le mur avec fracas. Je me redresse d'un coup, le souffle coupé, et c'est là que je le vois.

- Ding dong ! Dit-il un sourire complètement frappé aux lèvres.

...

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant