P2 - XIII.

346 24 75
                                    

La douleur me fige, elle est insupportable. Je n'arrive pas à la repousser, mon corps s'écrase sur celui de Gabriel. Un bourdonnement envahit mes oreilles, étouffant tout autour de moi. Je ferme les yeux, espérant que l'obscurité m'apportera un semblant de soulagement. Je tente de me redresser, les yeux toujours clos, mais chaque mouvement me coûte. J'enfile maladroitement mon short et parviens à faire deux pas avant que mes jambes ne me trahissent. Je m'appuie contre la baie vitrée, le verre froid contre ma peau brûlante. Je sens la main de Gabriel sur mon épaule, mais ses mots se perdent dans le bourdonnement incessant qui envahit ma tête.

Un cri déchire ma gorge. La douleur est fulgurante, comme si une balle traversait mon crâne, cette fois avec une intensité insupportable. Mes jambes cèdent et je glisse le long de la vitre. Gabriel me rattrape, ses bras m'enveloppant avec urgence, mais je ne peux pas m'accrocher à la réalité. Tout se brouille, mon corps tremble violemment, mes muscles se contractent, incontrôlables. J'essaie de lui dire que ça va, que ça va passer, mais aucun son ne sort de ma bouche.

— Je t'emmène à l'hôpital, dit-il, sa voix tremblante d'inquiétude.

— Non, non... s'il te plaît, je murmure, agrippant son bras avec la force qu'il me reste.

La douleur explose de nouveau, un coup de poignard qui s'enfonce plus profondément, me forçant à me recroqueviller contre lui. Je pousse un cri, incapable de le retenir. La bile me monte dans la gorge, brûlant tout sur son passage avant de jaillir de ma bouche. Je bascule, me vidant dans la poubelle à quelques pas de là.

Gabriel me soutient, ses mains caressant doucement mon dos pour me rassurer. Je ferme les yeux, le souffle court, les joues brûlantes de honte.

— Ne me regarde pas, soufflé-je, ma voix brisée par l'humiliation.

— Dan, murmure-t-il avec une douceur désarmante, tu dois aller à l'hôpital. C'est trop grave pour que ça ne soit juste une migraine.

— Non... c'est rien... une simple migraine, dis-je en essayant de paraître moins mal en point que je ne le suis, mais la vérité est que je suis sur le point de m'effondrer à nouveau. S'il te plaît... pas l'hôpital.

Je tente de sourire, mais Gabriel ne semble pas convaincu. Son regard est lourd d'inquiétude, mais il hoche la tête, respectant malgré tout mon choix.

— Très bien. Je vais te chercher de l'eau et un cachet d'aspirine. Ne bouge surtout pas d'ici, dit-il en déposant un baiser rapide sur ma tempe avant de disparaître dans le couloir.

Le claquement de la porte résonne comme un coup de marteau dans mon crâne. Le monde tourne autour de moi, et la nausée revient en force. Je m'accroche à la poubelle, honteux de cette faiblesse qui ne me quitte jamais. Tout était parfait et il a fallu que cette foutue migraine vienne tout gâcher. C'est toujours comme ça. Je suis faible, pathétique. Combien de fois encore vais-je devoir supporter ça ?

Le temps semble s'étirer indéfiniment. Gabriel a dû partir il y a des heures, du moins c'est ce que je crois. Chaque seconde sans lui est une éternité. Je me force à respirer plus lentement, espérant calmer l'ouragan qui fait rage dans mon esprit. Enfin, je me lève péniblement, mes jambes tremblantes sous mon poids. Je prends la poubelle pour la nettoyer, ne voulant pas qu'il ait à le faire à ma place.

La salle de bain attenante à la chambre est un petit refuge. Je nettoie rapidement la poubelle, puis je m'asperge d'eau froide, espérant chasser ce goût acide de ma bouche et cette chaleur oppressante de ma peau. Un bain de bouche est rangé dans l'armoire, je l'attrape et me rince, chassant la sensation désagréable dans ma bouche.

Je retourne au lit et m'écroule dessus. Chaque muscle de mon corps est en feu, chaque battement de mon cœur résonne douloureusement dans mes tempes. Je ferme les yeux, cherchant à échapper à cette souffrance, respirant bruyamment pour me calmer. L'épuisement me submerge, m'entraînant presque de force vers le sommeil malgré la douleur.

Quand Gabriel revient enfin, je suis à moitié conscient. Il s'assoit près de moi, m'aide à me redresser pour que je puisse boire. L'aspirine glisse difficilement dans ma gorge, et l'eau tremble dans mes mains, débordant sur mon bras.

— Désolé d'avoir pris autant de temps, souffle-t-il. Lucas m'a intercepté, mais j'ai fait au plus vite.

Je devrais ressentir cette vague de jalousie habituelle, mais je n'en ai plus la force. Mes yeux se ferment presque seuls, tandis que Gabriel me couvre de la couette et s'allonge à mes côtés. Ses doigts trouvent mes tempes, massant doucement les points de tension, apaisant progressivement cette douleur qui me terrassait quelques instants plus tôt. Ma respiration ralentit, mon corps se détend sous ses gestes. Sa chaleur me réconforte, me protège.

Je m'endors avec son odeur tout autour de moi, enveloppé dans ce cocon de sécurité qu'il m'offre.

...

Lorsque j'ouvre les yeux le matin, la première chose que je remarque, c'est l'absence de chaleur à mes côtés. Gabriel n'est plus là. Le lit est froid, vide. Mon cœur s'emballe aussitôt, un pic de panique me transperce avant même que je puisse comprendre pourquoi. Où est-il ?

La première pensée qui me traverse l'esprit est : il est retourné voir Stan.

Je me lève d'un bond, mes jambes flageolant sous l'effort. Je suis trop rapide, trop désorienté. Des étoiles explosent devant mes yeux, mais je n'ai pas le temps de m'en soucier. Je secoue la tête, balayant l'engourdissement, et me précipite hors de la chambre, à peine vêtu d'un short. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, ma respiration est saccadée. Chaque pas est une nouvelle vague d'angoisse qui m'envahit.

Je dévale les escaliers, manquant de trébucher, chaque pensée sombre envahissant mon esprit. Il est parti. Il va le tuer cette fois-ci.

J'arrive dans le salon, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Mon regard frénétique balaye la pièce, cherchant désespérément une trace de lui.

...

PRÊTS À TOUT [ ATTAL X BARDELLA ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant