𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |

37 | YARA

SONG : Haunted – Isabel Larosa

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La journée semble soudainement trop longue pour que je puisse le supporter. Lâcher la main de Zafar plus tôt a été un véritable supplice. J'ai eu beau l'embrasser jusqu'à son embarquement, cela n'a pas suffi. 

Je veux le suivre, jusqu'au bout du monde s'il m'en est possible. 

L'avoir quitté aussi longtemps et le retrouver m'a fait comprendre que je ne pourrais jamais me passer de lui. J'ai besoin de Zafar dans ma vie si je souhaite un peu la colorer. De plus, ce dernier a embarqué mon chien avec lui, comme je n'aurais pas vraiment le temps de m'en occuper. Il m'a dit de le rejoindre lorsque ma conférence de presse se terminera et je compte déjà les heures qui nous séparent. 

Personne ne sait de quoi je vais parler. 

Ces temps-ci, mes semaines sont chargées depuis que Gabriella intente un procès contre moi. Mes avocats veulent me voir en même temps que les journalistes ou les photographes. Je suis envahi d'appels, de messages et de mails. Je n'ai jamais été autant débordé que maintenant. De plus, certaines arrêtent leurs partenariats avec moi alors que d'autres m'en demandent. Je ne sais pas qui accepter et qui refuser, ce n'était pas mon job il y a encore quelques semaines. 

Mais après la conférence d'aujourd'hui, je n'aurais plus à m'en faire. 

Plus jamais. 

Je sors de ma bulle lorsqu'Alister entre dans la pièce, l'air inquiet lui traversant le visage.

— C'est l'heure.

Je me demande quelques instants si ce que je m'apprête à faire, en vaux vraiment la peine. Je peux très bien tout garder pour moi et ne pas faire de scène. Mais ça ne correspondrait pas à mon caractère de diva que l'on me colle à la peau. 

Je me relève du fauteuil, les jambes aussi molles que du coton et le cœur battant à vive allure. 

C'est la fin, Yara. Règle ça au plus vite et rejoins Zafar en Oman. 

Alister reste collé à mes côtés quand je sors de la salle. Les lumières des flashes m'éblouissent quelques instants avant que je n'abaisse les lunettes sur mon nez. 

On me dirige vers la salle de conférence et les invités s'agitent en ma présence. Je monte sur l'estrade et me dirige vers le pupitre qui contient deux micros. Les gens retrouvent leurs places et le silence s'installe entre eux. Seulement le bruit des flashes de leurs appareils photo résonne dans la salle. 

J'abaisse mes lunettes, la lumière m'aveugle davantage quelques secondes. Chacun de mes faits et gestes est scruté jusqu'au moindre détail. C'est pour cette raison que mon visage reste passible. 

Je me racle la gorge, portant l'attention sur moi.

— La conférence d'aujourd'hui portera sur l'arrêt immédiat de mon travail, je commence d'une voix forte.

Les bruits d'indignations parviennent jusque dans mes oreilles, mais je n'en ai que faire.

— À partir de maintenant, j'ai le plaisir de vous annoncer que je suis à la retraite.

— Est-ce l'histoire avec votre ancien agent qui vous fait dire ça ?

— Êtes-vous en tort ? C'est le seul motif pour vouloir arrêter une aussi grande carrière que la vôtre.

J'arrête les questions d'un geste de la main.

— La situation avec Gabriella Keys m'a en effet fait réfléchir. Je ne veux plus me faire avoir par d'autres agents. J'ai donné ma confiance trop d'années avant qu'on ne me plante un couteau dans le dos.