P3 - XXII.

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Je sors de la maison, la porte claque derrière moi, résonnant dans le silence de la nuit. L'air frais s'engouffre sur mon visage, mais rien ne calme l'incendie qui brûle en moi. Je marche vite, trop vite, mon souffle court, mes yeux picotant, mais je refuse de laisser les larmes couler. Pas maintenant. Pas ici. Pas devant eux.

Les mots de ma mère résonnent encore dans ma tête, tournant en boucle comme une mélodie toxique, impossible à faire taire.

Si tu parles, je détruis la carrière de Dan. Ne me sous-estime pas. Je peux tout réduire en cendres.

Je sens ma gorge se nouer, mes doigts se serrent autour des clés de ma voiture. Chaque pas me rapproche de la sortie, presque hors de portée de son venin. Mais ces mots me collent à la peau, comme du goudron brûlant, me pesant à chaque pas. Et putain, pourquoi ai-je garé la voiture si loin ? J'ai l'impression d'être piégé dans un cauchemar où je n'arrive jamais à avancer.

Puis, je l'entends. Des pas rapides derrière moi. Mon cœur rate un battement. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que c'est lui. C'est Dan.

Je marche plus vite, mes jambes lourdes, luttant contre l'envie de m'arrêter. Pas maintenant. Pas devant lui.

- Lucas ! Attends ! crie Dan, essoufflé, essayant de me rattraper.

Je serre les dents, les muscles tendus. Je ne veux pas l'entendre. Je ne veux pas parler. Si je m'arrête, tout va éclater, tout va s'effondrer. Il va voir. Il va tout voir – la douleur, la honte, et cette foutue vérité qui me ronge depuis si longtemps.

Mais il court plus vite que moi. Avant que j'atteigne la voiture, je sens sa main agripper mon bras, me forçant à me retourner.

- Lucas... qu'est-ce qui se passe ?

Je secoue la tête, refusant de croiser son regard. Mon souffle est haché, mes poumons en feu, mais je ne peux pas parler. Pas encore. Parce que si je laisse sortir ne serait-ce qu'un mot, il n'y aura pas de retour en arrière. Tout volera en éclats.

- Dis-moi ! insiste-t-il, sa voix plus forte, presque suppliante. Qu'est-ce qu'elle a fait ?

- Dan, laisse-moi... murmuré-je d'une voix tremblante. Tu ne veux pas savoir.

Mais il ne lâche pas. Il ne me laissera pas fuir cette fois. Il veut des réponses, des vérités que je suis incapable de lui donner.

- Lucas, regarde-moi ! ordonne-t-il, la voix pleine de frustration.

Je serre les dents, tentant de ravaler les larmes qui menacent de jaillir et lève brièvement les yeux vers lui.

- Lâche-moi, grondé-je, ma voix à peine contrôlée.

- Non. Pas tant que tu ne parles pas.

- Putain, Dan... Lâche-moi !

- Qu'est-ce que tu vas faire ? dit-il s'avançant d'un pas, son visage à quelques centimètres du mien. Son regard est dur, mais je sais qu'il ne me frappera jamais.

Je le fixe en silence, tentant de maîtriser ma respiration, d'étouffer le volcan qui gronde en moi. Mais c'est difficile, d'autant plus quand ses doigts effleurent ma mâchoire, redressant doucement ma tête vers lui.

- Je te lâcherai pas, répète-t-il avec une voix plus douce.

Je me fige. Mon cœur bat à tout rompre. C'est le moment que je redoutais depuis des semaines.

J'écarte ma tête, m'éloignant d'un pas, j'ai besoin d'espace. Les mots sont bloqués dans ma gorge, coincés entre mon cœur et mon esprit. Mais il faut que ça sorte. Il faut que je lui dise.

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant