Chapitre 4 : Un allié inattendu

49 12 1
                                    


Urío

-« Qui va là ?! »

Les deux Gardes Princiers, arrivant à notre hauteur, me dévisagèrent de haut en bas avant que l'un d'entre eux n'avance :

-« S... Sehikh Absalón? (1)

« M... *jeune-maitre Absalón ? »

articula un des deux, utilisant mon titre utilisé dans la Basse-Langue, indiquant immédiatement mon rang en faisant cela.

Je gardais un air fier et détaché, les regardant légèrement de haut en essayant de ne pas paraitre trop arrogant.

Je lorgnais du coin de l'oeil sur l'esclave qui venait de sortir de la demeure de feu le maistre Shebolleh. Il était, comme tous les hybrides, plus petits que les Genoëens natifs. Ses cheveux ondulés et dégradés avaient commencé à pousser, et couvraient en partie ses yeux. Sa silhouette était mince, et j'étais certain que c'était le reflet de sa condition après avoir passé un cycle(2)  attaché, nourrit artificiellement. Il portait seulement un Kōona(3) mal attaché, et rien en haut. J'en déduisais qu'il venait manifestement d'éclore et s'était habillé à la hâte pour fuir les lieux. Il ne devait absolument rien comprendre à notre langue et allait vite paniquer. Logiquement, aucun module de traduction n'avait été posé sur son crâne, et il ne rien comprendre, ce qui devait ajouter à sa confusion. Peu d'hybrides portaient ces modules hors de prix, et seuls ceux vendus à de riches propriétaires s'en voyaient octroyés. Je ne pouvais pas laisser sa confusion ruiner ma tentative de diversion. J'espérai que les gardes prêteraient attention au fait qu'il ne pouvait nous comprendre car il lui manquait cet appareillage, et ce malgré la semi-obscurité. J'articulai donc dans sa langue -en tout cas j'espérais qu'elle le soit- et à l'attention des gardes.

-« Himself. I'm here to play a bit after the Council with my... tonight's mate. »

-« lui même. Je venais m'amuser un peu en sortant du conseil avec mon ... compagnon de ce soir. »

Je finissais ma phrase d'un clin d'oeil et en écrasant le pied du l'humain qui me regardait l'oeil rond, sans y mettre trop de force. Nous nous trouvions dans le quartier de Pihla, qui était le centre d'activité de la prostitution, des maisons closes où les esclaves travaillaient sans relâche sous l'égide de leur propriétaire, pour le plaisir de la majorité des habitants d'Abyssia. S'il y avait bien une activité ordinaire dans ce quartier, c'était bien celle de rechercher un partenaire pour un bon moment, et c'est ce que j'essayai de sous entendre.

Les deux gardes eurent un rire bref, comprenant mon allusion. L'un deux continua dans la même langue, son accent démontrant une certaine maitrise de celle-ci sans pour autant éviter les sonorités de notre peuple :

« Is this slave yours ? The place is strictly forbidden in waiting for the High Prince's delegation. It was spread that the streets around Shibboleth's domain were prohibited to the public, you must have heard it. »

-« cet Esclave est à vous ? Les lieux sont normalement interdits en attendant les délégués du Haut-Prince. N'avez vous pas entendu que les rues autour du domaine Shebboleh étaient fermées au public ? »

L'autre garde n'avait pas dû tout comprendre, et commença une phrase en Basse-Langue, que je coupais sèchement avant qu'il n'ait pu dire plus que quelques mots. Qu'importe sa bêtise ! Je rétorquai, toujours en langue Terrienne :

« I've just arrived and you are the first persons I'm seeing since I'm here. This slave is mine indeed, but I only bought it very recently, and I did not mark or baptized it in a Temple, Mithridat can witness it. »

« Je viens d'arriver, et à vrai dire, vous êtes les premiers que je croise. Cet esclave est en effet à moi, mais je l'ai nouvellement acquis, et je ne l'ai pas encore marqué ou fait baptiser à un Temple, Mithridat m'en soit témoin »

Isekai : Éveil sur GenoëOù les histoires vivent. Découvrez maintenant