P3 - XV.

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Je me précipite dehors, mon cœur battant à tout rompre, ne pensant qu'à une seule chose : retrouver Dan. Il n'est pas loin, à peine quelques mètres de son appartement, juste à côté, dans un parc. Je cours, jetant un coup d'œil à mon téléphone pour vérifier la direction.

Le parc est paisible malgré la fraîcheur du matin. Les arbres autour de moi s'élèvent, imposants, et je devine au loin un petit lac qui scintille sous les rayons timides du soleil. Mais mes yeux ne cherchent que lui, et enfin, je l'aperçois. Allongé sur l'herbe, une bouteille vide à ses pieds.

Après c'est moi l'alcoolique, je pense, un rire amer m'effleurant les lèvres, mais il ne dure qu'une fraction de seconde. En réalité, je suis apeuré de le voir comme ça. Je ralentis ma course en trottinant jusqu'à lui, puis je m'effondre à ses côtés, le souffle court et mes genoux tapant le sol.

Dan ne bouge pas. Son bras recouvre son visage, comme s'il voulait cacher ses larmes. J'hésite un instant avant de tendre la main et de lui toucher doucement l'épaule.

- Dan, eh... ça va ? dis-je, la gorge nouée par l'inquiétude.

Il ne répond pas vraiment, mais son pouce s'élève faiblement en signe d'acquiescement. Cependant, je vois bien ses épaules trembler légèrement sous les sanglots qu'il essaie de contenir. Il est dans tous ses états, et je ne sais pas quoi dire. Ça me brise le cœur, de le voir ainsi, de sentir son chagrin m'envahir sans avoir la moindre idée de comment l'aider.

- Dan... viens, on rentre, murmuré-je, attrapant doucement son avant-bras pour essayer de le tirer vers moi.

Il ne résiste pas, mais il ne se lève pas non plus. Au lieu de cela, il laisse sa tête tomber contre mon cou. Je suis surpris, presque déséquilibré, mais je m'assieds sur le sol à ses côtés et je l'entoure de mes bras, le serrant contre moi aussi fort que je le peux. Il semble se détendre un peu, mais son corps est pris de tremblements qui ne cessent pas.

Puis, dans un murmure étouffé, il lâche :

- Gabriel est parti, sa voix tremble, et... je vais être papa.

Ces mots me frappent de plein fouet. Je reste silencieux, abasourdi par ce qu'il vient de me dire. Gabriel est parti, ça je l'avais compris. Et... il va être papa ? Je ne sais même pas comment réagir à cette deuxième nouvelle. Une multitude de questions s'entrechoquent dans ma tête, mais ce n'est pas le moment pour moi de les poser. Dan est au bord du gouffre, et la priorité est de l'aider à s'en sortir.

Je le serre un peu plus fort, mon menton posé sur le sommet de sa tête.

- Je suis désolé... Mais je suis là, d'accord ? On va trouver une solution, ensemble, murmuré-je contre ses cheveux. Tu n'es pas seul.

Il tremble toujours dans mes bras, ses larmes mouillant mon sweat, mais je reste immobile, refusant de le lâcher. À ce moment-là, rien d'autre n'a d'importance que lui. Gabriel, Julie, l'enfant à venir... tout ça est immense, mais pour l'instant, je veux qu'il sache que je suis là, à ses côtés.

Après quelques minutes de silence, ses pleurs s'atténuent et il se redresse légèrement, essuyant ses yeux du dos de la main. Il semble perdu, dévasté. Voir un homme pleurer, c'est bouleversant... voir Dan pleurer, c'est encore plus insoutenable.

- Tout est un putain de chaos, Lucas... Gabriel a reçu une photo. Une photo de nous deux, toi et moi. Il a cru qu'on... qu'il se passait quelque chose. Il est parti à cause de ça. Et maintenant... Julie, elle...

Et là, ça me frappe comme une gifle en pleine figure. Le grand-père de Dan m'a dit que ma mère était passée ce matin. Elle est venue pendant que je dormais encore. Mon estomac se noue, et une vague de colère monte en moi. C'était elle. Ma mère. Elle est venue, elle a pris cette photo, et elle l'a envoyé à Gabriel. Mais pourquoi ?

Je prends une profonde inspiration, essayant de maîtriser mon visage, de ne pas laisser paraître mon agitation. Dan est déjà au fond du trou, inutile de l'effrayer davantage.

- Écoute, Dan... ne pense plus à ça pour l'instant, d'accord ? On va rentrer chez toi, tu as besoin de te reposer. Tu ne peux pas rester ici comme ça, en plus ça caille.

Je me lève, l'aidant doucement à se mettre debout. Il vacille un peu, titubant sous l'effet de l'alcool, et je le soutiens, mon bras passé autour de sa taille. Mais à peine avons-nous fait quelques pas qu'il se penche en avant et vomit bruyamment sur l'herbe.

- Merde... soufflé-je, serrant les dents. Ça va aller.

Je lui tapote le dos, essayant d'être là pour lui, mais je suis assez nul pour ce genre de chose. Il se redresse, le visage livide, et je l'entraîne avec précaution hors du parc, tout en essayant de ne pas penser à ce que je viens de comprendre. Je ne peux pas lui dire maintenant que c'est ma mère qui a provoqué tout ce bordel.

Sur le chemin, Dan est à moitié conscient, murmurant des choses que je n'arrive pas toujours à comprendre. Quand on arrive enfin à son appartement, je l'accompagne directement dans la salle de bain.

- Allez, prends une douche, Dan. Ça va te faire du bien, dis-je en l'accompagnant jusqu'à la cabine de douche.

Dans la salle de bain, l'air est humide et lourd. Je guide Dan jusqu'à la douche, l'aidant à se stabiliser alors qu'il titube, encore pris par l'alcool. Ses mouvements sont lents, maladroits. Il essaie de déboutonner sa chemise, mais ses doigts semblent incapables de suivre les ordres de son cerveau.

- Putain, j'en suis vraiment incapable... murmure-t-il en riant doucement, un rire désespéré.

Je soupire légèrement, le regardant avec une pointe d'amusement malgré la situation. Sans un mot, je me rapproche et commence à déboutonner sa chemise. Nos gestes sont mécaniques, mais une tension palpable monte entre nous.

- Tu sais... si j'avais su que tu me déshabillerais un jour, j'aurais pris une meilleure chemise, plaisante-t-il, sa voix un peu rauque, teintée d'un sourire triste.

Je lâche un rire, essayant de détendre l'atmosphère, bien que quelque chose de plus profond s'agite en moi. Nos yeux se croisent, et une seconde s'étire dans un silence chargé de sous-entendus.

- Et moi, j'aurais prévu des gants... je réponds, un sourire narquois aux lèvres, mais ma voix sonne plus douce que prévu. Mes mains continuent leur travail, mais elles semblent soudain plus conscientes de chaque bouton, chaque contact de sa peau contre mes doigts.

Dan rit faiblement, mais dans son regard, une lueur plus grave s'allume. Ses yeux s'accrochent aux miens, comme s'il cherchait quelque chose, une réponse, un signe. Je le fixe en retour, essayant de ne pas céder à cette étrange attraction qui flotte entre nous, une attraction que nous ignorons quelques temps et qu'il faut continuer d'ignorer. Je crois.

Nos respirations se synchronisent. Je finis de retirer sa chemise et mes mains descendent lentement vers la ceinture de son pantalon, mes doigts effleurant à peine sa peau. Chaque geste devient soudain plus intime, plus compliqué à gérer. Je sens la chaleur monter en moi, mais je refuse de céder.
Respire, ça va aller.

Dan, lui, semble le sentir aussi. Il détourne le regard, rompant enfin ce fil invisible qui nous tenait suspendus. Puis il attrape mes poignets une fois sa braguette descendue, il vacille légèrement.

- Je sais que tu en rêves, mais je vais finir seul, lâche-t-il, un sourire épuisé aux lèvres, essayant de rendre la scène moins pesante. Merci, Lucas.

Je ris doucement, mes épaules se détendant un peu.
Oui, je crois que j'en rêve.

- Avec plaisir, Dan.

Pendant un instant, je reste là, planté à côté de lui, mon regard se perdant dans ses yeux noirs. Je réalise à quel point il est vulnérable en ce moment. Et ça me touche plus que je ne veux l'admettre.

Finalement, je me détourne, quittant la salle de bain pour le laisser seul.

...

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant