Chapitre 38 : rebondissements

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Arslàn

Apercevant les premières lueurs d'Abyssia au loin, j'essayai de me caler sur le dos de Zrìeg qui tentait de stabiliser son vol, luttant contre les rafales de la tempête chargée de neige qui semblait nous rattraper inexorablement. Le dragon amorça une descente. En perdant de l'altitude, la neige se mêla de pluie, mouillant mes vêtements. Les gouttes glaciales battaient mon visage et ma vision était floue, mais je savais que nous devions descendre rapidement. Le dragon commença à voler en spirales descendantes, ses ailes luttant contre les vents violents.

Lorsqu'il se posa enfin, ce fut un atterrissage brutal et précipité. Le choc me fit partir en avant, et je me rattrapais à l'écaille saillante du dragon pour éviter de me faire éjecter. Je pris une inspiration pendant que Zrìeg se couchait sur le ventre : il se préparait pour que je puisse mettre pied à terre. Même dans cette position, je devais encore glisser d'une hauteur de deux étages. Mais je savais que je devais le faire pour que nous quittions rapidement cet endroit découvert. J'avais l'impression de devoir faire un exercice de pompiers... mais il fallait au moins que Zrìeg reprenne forme humaine, il serait ainsi moins repérable physiquement. Sur cette conclusion qui ne me faisait pas plaisir puisque j'aurais préféré prendre mon temps, je passais mon pied par dessus sa croupe et glissais jusqu'au sol. Une fois mes deux pieds ayant touché le sol, je perdis l'équilibre comme à mon habitude et chutai maladroitement, heurtant le sol la tête la première. Genoë 4 - 0 Arslàn. La terre détrempée amortit ma chute, mais je me retrouvai à plat ventre, le visage dans la boue froide et humide. La sensation glaciale de la glaise me fit frissonner, et l'humidité pénétra rapidement mes vêtements déjà trempés, ajoutant au froid mordant.

J'avais l'impression d'être un barde dans un jeu de rôle, genre amuseur de foire, car pour la première fois j'entendis Zrìeg, qui avait repris une forme humanoide, pouffer en étouffant un rire. Sauf qu'en plus je ne savais pas chanter. Le mec inutile quoi...

Je tentai de me relever, mais mon estomac se révolta violemment, les secousses du vol ayant eu raison de ma résistance. Je vomis, sentant la bile brûler ma gorge, tandis que la pluie glacée continuait de tomber en mêlant mes cheveux à la boue. Ma tête tournait, et je pris quelques instants pour retrouver mon souffle et mon équilibre.

L'angoisse monta en moi alors que je regardai tout autour, cherchant désespérément une trace de Sorèn et Solgar. Ils avaient été séparés de moi par cette maudite tempête, et je n'avais aucune idée d'où ils pouvaient être. L'angoisse pesait lourdement sur mes épaules, chaque souffle de vent amplifiant mon sentiment de désespoir. Je pris ma gourde, bus un peu puis rinçai mon visage avec un peu de liquide, m'aidant de la pluie pour me nettoyer. Mon compagnon posa sa main sur mon épaule pour me tirer plus à l'abri sous un arbre.

La tempête nous avait rattrapé. Les vents hurlaient, les flocons fondant dès qu'ils touchaient le sol. J'apercevais à peine les murailles d'Abyssia au loin, ses murs lointains semblant flous à travers le rideau de neige et de pluie, la lumière faible du crépuscule n'aidant pas. Zrìeg montra du doigt l'orée d'une forêt, et m'annonça :

« Je ne peux malheureusement pas venir avec toi, la sécurité magique a été renforcée depuis la dernière fois que je me suis rendu ici. Il me sera impossible de ne pas me faire détecter. Va au point de rendez-vous de tes amis, attend-les et surtout sois prudent ! J'insiste sur ce fait, les noeuds du destin ne semblent pas favorables cette nuit... »

J'avais envie de lui dire que je voulais attendre avec lui, mais comment allaient-il nous retrouver ? Je soufflai en me disant que de toute façon j'étais trop mouillé pour que le froid ne devienne pas dangereux pour moi. Aller au point de rendez-vous était plus raisonnable. Mon cœur se serra à l'idée d'affronter la ville seul, sans mes camarades. Le froid s'insinuait dans mes os, et chaque mouvement était un effort, chaque pas un combat contre les vents qui faisaient rage.

Isekai : Éveil sur GenoëOù les histoires vivent. Découvrez maintenant