P3 - XIV.

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Je me trouvais toujours dans la maison du grand-père de Dan. Dan était parti depuis une bonne trentaine de minutes, me laissant seul avec mes pensées. Mon regard, perdu dans le vide, était tourné vers le sol. Je repensais à notre conversation, à cette réponse que j'avais donnée, presque machinalement. Pourquoi ai-je affirmé que Dan et moi n'étions que des amis, alors que mes sentiments vont bien au-delà de l'amitié ? Peut-être par peur. Peur de le perdre, de franchir une ligne qu'on ne pourrait plus reculer. Mais mentir à moi-même et à lui sur ce que je ressens me paraissait soudain insupportable. Je me trouvais face à un choix difficile : dois-je tout révéler, au risque de tout perdre, ou préserver cette amitié précieuse en dissimulant ce que je ressens vraiment ?

Je soupire, me levant pour aller récupérer ma veste. Juste à cet instant, la porte s'ouvre et le grand-père de Dan entre dans la pièce. Son regard est empreint de douceur et son sourire, chaleureux. Un instant de réconfort dans la tempête de mes pensées.

- Bonjour monsieur, je... je suis désolé pour le... le cambriolage, dis-je, gêné, en me grattant maladroitement la tête.

Il me scrute un instant, son regard balayant mes cheveux en bataille, mes piercings et mes tatouages, mais il ne montre aucun signe de jugement. Au contraire, il me sourit avec cette bienveillance naturelle qui émane de lui.

- Ne t'en fais pas, dit-il calmement. Tu sais, Dan a toujours eu ce don... celui de toucher profondément ceux qui l'entourent. C'est rare, de rencontrer quelqu'un comme lui, capable de laisser une empreinte aussi positive.

Je suis surpris par ses mots et je l'interroge du regard.

- Comment ça ?

- Eh bien, il sait comment apporter de la lumière dans la vie des autres, même dans leurs moments les plus sombres. C'est une qualité précieuse, tu sais. Il a toujours été là pour moi, même quand j'étais au plus bas.

Je baisse les yeux, pensant à Dan, à l'intensité de notre lien, à ce que je ressens vraiment pour lui, mais que je n'ai jamais osé dire. Le grand-père poursuit, pensif, comme s'il avait perçu mes tourments.

- Ta mère est passée ce matin. Elle voulait te voir, mais je lui ai dit que tu dormais encore, alors elle est repartie.

- Ma mère ? dis-je, surpris. Comment savait-elle que j'étais ici ?

- Peut-être que Dan lui a dit. Ou alors, une mère sait toujours où trouver son fils, non ?

Je réfléchis à cette réponse et hoche la tête lentement, encore troublé. Mais une chose est claire : Dan est vraiment à part. Je murmure, presque pour moi-même :

- Vous avez raison. Dan... il est différent.

Le grand-père acquiesce comme s'il comprenait tout, même sans que je n'aie à prononcer un mot de plus. Je me demande alors si mes sentiments sont si visibles, si transparents. Angelo perçoit ma réflexion et ajoute d'une voix douce, mais ferme :

- Tu comptes beaucoup pour lui, tu le sais, n'est-ce pas ? Ne laisse pas des non-dits vous séparer. Parfois, il vaut mieux tout révéler, même si cela comporte des risques, plutôt que de vivre dans le doute et la demi-vérité.

Je hoche la tête, touché par sa sagesse, mais aussi plus confus que jamais. Nous échangeons quelques mots légers, mais mon esprit reste embrouillé. Mon téléphone vibre soudain, brisant le fil de la conversation. Un message de Dan.

Lucas, rejoins-moi à mon appartement s'il te plaît.

Le message est bref, mais il dégage une certaine urgence, presque une panique cachée entre les mots. Je me lève brusquement, le cœur battant.

- Je dois y aller, dis-je en attrapant ma veste. Je vais retrouver Dan.

Je tente de sourire pour masquer mon inquiétude, mais le grand-père semble comprendre que quelque chose ne va pas.

...

Quelques minutes plus tard, je me retrouve à l'appartement de Dan. En entrant, je découvre un silence oppressant. L'endroit est vide. Mon cœur s'accélère, et une vague d'inquiétude me submerge. J'appelle Dan plusieurs fois, lui envoie des messages, mais aucune réponse. La frustration monte en moi, alors je m'effondre dans le canapé, la tête entre les mains, cherchant une solution.

Je décide d'appeler Gabriel, même si nos rapports sont toujours teintés de tension. Il décroche au bout de quelques sonneries.

- Tu es avec Dan ? je demande, la voix tendue.

- Non, il doit être chez lui.

- J'y suis. Il n'est pas là.

Un court silence suit, avant qu'il ne réponde d'une voix pleine de ressentiment :

- J'arrive.

Quand Gabriel arrive enfin, je ressens un bref soulagement, vite balayé par l'expression de son visage. Sans un mot, il avance vers moi et me frappe violemment à la mâchoire. Je chancelle, choqué, le goût métallique du sang envahissant ma bouche. Avant que je puisse réagir, il me frappe à nouveau, cette fois avec une rage incontrôlée.

Je ne tente pas de me défendre. Quelque chose le pousse à bout, quelque chose que je ne comprends pas encore. Je me contente de bloquer son troisième coup en attrapant ses poignets, le maintenant fermement, mais sans violence.

- Gabriel, qu'est-ce qui te prend ? je lance, essoufflé.

Il se débat, son regard est déformé par la colère. Je le fixe, cherchant une explication dans ses yeux. Mais il garde le silence, son souffle court, ses muscles tendus sous ma poigne.

Puis, brusquement, il s'arrête et sort son téléphone de sa poche. Il me le montre. Sur l'écran, une photo de Dan et moi, assis sur le canapé du grand-père. Rien de particulièrement compromettant, mais assez pour que Gabriel soit en proie à la jalousie. Et honnêtement, je le comprends.

- J'en étais sûr, crache-t-il entre ses dents.

Le dégoût dans sa voix est palpable. Mon silence, mon absence d'explication... tout doit paraître suspect. Il tourne les talons et se dirige vers la porte, mais avant de sortir, il me lance d'une voix amère :

- Je pensais qu'on était amis.

La porte claque derrière lui, et je reste seul dans l'appartement. Je me sens pathétique. Mon silence n'a fait qu'alimenter sa colère. J'aurais pu dire quelque chose pour apaiser les choses, mais je n'ai rien fait. Peut-être qu'une part de moi est soulagée de le voir s'éloigner ? Cette pensée me dégoûte, me renforce dans l'idée que je suis un lâche.

Je ferme les yeux un instant, essayant de reprendre le contrôle de mes pensées. Il faut que je retrouve Dan. Mon téléphone vibre à nouveau.

Une nouvelle notification.

Dan vient de m'envoyer sa position.

...

🫰🏻
Passez une bonne soirée et une bonne nuit ! Merci pour vos commentaires (même si certains me détestent).

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant