XXVII.

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Dan conduisait en direction de Paris, l'esprit tourmenté mais plus léger qu'à l'aller. Quelqu'un était de son côté, pour la première fois.
Une réunion avait lieu ce matin, elle réunissait les principales figures des partis RN et Ensemble. Ils devaient discuter des stratégies politiques pour les mois à venir.

Il arriva au siège du parti Ensemble, il se gara et inspira profondément plusieurs fois avant de sortir de sa voiture. Peu importe ce qu'il l'attendait, chaque possibilité était une épreuve à surmonter.

Son téléphone se mit à vibrer alors qu'il poussait la porte du building. Il glissa sa main au fond de sa veste et décrocha sans même regarder le nom qui s'affichait à l'écran.

- Dan, fais demi-tour !

Il tourna les talons et vit une main gigoter au loin. Une femme, élégante et élancée, secouait sa main avec un sourire affectueux.

- Marie ! Dit-il surpris mais rassuré de voir un visage familier avant d'aller sur le ring.

Il trottina, n'ayant pas une minute à perdre, en direction de la cinquantenaire. Il arriva à sa hauteur et l'embrassa sur le joue avant de la prendre dans ses bras.

- Mon petit Dan, tu as l'air en meilleure forme ! Dit-elle le contemplant.

- Oui, j'ai finalement digéré ce foutu truc. Dit-il en fuyant son regard.

L'œil au beurre noir de Dan avait disparu et ses poches étaient moins importantes. Il affichait une allure fière et décontractée malgré son état mental qui était tout l'opposé.

- Un café ? Proposa-t-elle le sourire aux lèvres.

- Avec plaisir.

Ils s'enfoncèrent dans les ruelles parisiennes, le soleil cognant sur leurs crânes. Dan ferma les yeux de temps en temps, l'impression que le soleil lui redonnait les forces qu'il avait égaré.

Un cappuccino à la main, ils discutèrent des différentes propositions qu'il avait exposé à Gabriel.

- Il faut que tu insistes sur la préférence nationale Dan. Il faut prioriser l'embauche des citoyens français dans les secteurs publics et privés. Dit-elle la voix pleine de conviction.

Dan soupira et s'ajusta sur sa chaise.

- Je sais déjà ce que Gabriel Latta va répondre. Il se racla la gorge et prit une voix différente pour imiter Gabriel :
- Je comprends que la protection de l'emploi soit une préoccupation importante à vos yeux mais je crains qu'une telle mesure provoquerait des divisions sociales.

Marie se redressa à son tour et tapa des mains sur la table.

- Justement ! Tu proposes des ajustements, comme une priorité temporaire dans certaines régions particulièrement touchées par le chômage.

Elle le regarda, les yeux emplit d'assurance.

- Dan, j'ai vu comment il te regardait, tu l'as dans la poche ! Il va accepter tous nos projets, il faut juste être malin.

Elle se calma et prit une gorgée de son cappuccino.
Dan la regardait attentivement, pleins de pensées lui traversaient l'esprit. Puis il se lança, pensant que c'était le bon moment pour lui avouer toutes ses craintes :

- Marie, il faut que je te parle.

Elle s'arrêta net, ses yeux oscillants entre son œil gauche puis le droit. Elle gigotait sur sa chaise, arrêtant seulement pour boire une gorgée de son café. Dan avait l'impression d'être en face d'une hyper-active.

- Je ne veux...

Elle le coupa net, attrapant son téléphone qui venait à peine de se mettre à vibrer.

- C'est mon père ! Dit-elle excitée. Il doit sûrement se demander comment je forme le petit Dan pour mener le RN vers la victoire !

Elle se leva un sourire encore plus grand sur les lèvres. Et elle chuchota :
- Excuse-moi ! On se retrouve après la réunion.

Elle s'éloigna à une vitesse fulgurante et Dan murmura, avant de prendre une gorgée de son cappuccino :
- Génial. Tu lui passeras le bonjour. Oui bonne après-midi à toi aussi. Non t'en fais pas on reparle plus tard.

Il secoua la tête et se leva, peu importe l'importance que Marie avait décidé de lui donner ou pas, il devait se rendre à cette foutue réunion.

Il marcha jusqu'à la porte d'entrée du building, cette fois-ci il la franchit contemplant le hall qui était gigantesque et très lumineux.
Un doux parfum s'en dégageait rendant le voyage jusqu'à la salle de réunion presque agréable.

En entrant dans la salle, Dan sentit immédiatement le regard perçant de Gabriel. Ce dernier se tenait droit, les bras croisés, dissimulant tous les sentiments qu'il pouvait ressentir.
Dan prit son courage à deux mains et leva la tête vers lui, leurs regards bloquèrent quelques secondes et Gabriel engagea un signe de tête.
Dan, tentant de garder son calme lui offrit un bref hochement de tête, tout en détournant rapidement le regard, perturbé.

La réunion commença, Stan le fiancé de Gabriel, l'un des nouveaux leaders du parti Ensemble, exposa les enjeux politiques.
Dan se força à se concentrer mais chaque mouvement que faisait Sam lui provoquait un frisson de peur, écoutant la réunion par intermittence.

- Il est important de réévaluer notre stratégie sur les alliances internationales. La stabilité régionale est essentielle. Lança Stan d'un ton affirmé.

Dan tapotant sur la table depuis le début de réunion s'efforça de paraître investi, au risque de dire n'importe quoi :
- Peut-être devrions-nous aussi envisager des politiques plus inclusives pour les minorités. Ça renforcerait notre image de parti ouvert et progressiste.

À ces mots, Sam qui se trouvait en face de Dan leva les yeux vers lui, quittant ses notes. Un sourire ironique se dessina sur ses lèvres et avec une voix douce il répondit :
- Dan, toujours si soucieux d'inclusivité. Il serait sage de ne pas oublier que notre base électorale principale tient fermement à des valeurs très traditionnelles.

La remarque de Sam portait un sous-entendu lourd, Dan sentit une bouffée de chaleur l'envahir, l'humiliation montant en lui. Mais il se contenta d'un hochement de tête avant de replonger la tête dans ses notes, évitant le regard de quiconque.

- Nous pouvons explorer des initiatives inclusives tout en respectant vos principes. Intervint Gabriel voulant apporter un peu de soutien à Dan.

Ce dernier leva les yeux vers Gabriel, sa respiration s'arrêta un instant, il était si difficile pour lui de le regarder sans se perdre dans ses yeux noisettes. Il lui esquissa un léger sourire en guise de remerciements.

La réunion toucha à sa fin. L'atmosphère était tendue, les discussions politiques avaient laissé place à des échanges plus subtils. Dan resta assis à la table, les observant se dispatcher dans la pièce. Plus il restait là, plus le danger s'intensifiait.

Soudain, Gabriel fit tomber un dossier devant les yeux de Dan. Celui-ci s'empressa de se lever pour l'aider, chaque feuille ramassée était un regard lancé à Gabriel. Un regard emplit de désir qu'il n'arrivait pas à contrôler malgré les barrières qu'il tentait de mettre entre-eux.

Le Premier ministre, avec une discrétion calculée glissa un petit morceau de papier dans la main de Dan. Un frisson lui parcourut le corps entier, des orteils jusqu'à la tête.
Dan ne put contenir son sourire, il n'avait pas tout foutu en l'air, peu importe le contenu du mot.

...

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant