Partie 3 - I.

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4 mois après l'incident.

- Laisse-moi goûter, idiot, dis-je en attrapant sa cuillère des mains.

Il ne résiste pas, affichant même ses petites fossettes. Ça me fait plaisir de lui arracher quelques sourires, surtout depuis l'accident... Les récents événements l'ont rendu plus difficile à dérider. Mais je suis là, chaque jour, pour l'épauler et je serai là aussi longtemps qu'il le faudra.

- Alors ? demande-t-il d'une voix rauque.

- Franchement, tu devrais arrêter de cuisiner... Sérieux, je vais commander un Uber, dis-je sur un ton moqueur.

- T'es pas drôle, Lucas. C'est comme ça que tu remercies l'homme qui te nourrit tous les soirs ? réplique-t-il en reprenant la cuillère de mes mains.

Pris d'un élan de courage, et parce que j'aime le taquiner ainsi depuis quelques semaines, je réponds :

- J'ai d'autres façons de remercier les hommes qui me font à manger, dis-je en le bloquant contre le bar de la cuisine, une main de chaque côté de ses hanches, mais tu n'as pas l'air d'en avoir envie.

Mais cette fois, ce soir, sa réaction est différente. Il me regarde, et je vois bien qu'il ne simule pas un air de dégoût. Je suis presque sûr que ses yeux se sont attardés sur mes lèvres. Merde. Maintenant, c'est moi qui suis mal à l'aise. Je déglutis, sentant ma pomme d'Adam monter et descendre. Il me regarde droit dans les yeux, ses pupilles noires me transpercent. Je ne sens plus mes jambes, il me déstabilise... Mon meilleur ami me déstabilise. Il se racle la gorge et secoue la tête comme s'il réalisait ce qu'il venait de faire. Il saisit mon avant-bras pour se dégager.

- Arrête tes conneries, je vais finir par croire que c'est vraiment ce que tu veux, lance-t-il.

Peut-être bien, Dan.

- J'arrête mes conneries, chef. Des nouvelles de Julie ?

- Non, je dois passer la voir demain matin. Ça ne devrait pas prendre longtemps, c'est juste une visite de routine.

Je ne réponds pas et le scrute. Son visage s'assombrit dès que j'ai prononcé son prénom. Elle est la cause de ses problèmes, et moi, je suis la seconde.

Dan et moi, on s'est beaucoup rapprochés après l'incident. Il est devenu mon meilleur ami. Nos activités, même les plus quotidiennes, se font toujours ensemble. Il est la première personne que je vois le matin et la dernière le soir, excepté les soirs où je m'autorise une petite folie. Cette folie s'appelle tantôt Justine, tantôt Eva, tantôt Pierre... ça dépend de mes envies.

Quelques jours après l'incident.

- Lucas, chéri, je suis tellement désolée, dit-elle, les yeux rivés sur moi, balayant mon corps et mes blessures.

- Maman, tu n'y es pour rien. C'est de ma faute, j'ai été... stupide.

Un silence lourd s'installe entre nous. Elle sait exactement à quoi je pense, mais j'ai peur de poser la question. Et le fait qu'elle n'engage pas la conversation m'effraie encore plus. Je prends une grande inspiration avant de marmonner :

- Ils... Ne me dis pas qu'ils sont... morts.

Ce dernier mot est difficile à prononcer, même s'il fait partie de mon quotidien et qu'il ne me lâchera jamais.

- Non, dit-elle, son visage s'illuminant. Dan est en vie, grâce à toi. Si tu ne lui avais pas fait de massage cardiaque, il serait mort.

J'ai sauvé Dan. Putain ! Dan est en vie. Je retiens mon souffle une seconde fois.

- Et Gabriel, il va bien ?

- Oui, il est plongé dans un coma artificiel pour une guérison optimale.

Je laisse tomber ma tête en arrière et soupire, un bon gros et long soupir. J'ai l'impression d'avoir inspiré tout l'air de la pièce pour le relâcher à ce moment-là. Mais ce n'est pas assez pour exprimer ma joie, alors je lève les bras et hurle, tant pis si je réveille tout l'hôpital.

- PUTAIN ! OUAIIIIIIIIIS !

Ma mère se lève et agite les mains avant de les poser sur ma bouche, les yeux écarquillés.

- Non mais ça va pas, Lucas ! Tu n'es pas tout seul.

- Pardon, dis-je en lui montrant toutes mes dents, mais je suis trop heureux. Je veux voir Dan, dans quelle chambre est-il ?

Je me lève sans attendre sa réponse, et c'est à ce moment que je remarque mes blessures. Mon torse est entièrement bandé et ça me fait un mal de chien. Mais ça m'est égal, je veux le voir. J'attrape la tige qui soutient les perfusions et me dirige vers la porte.

- Lucas, attention ! Dit ma mère en se levant pour me suivre.

Je suis déjà dehors, dans ce long couloir d'hôpital où toutes les portes sont fermées. Quelques personnes sont assises sur les chaises devant les chambres, et ils posent tous les yeux sur moi. Trois théories : soit je suis trop beau gosse, soit ils m'ont entendu hurler, soit mes bandages sont effrayants.

Je fais deux pas, puis je le vois sortir en trombe d'une des chambres. Il tient sa perche comme moi, et il m'affiche encore une fois ses plus belles fossettes. Putain, qu'est-ce que je suis heureux de le voir. Je le contemple alors qu'il s'approche de moi. Il me regarde droit dans les yeux et marche tellement vite que j'ai l'impression, l'espace d'une demi-seconde, qu'il va me coller un pain. Mais non, il m'attrape et me tire contre lui, me serrant de toutes ses forces, la tête enfouie dans mon cou.

- Merci, Lucas... Merci de m'avoir sauvé, il marque une pause, ses mains me serrant un peu plus. Tu nous as sauvés.

- Arrête... dis-je, gêné, mais mes bras s'enroulent autour de lui et mon corps se relâche dans ses bras. Je me détends et profite de chaque seconde avant d'ajouter : - Gabriel n'est pas encore tiré d'affaire.

- Si, Gabriel va bien ! Ils viennent de le réveiller, on est tous les trois en vie.

Je m'écarte un peu, masquant la douleur qui traverse mon corps, et je le regarde, m'assurant qu'il ne plaisante pas. Ce n'est pas son genre.

Gabriel est vivant.
Dan est vivant.
Je suis vivant, putain !

...

Petit chapitre pour vous rassurez, à bientôt 🫰🏻.

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant