P3 - XVI.

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Finalement, je me détourne, quittant la salle de bain pour le laisser seul.

Dans la cuisine, je m'efforce de me concentrer sur la préparation de quelque chose à manger. L'omelette simple que je prépare semble dérisoire face au chaos qui agite ma tête. Quand il sort enfin de la douche, l'air un peu plus sobre, mais encore fragilisé, je l'installe à table et lui ordonne de manger. Il obéit, mais son esprit est loin.

Je l'observe. Dan est là, à quelques centimètres de moi, mais il me semble si loin. Et moi, je suis là, essayant d'agir comme un roc, stable et fort pour lui. Pourtant, à l'intérieur, tout vacille. C'est étrange, depuis que je le connais, j'ai appris à être quelqu'un d'autre. À contrôler ce que je ressens, à rester calme, même dans les tempêtes.

Avant lui, j'étais différent. Colérique, imprévisible, je réagissais toujours au quart de tour. Les disputes avec ma mère, les crises de colère, c'était mon quotidien. Mais avec Dan... je ne sais pas, je me sens... apaisé. Comme si, en étant à ses côtés, j'avais appris à maîtriser ce feu en moi.

Il prend une bouchée, puis une autre, mais je vois bien qu'il n'a pas vraiment faim. Il est ailleurs, complètement perdu dans ses pensées. Finalement, il s'effondre littéralement sur la table, trop épuisé pour tenir.

Je l'aide à se lever et à aller se coucher. Je le borde, inquiet de le laisser seul. Il a trop bu, et j'ai peur qu'il vomisse pendant son sommeil. Alors je reste là, assis à côté de lui, veillant sur lui alors qu'il s'endort.

Une fois que je suis certain qu'il dort profondément, je sors mon téléphone. Mon pouce glisse sur l'écran, hésitant un instant. Je dois prévenir Gabriel que Dan va bien, même si je ne sais pas comment il va réagir. Finalement, je tape un message et j'appuie sur « envoyer » avant de pouvoir changer d'avis.

Je l'ai retrouvé. Il va bien, au cas où ça t'intéresse encore.

Aussitôt envoyé, je regrette mes mots. C'était mesquin, injuste, quel con je fais !
Je sais que Gabriel a souffert, que recevoir cette photo a dû le briser. Je n'aurais pas dû l'attaquer de cette manière. Je m'en veux. Pourquoi je n'arrive pas à me mettre à sa place... mes sentiments me rendent égoïste.

Et puis, il y a ma mère. La colère monte en moi. Comment a-t-elle pu faire ça ? Comment a-t-elle osé s'immiscer dans ma vie de cette manière, détruire tout ce que Dan et Gabriel avaient ? J'ai envie de la confronter immédiatement, mais je ne peux pas laisser Dan seul.

Je passe l'après-midi à veiller sur lui, guettant le moindre signe de détresse, mais finalement il dort paisiblement. Ce n'est qu'en fin de soirée qu'il commence à bouger. Il se réveille lentement, les yeux gonflés, l'air dévasté.

- Lucas ? murmure-t-il, encore à moitié endormi.

Je me redresse instinctivement, mon regard bleu se posant sur lui avec une douceur que je ne parviens pas à dissimuler. J'en profite pour me lever.

- J'ai juste une petite course à faire. Je reviens vite.

Il plisse les yeux, visiblement méfiant, cherchant dans mon expression quelque chose qui pourrait trahir mes intentions.

- Tu caches quelque chose... Je le sens. Je ne veux pas qu'on ait des secrets entre nous, pas comme... pas comme avec le cambriolage, dit-il, sa voix hésitante, pleine de douleur et de méfiance.

Je force un sourire, essayant de masquer mon propre trouble, tout en me répétant que ce n'est pas le moment de lui dire ce que j'ai compris.

- Il n'y a rien, Dan. Repose-toi, promis, je reviens tout de suite.

Il semble douter encore, son regard cherchant la vérité dans le mien, mais il finit par hocher doucement la tête, trop fatigué pour insister. Lorsqu'il ferme à nouveau les yeux, je me lève discrètement et quitte l'appartement, le cœur lourd d'une colère que je tente de maîtriser.

...

En marchant vers la maison de ma mère, je sens cette rage monter, chaque pas nourrissant ma détermination. Comment a-t-elle pu faire ça ? J'ai besoin d'explications. Je veux comprendre ce qui l'a poussée à s'immiscer de la sorte dans ma vie et celle de Dan.

Arrivé devant la maison, je remarque que les lumières sont encore allumées. Je m'approche doucement, l'estomac noué, et entre sans frapper. L'air est lourd de la chaleur étouffante du salon, et je m'arrête net en entendant sa voix venant de la pièce voisine, douce et mielleuse comme si tout allait bien.

- Oui, à bientôt... Je suis contente que tu sois passé, même si c'était en coup de vent.

Ma gorge se serre. Qui est à l'autre bout du fil ? Je me fige dans le couloir, la colère bouillonnant en moi, et c'est à ce moment-là que mon regard tombe sur la table basse du salon. Deux verres de whisky sont posés là, encore à moitié plein, la lueur dorée du liquide brille à la lueur tamisée. Elle n'était pas seule.

Sans réfléchir, je fais irruption dans la pièce, incapable de contenir ma colère plus longtemps.

- C'était qui ? Dis-je d'une voix encore plus agressive que je l'imaginais.

...

😇

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant