P2 - XIV.

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Je suis appuyé contre le comptoir, un café brûlant entre les mains, écoutant d'une oreille distraite Marie parler de la dernière interview qu'elle a donnée. La télévision diffuse un hommage à Alain Delon, une annonce que je trouve particulièrement émouvante. Lucas est perché sur le plan de travail, les jambes balançant dans le vide. Il semble à l'aise partout, toujours prêt à lancer une remarque cinglante ou à plaisanter.

Soudain, Dan déboule dans la cuisine comme un fou. Je me retourne brusquement, le cœur battant. Il est torse nu, à moitié essoufflé, les yeux écarquillés de panique.

- Dan, ça va ? dis-je en posant ma tasse sur le comptoir, prêt à m'élancer vers lui.

- Tiens, tiens, voilà notre héros ! dit Marie, un sourire tranquille aux lèvres.

Dan secoue la tête, encore perdu dans son souffle court, la main sur la poitrine. Je m'approche de lui, cherchant à capter son regard. Je comprends immédiatement ce qu'il ressent. Il a dû craindre que je sois parti comme je l'avais laissé entendre la veille, en faisant allusion à un possible retour auprès de Stan. Mais après la nuit que nous avons passée ensemble, je n'avais pas l'intention de l'abandonner. Sa présence, son soutien, m'ont apporté une sécurité que je ne veux pas perdre.

Lucas, qui ne manque jamais une occasion de se faire remarquer, se penche en avant, fixant Dan avec un sourire en coin. Son regard traîne sans vergogne sur son torse nu.

- Eh ben, pas mal comme vue pour le matin, siffle-t-il de manière exagérée. C'est qu'il a de quoi faire, notre Dan...

Je me mords l'intérieur de la joue, réalisant à quel point je suis tendu. Le sang me monte à la tête. Dan se tient droit, la tête légèrement inclinée et les joues teintées d'un léger rouge.

- De ce que j'ai entendu la nuit dernière... ça avait l'air vraiment intense, ajoute Lucas en gloussant. Sérieux Gabriel, t'avais l'air de bien t'amuser.

Marie éclate de rire, tentant de briser la tension. Elle attrape Lucas par le t-shirt et le fait asseoir à côté d'elle, comme pour le calmer.

- Ne l'écoutez pas, lance-t-elle. Il est incorrigible.

Je sens mes mâchoires se crisper malgré moi. La honte me submerge. Les insinuations de Lucas sont non seulement déplacées mais aussi gênantes. Je lui lance un regard noir, espérant qu'il capte le message, mais il semble parfaitement insensible.

Dan, lui, joue l'indifférence. Il se tourne vers moi, approche lentement et frôle ma main avec la sienne avant de me chuchoter à l'oreille :

- Ignore-le.

Il contourne le plan de travail pour s'asseoir en face de Marie et Lucas. Je le rejoins, m'asseyant sur la chaise d'à côté, tentant de cacher mon agitation. Marie se tourne vers moi, son sourire toujours en place, avant de se tourner vers Dan.

- Bon, revenons aux choses sérieuses. Ce soir, c'est le grand débat. Dan, tu es sûr d'être prêt ?

- Je suis prêt. Je dois l'être, répond-il en prenant une gorgée de café.

Marie fronce légèrement les sourcils, visiblement préoccupée.

- Tu sais, je peux y aller à ta place. Je suis parfaitement prête, et ça te permettrait de te reposer un peu avant demain.

- Elle a raison. Si tu ne te sens pas à 100%, on pourrait jouer la sécurité. Marie est plus que capable de gérer, dis-je, essayant de cacher mon inquiétude.

Dan secoue la tête immédiatement, ses yeux brillants d'une détermination qui me touche mais m'inquiète en même temps. Les souvenirs de sa douleur d'hier soir me reviennent en tête.

- Non. C'est mon rôle. Ce débat est crucial, et je ne peux pas le laisser à quelqu'un d'autre. J'ai été suffisamment absent ces derniers jours.

Il est têtu. Trop têtu. Mais c'est aussi ce qui me plaît chez lui. Malgré tout, une boule d'anxiété se forme dans mon estomac. Je perçois qu'il y a quelque chose qui ne va pas, quelque chose que même son obstination ne peut dissimuler.

...

L'après-midi se passe chez Marie, mais l'atmosphère est pesante. Nous traînons tous les deux dans la maison, et il y a des regards furtifs, des sourires discrets et une tension palpable. Lucas est encore là, bien trop présent à mon goût, multipliant les commentaires comme pour nous rappeler qu'il observe tout.

Je ne cesse de surveiller Dan, cherchant des signes de mal-être. Chaque fois qu'il grimace légèrement ou qu'il porte une main à sa tête, mon cœur se serre. Il essaie de faire bonne figure, mais je ne suis pas dupe. Il souffre encore de cette migraine qui l'a terrassé cette nuit. Je l'observe en silence, essayant de ne pas paraître trop intrusif, mais je suis profondément inquiet.

Lorsque Lucas s'éclipse enfin pour prendre un appel, Dan se rapproche de moi. Nous sommes seuls dans le salon, la lumière du jour se reflétant sur les murs pâles. Je me tourne vers lui, espérant capter son regard, mais c'est lui qui me regarde déjà.

- Ça va ? demandai-je doucement.

Il me regarde avec un petit sourire fatigué. Ses yeux s'adoucissent alors qu'il se penche vers moi. Je sens sa chaleur, son odeur qui m'enveloppe, et c'est tout ce dont j'ai besoin. Mon souffle se coupe alors qu'il se rapproche encore. Avant que je puisse réaliser ce qui se passe, il m'embrasse. Ce n'est pas un baiser rapide ou discret. Non, c'est un vrai baiser, celui qui exprime qu'il est là, qu'il me veut. Sa main se pose sur ma nuque, me tirant plus près de lui alors qu'il pose un genou sur le canapé.

Je m'abandonne à cet instant, oubliant pour un moment toutes mes inquiétudes. Quand il se recule, je vois son sourire satisfait. Lucas est revenu dans la pièce, et je capte son regard amusé.

- Oh, comme c'est mignon, lance Lucas. Vous me faites presque bander, putain.

Je lui lance un regard noir mais Dan semble indifférent, voire fier. Pour une fois, il ne se cache pas. Il assume, et ça me rassure plus que je ne pourrais l'exprimer.
...

Le grand moment est arrivé. Dan est sur le plateau, prêt à affronter ce débat crucial. Nous sommes restés chez Marie avec Lucas, les regards rivés sur l'écran de télévision. Au début, tout semble se dérouler comme prévu, mais je ressens quelque chose de différent.

Je me cale un peu plus confortablement dans le canapé, mais une sensation de malaise grandit en moi. Dan commence à parler plus lentement, hésitant. Mon estomac se noue. C'est subtil, presque imperceptible, mais je le connais trop bien pour ne pas remarquer les signes. Il grimace légèrement, porte brièvement une main à sa tempe, avant de se forcer à continuer.

- Tu trouves pas qu'il a l'air... bizarre ? demande Lucas à côté de moi, ses yeux plissés d'inquiétude.

Je hoche la tête, incapable de répondre tout de suite. Une peur croissante m'envahit, plus lourde à chaque seconde.

...

Bon dimanche les gars 🫰🏻.

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant