P3 - XXXIII.

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Le coup de feu retentit, brisant l'air comme une explosion. Le son semble ricocher contre les murs, s'étirant, perçant mes tympans. Tout devient confus, distordu. Je vois Julie porter ses mains à sa bouche, hurler, sa voix se mêlant à celle de Marie, qui se tient la tête entre les mains, les yeux écarquillés d'horreur. La scène se fige autour de moi, mais je ne comprends pas encore. Je ne comprends pas ce qui vient de se passer.

Je me redresse d'un bond, le souffle coupé, cherchant Lucas du regard. C'est seulement à ce moment-là que je le vois. À terre. Immobile.

Le monde bascule sous mes pieds. Non. Non, non, non... Pas ça. Je m'élance vers lui, mon cœur battant à une vitesse incontrôlable. Je m'écroule à ses côtés, mes mains tremblent alors que je le prends dans mes bras. Il est là, allongé dans une mare de sang qui s'étend sous lui, s'échappant de son corps à une vitesse effroyable. Le rouge vif macule ses vêtements, ses doigts. Ses yeux sont fermés, sa respiration laborieuse, mais il est encore là. Il est encore là.

- Lucas, Lucas, reste avec moi... S'il te plaît, reste avec moi...

Ma voix se brise. Ne meurs pas, pas toi, pas comme ça. Je le serre contre moi, mes mains cherchent frénétiquement à stopper le flot de sang, mais il glisse entre mes doigts comme du sable. Je ne peux pas le perdre, je ne peux pas vivre sans lui. Gabriel est là, derrière moi, il me parle, il murmure quelque chose, mais je ne l'entends pas. Je ne vois que Lucas, je ne sens que Lucas. Je me concentre sur ses yeux, cherchant le moindre signe de vie.

- Tiens bon... reste avec moi... tu ne peux pas partir, pas maintenant...

Je suis terrifié, ma gorge est nouée, je ne parviens presque plus à respirer. Le monde autour de nous s'efface, il n'y a plus que lui et moi. L'amour de ma vie, l'homme que j'aime plus que tout. Il ne peut pas me quitter, je ne survivrai pas sans lui.

- Dan... souffle Lucas, sa voix à peine un murmure. Il peine à parler, sa respiration est hachée. Ces derniers mois... à tes côtés... c'était les meilleurs... de ma vie.

Je secoue la tête, refusant d'entendre ces mots, des larmes brûlantes roulant sur mes joues. Non, il ne peut pas me dire ça. Pas maintenant.

- Arrête... arrête de dire ça... tu ne vas pas mourir... tu vas t'en sortir, je te le promets.

Mais Lucas me regarde, et dans ses yeux, je vois qu'il sait. Il sait qu'il va partir. Et ça me déchire. Il tente de sourire, mais la douleur le déforme. Il prend une inspiration, profonde, douloureuse.

- Je ne savais pas... que la vie pouvait être si belle... jusqu'à toi.

Je sens que mes larmes coulent plus fort, chaque mot qu'il prononce me détruit un peu plus. Je veux lui dire que je l'aime, que je ne peux pas le perdre, mais il m'interrompt, sa main glacée cherchant faiblement la mienne.

- Mon cœur... est trop plein de toi... pour être jamais... à un autre.

Je m'effondre, mes mains tremblant en le tenant plus fort contre moi, comme si je pouvais le retenir, l'empêcher de glisser loin de moi.

- Je t'aime... et je t'aimerai... jusqu'au dernier jour de ma vie...

Sa voix faiblit, les derniers mots sont presque un souffle. Ses yeux se ferment lentement, trop lentement, tandis qu'il me laisse avec ces mots, ce poème, notre poème. Et puis... plus rien. Son corps se détend, sa respiration s'éteint dans un dernier soupir. Il s'endort. Il meurt.

Dans mes bras.

Un cri de douleur m'échappe, un hurlement que je ne parviens pas à contenir. Il est parti, il n'est plus là. La personne que j'aime le plus au monde vient de mourir dans mes bras, et la douleur me dévore. Je l'agrippe, je le serre contre moi, les larmes inondant mes joues, mes lèvres tremblant contre son front.

- Je t'aime... je t'aime... je t'aime...

Je le répète encore et encore, comme un mantra, comme si cela pouvait le ramener. Mais il reste silencieux, inerte, froid. La douleur se transforme en rage. Une rage sourde, brûlante, incontrôlable. Je me détache de Lucas, le posant doucement au sol, et me relève d'un bond. Mon regard se fixe sur lui. Julien. Mon père.

C'est lui. Il l'a tué. Il a tué Lucas.

Je n'hésite pas une seconde. Je me jette sur lui, mes poings frappant son visage avec violence. La rage prend le contrôle, mon corps agit sans que je puisse le retenir. Je le frappe encore et encore, chaque coup libérant un peu de cette douleur insupportable qui me ronge.

- C'est ta faute ! hurlé-je en continuant de le frapper. C'est toi ! TU L'AS TUÉ !

Je ne m'arrête pas. Je ne veux plus m'arrêter. Mes coups pleuvent sur lui, sa peau éclate sous mes poings, mais je ne ressens aucune satisfaction, seulement une douleur encore plus intense. Je veux qu'il souffre, je veux qu'il paie.

Je ne vois plus rien, plus personne. Il n'y a que lui, Julien, mon père, ce monstre qui vient de détruire ma vie. Chaque coup, chaque impact sur sa peau, me fait ressentir un bref soulagement avant que la douleur revienne, plus forte, plus insupportable. Mais ça ne suffit pas, ça ne suffira jamais.

Autour de nous, les cris éclatent. Julie hurle, sa voix stridente me parvient à peine. Marie crie aussi, suppliant, je crois, mais je n'entends plus. Tout est lointain, brouillé par le tumulte de ma rage. Elles pourraient bien hurler jusqu'à en perdre la voix, je m'en fiche. Je ne veux plus rien entendre. Je veux juste frapper, frapper encore et encore, jusqu'à ce que toute cette souffrance disparaisse. Mais elle ne partira jamais.

- C'est ta faute ! crié-je à nouveau, ma voix cassée par la haine et les sanglots. Espèce de salaud ! Je te déteste, putain !

Je le frappe au visage, aux côtes, sans relâche. Julien, mon père, est inerte sous moi, peut-être qu'il est inconscient, peut-être même qu'il est mort. Je n'en ai rien à faire. Je le frappe encore, même si mes poings commencent à saigner. Je veux qu'il souffre autant que moi. Qu'il sente ce que ça fait de tout perdre.

Soudain, je sens des mains m'agripper par les épaules, me tirer en arrière. Gabriel. Il essaie de m'arrêter. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas arrêter.

- Lâche-moi ! hurlé-je, repoussant ses bras avec toute la force de ma colère. Je me tourne vers lui, les larmes inondant mon visage, mon nez coulant, complètement détruit. Je ne suis plus qu'un tas de douleur. - Putain, lâche-moi ! Je te déteste, tu l'as jamais aimé ! T'as tout fait pour qu'il disparaisse !

Je crache ces mots avec toute la rancœur que je porte depuis des mois. Gabriel a toujours été là, à essayer de me protéger, mais jamais pour Lucas. Il n'a jamais compris. Il a toujours voulu que Lucas s'éloigne, que notre relation s'arrête. Et maintenant, il veut m'empêcher de rendre justice.

Gabriel recule un peu, les larmes aux yeux. Sa voix tremble quand il parle, et je l'entends pleurer lui aussi. Mais ça n'apaise rien en moi.

- Dan, non... calme-toi, s'il te plaît, dit-il en sanglotant, sa voix brisée par la douleur.

Je voudrais le pousser violemment, l'effacer de mon champ de vision, mais je n'y arrive pas. Tout d'un coup, mes jambes flanchent, et je m'écroule par terre. Mes mains tremblent sur mes genoux, mes poings ensanglantés reposent sur le sol froid. Le poids de ce qui vient de se passer me frappe comme une vague qui m'emporte. Lucas est mort. Il est parti. Il ne reviendra jamais. Et tout ça à cause de lui. À cause de mon père.

Mes sanglots éclatent dans un hurlement désespéré. Je suis incapable de respirer, incapable de bouger.

Puis j'entends des bruits de pas, des voix autoritaires. La police. Ils arrivent, attirés par le chaos. Je ne réagis même pas. Tout autour de moi, le monde s'agite, mais je suis figé, paralysé par le chagrin. Ils se ruent sur mon père, inerte, avant de me tirer violemment en arrière, m'arrachant à mes pensées. Je ne résiste pas. Je n'ai plus de force.

Alors que les menottes cliquent autour de mes poignets, je jette un dernier regard vers Lucas, étendu sur le sol, son corps immobile, baignant dans son propre sang. L'amour de ma vie. Mort. À cause de moi. À cause de mon père.

La douleur est insupportable.

...

🥀.

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant