PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]

P3 - XII.

Depuis la mort de Stan, un soulagement m'envahit. C'est comme si un poids énorme avait été levé de mes épaules, un poids que je portais depuis trop longtemps.

La menace immédiate a disparu, mais une inquiétude persistante reste en moi. Je me demande si, maintenant que Stan est hors du jeu, nous pouvons vraiment prétendre à une paix durable. J'ai l'impression que quelque chose cloche encore, une menace sous-jacente que je ne parviens pas à cerner pleinement. Peut-être à cause de Sam, qui rôde encore dans les parages, ou alors du père de Dan.

Peut-être que Dan et moi ne sommes pas encore prêts à vivre en toute tranquillité.

Le débat sur France 2 résonne encore dans ma tête. Marie a capté mon attention, avec son regard plein de satisfaction malgré les tensions évidentes au sein de la coalition. Sa manière de manipuler les choses, de se positionner derrière Dan, m'a laissé perplexe. Elle m'a donné l'impression qu'elle n'était pas entièrement loyale à la coalition.

Depuis que je suis rentré chez Dan, chez nous, ces pensées m'obsèdent. L'absence de Dan à mes côtés me rend encore plus sensible à ce malaise. Le calme de l'appartement me pèse, et je ne peux pas arrêter de tourner en rond, de revivre les moments de ce débat et l'étrange comportement de Marie. La solitude amplifie mes inquiétudes, et chaque minute qui passe semble ajouter du poids à ma nervosité.

Dan me semble distant ces derniers jours. En réalité, depuis qu'on a quitté la maison de Marie. Je sais que Lucas lui manque, je le vois dans ses yeux. Même si la décision de partir ne venait pas de moi, j'ai bien compris qu'elle avait été prise à cause de moi. J'ai été égoïste, et... je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment.

J'ai cette sensation désagréable d'avoir fait une bêtise, de devoir me justifier ou quémander de l'amour. La même sensation qu'après une dispute, celle de devoir prouver qu'on est assez bien pour la personne. Je me sens mal. Je me sens perdu, j'ai l'impression de ne pas lui suffire... alors qu'il est tout ce dont j'ai besoin dans ma vie.

Une larme coule sur ma joue, sûrement la fatigue. Je l'essuie d'un revers de main et m'allonge sur le côté, la télécommande en main.

...

Le bruit de la sonnette me tire de mon sommeil troublé. Je me lève difficilement, encore engourdi, et me dirige vers la porte.

Quand j'ouvre, je me retrouve face à Julie. Mon cœur rate un battement en voyant son ventre arrondi. L'angoisse se resserre autour de moi comme un étau. Je comprends instantanément la gravité de la situation. Julie est enceinte. Le choc et l'incrédulité m'envahissent alors que je tente de rassembler mes pensées.

- Dan est là ? demande Julie, sa voix tremblante trahissant son inquiétude.

Je reste figé un moment, l'esprit en proie à une panique grandissante. Mes mains tremblent alors que je fais un effort pour rester calme.

- Non, il est... pas là, dis-je d'une voix que je veux rassurante, mais je suis terrifié. Laisse-moi une minute, je vais l'appeler.

Je referme doucement la porte et me précipite vers le téléphone, le cœur battant à tout rompre. Je compose le numéro de Dan, chaque sonnerie amplifiant mon stress et mon inquiétude. Une peur sourde s'installe, me faisant réaliser que quelque chose de grave se prépare.

- Dan... s'il te plaît, réponds-moi, murmuré-je, ma voix presque inaudible sous le poids de la tension.

Je suis conscient que cette conversation pourrait marquer un tournant décisif. La peur et l'incertitude me submergent alors que j'attends une réponse, chaque seconde me rapprochant d'une vérité que je redoute.

- Allô, Gaby, dit-il d'une voix enjouée. Je te manque à ce point pour que tu m'appelles à sept heures du matin ?

- Dan, Julie est là. Tu devrais rentrer, c'est assez urgent.

- Quoi, Julie ? Mais pourquoi ?

- Dan, rentre s'il te plaît.

- Gabriel, je... euh. D'accord, je viens tout de suite.

- Merci, dis-je la voix à peine audible.

Je raccroche et laisse tomber mon bras, l'autre main sur ma hanche. Mon regard se perd dans le vide, je commence à m'imaginer une multitude de scénarios. Un bébé, Dan va être papa ?
Après avoir buggé quelques minutes, j'invite Julie à entrer et lui dis que Dan arrive dans une trentaine de minutes.

Le silence entre nous est insoutenable. Elle fixe la porte, attendant son arrivée, et moi je reste immobile, le cœur lourd, les pensées tourbillonnant sans cesse. J'essaye de rester calme, mais c'est difficile quand chaque seconde passée à ses côtés est emplie d'un malaise intense.

- Alors, Gabriel, commence Julie d'une voix acerbe, tu te sens bien, là ? J'espère que tu as bien profité de Dan... parce que tu dois te douter que c'est terminé maintenant, non ?

Je la fixe, choqué par la violence de ses mots, mais je ne réponds pas. Je serre les poings, tentant de ne pas réagir à ses provocations.

- C'est fini entre vous, continue-t-elle avec une amertume cruelle. Tu devrais lui demander où il était cette nuit, tiens.

Ses paroles me frappent en plein cœur. Une douleur sourde se propage en moi, mais je garde le silence, trop abasourdi pour répondre.

- Tu pensais vraiment que ça durerait, toi et lui ? Tu penses qu'il va rester avec toi maintenant qu'un enfant est en jeu ? dit-elle en souriant, presque satisfaite de voir mon malaise.

Je déglutis difficilement, sentant la panique monter. Elle me regarde, son regard lourd de mépris, comme si elle savourait chaque seconde où elle peut me voir souffrir.

- Je ne suis pas là pour le contrôler, Julie, je finis par dire d'une voix éteinte. Je veux juste ce qu'il y a de mieux pour Dan.

- Ce qu'il y a de mieux pour Dan ? ricane-t-elle. Regarde-toi ! Tu n'es rien pour lui. Rien ! Tu crois que tu lui suffis, mais tu sais très bien qu'il finira par revenir vers moi. Nous avons un lien que tu ne pourras jamais comprendre.

Je ferme les yeux, essayant de retenir les larmes qui me montent aux yeux et surtout la colère. Je sais que je ne devrais pas lui donner ce pouvoir sur moi, mais elle sait exactement où frapper. Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser.

Et alors, au moment où je pense que ça ne peut pas être pire, j'entends la clé tourner dans la serrure. Dan entre enfin, son visage tendu, mais il esquisse un sourire quand il me voit.

- Qu'est-ce qui se passe ? demande-t-il, refermant la porte derrière lui, son regard allant de Julie à moi.

Julie, sans perdre une seconde, décroise les bras et pose une main sur son ventre arrondi, révélant sa grossesse sans détour.

- Voilà ce qui se passe, Dan, dit-elle avec une froideur glaciale.

Dan reste figé, ses yeux s'écarquillant en voyant le ventre de Julie. Son regard vacille, il me lance un regard plein de confusion, puis repose son attention sur Julie. Le choc est palpable. Un silence assourdissant s'installe.

- Quoi... ? murmure-t-il, la voix tremblante.

Julie avance d'un pas, les yeux rivés sur lui, implacable.

- Je suis enceinte, Dan. C'est ton enfant, ton fils.

Je sens mes jambes fléchir sous moi, comme si le sol se dérobait. Tout autour de moi semble s'effondrer, et je me retrouve impuissant, spectateur d'un moment qui pourrait changer nos vies à tous.

...

🫰🏻🫰🏻