P3 - XXVIII.

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Je regarde Lucas se lever brusquement et ordonner à Matthieu de le suivre dehors. J'avoue que je ne m'attendais pas à ça, pas de sa part. Lucas a toujours été direct, parfois même un peu brut, mais là... C'est comme s'il venait de nous offrir exactement ce dont Dan et moi avons besoin : un moment, seuls, pour parler.

Je jette un coup d'œil à Dan, mais c'est Lucas qu'il regarde, avec cette expression que je connais trop bien. Une lueur dans les yeux, pleine de tendresse, de reconnaissance même. Ça me frappe en plein cœur. Lucas comprend Dan. Peut-être mieux que je ne l'ai jamais fait.

Quand ils quittent la table, je me tourne enfin vers lui. L'atmosphère entre nous est étrange, pleine de ces non-dits qui flottent depuis trop longtemps.

- Étrange de la part de Lucas... je le pensais pas comme ça, dis-je, brisant enfin le silence.

Dan sourit légèrement, presque imperceptiblement.

- Il est très surprenant, en effet, répond-il en haussant un peu les épaules.

Je le regarde attentivement, tentant de percer ce qui se cache derrière ses mots.

- Comment tu vas, Dan ? Comment tu vas vraiment ? je demande, et cette fois, ma voix se fait plus douce, plus sincère.

Il esquisse un sourire qui ne parvient pas à ses yeux.

- Je vais bien, Gabriel, sauf... sauf que la trahison de Marie a encore du mal à passer. C'était comme ma mère... tu sais. Et la grossesse de Julie... c'est... compliqué.

Je reste silencieux un instant. Je savais que ça pesait sur lui, mais l'entendre le dire à voix haute, c'est différent. Ça rend les choses plus réelles, plus lourdes. Je fronce légèrement les sourcils.

- Tu es sûr, Dan ? Tu as vraiment fait un test pour en être certain ? Pour Julie ?

Dan me regarde, surpris. Il soupire, l'air fatigué.

- Elle m'a montré les papiers... ça semblait vrai, dit-il, mais je perçois une légère hésitation dans sa voix, comme s'il n'était pas complètement convaincu lui-même.

Je pose une main sur la table, près de la sienne, mais sans oser le toucher. Il faut qu'il reste prudent.

- Fais attention, Dan. T'es pas obligé de tout prendre pour argent comptant.

Il baisse les yeux vers nos mains, puis, en relevant la tête, il me fixe. Un silence s'installe, et je sens mon cœur battre un peu plus vite. Avant que je ne puisse me retenir, les mots sortent, doucement, presque sans que je le réalise.

- Tu me manques, Dan.

Il cligne des yeux, et pour la première fois de la soirée, il semble réellement déstabilisé. Il ne sait pas quoi dire. Le silence est lourd, comme une pluie prête à tomber.

- Toi aussi, murmure-t-il enfin.

Mais je le connais. Je vois dans ses yeux que ce n'est pas de la même manière. C'est différent. Alors je le lui demande, droit dans les yeux, sans détour.

- Tu l'aimes, pas vrai ?

Il se redresse légèrement sur sa chaise, visiblement mal à l'aise. Mais il sait qu'il ne peut pas mentir.

- Oui, Gabriel. Je l'aime, dit-il, et même si je m'y attendais, l'entendre le dire fait mal. Mais Dan continue, et je me force à l'écouter.

- Avec lui, tout est simple. Il me comprend sans que j'aie besoin de parler. Il voit des choses dans mes regards, il devine mes pensées, mes craintes... Et il rend tout ça tellement facile. Avec Lucas, j'arrive à accepter ce que je suis, tout ça... naturellement.

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant