P2 - VIII.

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J'ouvre les yeux, la lourdeur de mon corps me frappe, pourtant je n'ai toujours pas bougé. Je scrute la pièce, elle m'est inconnue. Les souvenirs remontent lentement à la surface. Je repense à Dan, à la façon dont il m'a repoussé puis à Stan... Stan qui m'a tabassé. Et enfin, Dan à nouveau. Il est venu me sauver, ça me revient maintenant.

Ils ne réalisent pas à quel point Stan peut aller loin, jusqu'où sa cruauté peut le mener. Je dois absolument rentrer et m'excuser auprès de lui. Je tente de me redresser, un cri de douleur m'échappe, je dois avoir quelques côtes cassées. Ça fait un mal de chien ! Je m'arrête un instant, laissant la douleur se dissiper avant d'essayer à nouveau.

Je prends une grande inspiration et finis par me mettre en position assise. Je grimace mais retiens le cri de douleur qui tente de s'échapper. J'ai connu pire, ça ira.

Je décide de ne pas allumer la lumière. La pièce est faiblement éclairée par les étoiles qui brillent à travers la grande baie vitrée. C'est magnifique ici, mais je ne sais toujours pas où je suis.

Les quelques pas jusqu'à la porte sont pénibles, mais je les fais. Je n'ai pas le choix. Il faut que je retourne auprès de Stan, qui sait ce qu'il pourra faire si je ne le fais pas.

La poignée de la porte se tourne dans un silence parfait. J'ouvre doucement et commence à m'enfoncer dans le couloir. Je suis à l'étage, j'entends du bruit en bas, des rires. Je me rapproche de l'escalier, priant pour que le parquet ne craque pas sous mon poids. Jusqu'ici, tout se déroule mieux que prévu.

Mon cœur bat fort, résonnant dans mon tête, tandis que je descends l'escalier avec précaution. De la lumière attire mon attention, je jette un coup d'œil rapide, et je le vois.

Dan.

Il a semble heureux, il rit avec quelqu'un que je ne connais pas, un jeune homme. Une vague de jalousie me traverse.

Je secoue la tête. Peu importe. Je tourne les yeux et continue vers la porte d'entrée, qui se trouve à quelques mètres devant moi. Il est tellement absorbé par ce que lui raconte ce type qu'il ne remarquera même pas mon absence.

Mes mains tremblent légèrement. Je ne sais pas pourquoi je me sens ainsi, ce n'est pas la peur, pas encore. Je veux simplement quitter cet endroit, avant que quelque chose de pire ne se produise.

Ma main effleure la poignée, je réfléchis un instant... Partir sans un mot n'est pas la chose la plus polie à faire, mais ils comprendront. Je leur enverrai un message plus tard. Oui, c'est ce que je vais faire. Je tourne la poignée, laissant l'air frais s'infiltrer dans le couloir et vient caresser mon visage.

Soudain, la porte se referme brutalement d'une main ferme. Dan se tient juste à côté de moi, les sourcils froncés, ses yeux brillants d'une intensité qui me fait presque peur.

- Où tu vas ? Demande-t-il d'une voix froide.

- Laisse tomber Dan, je veux juste passer, lançai-je tentant d'ouvrir à nouveau la porte mais il colle son dos contre celle-ci.

- Tu es encore bourré, c'est ça ? questionne-t-il son regard cherchant une réponse dans le mien.

- Non, je... je veux juste m'en aller, balbutiai-je.

Il m'attrape soudainement par le bras et m'entraîne dans une pièce à côté, fermant la porte derrière lui. Il se tourne brusquement vers moi. Ses yeux noirs ancrés dans les miens, oscillant de gauche à droite, comme s'il cherchait à lire dans mon âme.

- Pourquoi tu veux retourner là-bas ? dit-il d'un ton calme mais teinté de confusion.

- Je t'avais dit de ne pas m'emmener, dis-je fuyant son regard.

- Gabriel, tu étais à moitié mort dans ta cuisine, répond-il marquant une pause pour peser ses mots. Marie ne m'aurait jamais pardonné si je t'avais laissé là-bas.

Son ton me frappe en plein cœur. Il ne m'a sauvé que parce que Marie le lui a demandé. J'aurais préféré ne jamais le savoir, ça rend encore plus nécessaire mon départ. Il semble percevoir la peine que je tente désespérément de cacher.

- Tu sais très bien que... commence-t-il.
- Stan me fera bien pire si je ne retourne pas là-bas ! le coupai-je, les larmes montant à mes yeux. Laisse-moi partir, Dan.
- Gabriel... murmure-t-il en se rapprochant de moi, son regard se radoucissant. C'est hors de question.

Il est tellement près que je peux ressentir la chaleur de son corps. Mon cœur bat plus vite et mes mains deviennent moites. Dan a toujours eu le don de me troubler, mais je dois partir. La peur me tord l'estomac. Il reste silencieux, sa respiration se mêlant à la mienne dans ce silence lourd.

- Remercie Marie pour moi, c'est vraiment un ange, dis-je en tentant de contourner Dan, évitant même de l'effleurer.

Mais il saisit mon bras, et mon corps se tourne malgré moi vers lui. Une grimace de douleur déforme mon visage, chaque mouvement me fait atrocement souffrir.

- Stan ne te fera plus jamais de mal, je te le promets, murmure-t-il, ses yeux reflétant une tendresse inattendue. Reste ici... s'il te plaît.

Je suis pris de court, mes yeux cherchent une réponse dans les siens. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, et le poids de sa main sur mon bras me retient plus fermement que jamais. Le silence devient presque insupportable.

Dan inspire profondément, son regard vacillant entre le calme et une tempête intérieure qu'il lutte pour contenir.

- Reste cette nuit, dit-il finalement presque me suppliant des yeux. Si tu veux partir demain, je ne t'en empêcherai pas. Mais ce soir, s'il te plaît, reste.

Je hoche lentement la tête, sentant que c'est tout ce que je peux faire pour l'instant. Dan semble se détendre un peu, bien que son regard reste inquiet.

Il reste silencieux quelques instants, me fixant de son regard intense que je connais si bien. Je sens qu'il essaie de me cacher ce qu'il ressent vraiment, je ne peux pas ignorer la tension qui flotte entre nous.

- Dan, dis-je la voix faible, incertaine.

Les mots se bousculent dans ma tête, je ne sais pas par où commencer. Comment lui dire ce que j'ai sur le cœur ? Comment lui faire comprendre à quel point je regrette ? Je baisse les yeux, incapable de soutenir le regard.

- Je suis désolé... pour tout, murmurai-je, les yeux rivés au sol.

Dan reste silencieux, ses yeux continuent de me scruter, cherchant quelque chose en moi.

...

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant