Chapitre 31 : la perle des cieux

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Arslàn

J'étais frigorifié, mais ce n'était pas nouveau et ça ne changeait pas de quand je chevauchais des wyrms. Je ne savais pas comment Zrìeg faisait pour supporter les insultes que je lui adressais en pensée sans s'en offusquer. J'essayais de ne pas le faire, mais j'avais les muscles tétanisés à force de serrer les jambes et les bras de stress, l'estomac qui tentait de remonter dans ma gorge, et il prenait de l'altitude graduellement, ce qui ne me rassurait pas du tout. Bon, au moins il ne pleuvait plus ... je n'étais donc pas une poule mouillée. Bon il fallait que j'arrête de me raccrocher à mon humour à deux balles pour faire passer la pilule. Solgar était au plus mal et moi je me plaignais de devoir voler sur un dragon, prêt à faire demi tour alors qu'on parlait de sa vie ...

Arrivés en dessous des nuages, nous entrâmes dans la masse nuageuse qui affleurait, ce qui me donna encore plus la nausée. J'étais à deux doigts d'abandonner à nouveau, mais je me rattachais à l'idée que nous arriverions à temps si le dragon n'écoutait pas trop mes élucubrations et ne ralentissait pas. Qu'est ce que Solgar faisait dans un endroit aussi éloigné, attaché ? Ne devait-il pas rester dans la ville ? Avait-il suivi Astrìon à sa demande, ou avait-il été attiré dans un piège ?

Je serrais les dents, et avant que je n'eu le temps de dégobiller, nous sortîmes au dessus de la nuée. A cette hauteur, le premier de leur soleil flirtait avec l'horizon, éclairant légèrement le ciel de ses couleurs rassurantes. Quelques altostratus nous surplombaient encore, et je vis au loin un spectacle étonnant et magnifique : une île flottait au ras de la mer blanche, les rochers de sa base saillants sous elle. Elle était immense, au moins autant qu'une île terrestre comme la Corse. Je l'avais survolée en avion et l'île flottante me donnait la même impression de taille, sûrement plus grande.

Le dragon murmura dans ma tête, m'indiquant que nous allions nous poser là, dans une des villes. Il remarqua mon extraordinaire nullité en géographie Genoéenne au vue de ma confusion mentale. Il m'indiqua que ce morceau de terre volant se nommait Oromyr, et que la ville où nous nous rendions était Ballymena, surnommée la perle des cieux. C'était une petite principauté entre Scellæon et Ognon, alliée séculaire du Haut-Prince Shahíndar. Ballymena n'en était pas la capitale, mais servait de base à pas mal de voyageurs du ciel. Certains dragons peu âgés y avaient élu domicile, vivant en harmonie avec les humains de la ville. Cette proximité avait protégé l'île des possibles invasions de Scellæon, le Haut-Prince ne préférant pas se mettre à dos de turbulents et irascibles jeunes dragons.

L'écouter raconter l'histoire de Ballymena calmait ma peur, et j'avais hâte d'atterrir sur la perle des cieux. Nous n'aurions pas le temps de visiter, mais je pourrais m'en faire une idée en foulant ses rues. Depuis le dos de mon dragon, la vue de Ballymena était à couper le souffle. En approchant de la ville volante, je fus frappé par la majesté et la beauté de ce joyau céleste. Ballymena, s'étendait en dessous de moi, flottant gracieusement au-dessus des nuages qui entouraient le bas de l'immense île volante.

La ville semblait presque irréelle, baignée dans une teinte rose pâle qui captait et réfléchissait la lumière naissante du premier soleil. Les tours élancées et fines montaient vers le ciel telles des hallebardes, leurs flèches acérées et leurs dômes étincelants semblant toucher les nuages plus haut. Les fresques délicates et les vitraux pastels ornaient les murs des bâtiments, créant une mosaïque de couleurs pâles qui ajoutait à l'aura éthérée de la ville.

En nous rapprochant, je pouvais voir les jardins luxuriants bordant les rues sinueuses, reliés par des ponts suspendus au dessus du vide. Des fleurs d'altitude de couleur blanche s'épanouissaient, flocons de neige dans l'air frais des hauteurs. Je m'étonnais de la présence de végétation aussi abondante en plein automne, mais ces espèces devaient être endémiques et fleurir avant les premiers froids.

Isekai : Éveil sur GenoëOù les histoires vivent. Découvrez maintenant