P3 - V.

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- Pourquoi tu t'occupes de moi comme ça ? murmure Lucas, sa voix faible mais chargée d'émotion.

Je me tourne vers lui, surpris qu'il soit encore capable de parler. Ses yeux bleus, d'habitude si vifs, sont agités, dansant de gauche à droite.

- Parce que t'es mon ami, Lucas. C'est ce que font les amis.

Il détourne le regard, se met sur le dos et fixe le plafond. Sa mâchoire se serre, puis il inspire bruyamment.

- Merci d'être là, Dan.

Je ressens un pincement au cœur. Ce n'est pas juste de la reconnaissance dans sa voix, c'est autre chose, plus profond, plus fragile.

-  Je te dois bien ça, tu sais, lui rappelai-je doucement, les souvenirs de cette nuit sombre remontant. Les secouristes m'avaient raconté ce qui s'était passé... comment il m'avait sauvé.

- Arrête de dire des bêtises, réplique-t-il, secouant la tête.

- C'est pas des bêtises. Tu m'as vraiment sauvé la vie, Lucas. Alors, m'occuper de toi après ce que cet enfoiré t'a fait... ça me semble être la moindre des choses, lui assurai-je en le fixant.

Un léger sourire étire ses lèvres, comme pour se moquer de la gravité de mes mots. Il se tourne sur le côté pour me regarder, mais je remarque qu'il se crispe soudainement. Ses traits se contractent, et ses yeux, auparavant posés sur moi, semblent chercher un point de fuite. Il déglutit avec difficulté et inspire une grande bouffée d'air, son visage pâlissant à vue d'œil. Je commence à m'inquiéter.

- Dan, je crois que je vais... vomir, articule-t-il avec effort, la main portée à son ventre.

Aussitôt, je bondis et attrape le vase décoratif. Il le saisit d'une main tremblante, l'autre s'agrippe à mon bras comme pour se raccrocher à quelque chose, et il se vide dedans. Je sens sa douleur, sa honte, et pourtant, tout ce que je veux, c'est l'aider à traverser cette épreuve. D'une main, je dégage doucement ses mèches trempées de sueur qui collent à son front. Son corps tout entier est secoué par des tremblements.

- Désolé, balbutie-t-il en se redressant faiblement. Donne-moi ça, je vais nettoyer.

Il tend la main vers le vase, mais je la repousse gentiment et me lève.

- Non, repose-toi. Je m'en occupe, murmurai-je, presque affectueusement.

Il se frotte la tête, clairement gêné par la situation, mais ça m'est égal. Nettoyer son vomi, c'est peu de choses en comparaison de ce qu'il a fait pour moi. La nuit est longue et difficile. Il tremble, délire, puis redevient lucide, seulement pour sombrer à nouveau dans la douleur. C'est un calvaire de le voir ainsi, et je me sens impuissant.

Je m'assois finalement à ses côtés, le dos appuyé contre le canapé. D'une main hésitante, je caresse son crâne, jouant avec ses boucles. Cette sensation semble l'apaiser. Il émet un gémissement léger, presque imperceptible, à moitié inconscient. Sa respiration s'apaise peu à peu, devient régulière, et je reste là, le veillant en silence.

...

Je finis par m'endormir, ma main toujours posée sur sa tête. En me réveillant, je ressens le poids de la fatigue qui alourdit mon corps. Je retire ma main lentement, pour ne pas le déranger, et me redresse en silence. Lucas dort profondément, son visage semble enfin relâché après tant de tension.

Je me lève doucement et me dirige vers la cuisine, mes membres engourdis par la fatigue. L'odeur du café me tire légèrement de ma torpeur.

- Qu'est-ce qu'il a encore fait ? m'interpelle Marie en levant à peine les yeux vers moi alors que je franchis le seuil de la cuisine.

- Marie... ça fait plaisir de te voir, répondis-je d'une voix enrouée.

Je m'approche d'elle et l'étreins. Sa présence est rassurante, presque maternelle. Depuis que nous vivons ici, je la vois rarement. Pourtant, elle est comme une mère pour moi. Elle dit souvent que je suis l'influence positive qui manquait à Lucas.

- Ton fils n'a rien fait, un homme l'a drogué... enfin, quelqu'un, expliquai-je, essayant de rester calme.

- Quoi ? Mais où est-ce que vous étiez ? rétorque-t-elle, soudain alarmée, sa main suspendue en l'air.

- On était dans une boîte près de Paris. J'avais besoin de décompresser, alors j'ai embarqué Lucas et Gabriel avec moi, inventai-je, tâchant de ne pas trahir le mensonge.

- Dan, je te connais trop bien. Tu détestes les boîtes de nuit... Lucas, par contre, adore ça. C'était son idée, n'est-ce pas ? réplique-t-elle d'un ton amusé, presque comme une mère qui réprimande ses enfants.

Je soupire, pris sur le fait.

- Oui, mais... il ne faut pas lui en vouloir. Ce qui lui est arrivé n'est pas de sa faute.

- Ne t'en fais pas pour ça. T'as veillé sur lui toute la nuit ? demande-t-elle en jetant un coup d'œil vers le salon.

- Oui. Je voulais m'assurer qu'il allait bien.

- C'est vraiment adorable de ta part, Dan, murmure-t-elle, un sourire sincère étirant ses lèvres.

Je me sers une tasse de café et m'installe face à elle. L'hésitation me gagne, mais je me lance.

- Marie... tu as rencontré quelqu'un ? Parce que... j'ai l'impression que je te vois beaucoup moins ces derniers temps.

Son visage s'empourpre légèrement. Elle baisse la tête vers sa tasse, puis relève les yeux vers moi, un sourire éclatant aux lèvres.

- Je ne peux rien te cacher...

Je m'emballe, frappant presque la table avant de me souvenir que Lucas dort à côté. Je grimace et reprends sur un ton plus bas :

- J'en étais sûr ! Alors, il s'appelle comment ?

- Secret, lâche-t-elle malicieusement.

Je prends une gorgée de café. Peu importe si elle garde son secret, ce qui m'importe, c'est qu'elle soit heureuse et que ce ne soit pas mon père.

- Marie, je ne t'ai jamais vraiment dit à quel point je suis désolé pour mon père. Je...

Avant que je puisse finir, elle serre doucement ma main, dans un geste de réconfort.

- Dan, ne t'en fais pas. Je suis heureuse maintenant, et c'est tout ce qui compte. Pas la peine de ressasser le passé.

Nous restons un moment silencieux, l'ambiance s'apaisant avec les odeurs de café chaud, jusqu'à ce que j'entende un bruit derrière moi. Instinctivement, je me retourne, et là, Gabriel se tient dans l'encadrement de la porte. Il me fixe, son visage impassible.

Le silence entre nous est presque assourdissant. Je me demande ce qu'il va dire, s'il a remarqué que j'avais passé la nuit aux côtés de Lucas, si cela va changer quelque chose entre nous.

- Salut, dit-il finalement, son ton neutre, mais ses yeux scrutant mon visage avec une intensité qui me met mal à l'aise avant de se tourner vers Marie.

Je reste là, mon cœur battant plus fort, me demandant ce qui va suivre.

...

🫰🏻

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant