Chapitre 17 : le jour du baptême

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Je m'observais dans le miroir, vêtu de luxueux vêtements brodés qui me faisaient paraitre plus important que je n'étais. Absalón avait insisté pour me vêtir de manière traditionnelle pour l'événement, et je n'avais pas vraiment opposé de résistance. Même si je commençais à m'habituer à vivre ici, à voir mon corps changer, à vivre à un autre rythme et à apprendre des choses totalement différentes par rapport à mon ancienne vie,  j'étais bouleversé. L'habillement me donnait du fil à retordre. Je me sentais vulnérable avec mes parties génitales à l'air sous ce kimono large. J'avais l'impression d'être un figurant à Hollywood, voire même Bollywood aujourd'hui, paré de bijoux somptueux, hors contexte vis à vis de ma supposée situation d'esclave. Ma tenue, de couleur émeraude sombre,  laissait apparaitre mes chevilles ornées de bracelets sous les pans longs de la robe. Les hybrides ne portaient pas de bottes, contrairement aux natifs. J'avais donc des chaussures de tissu aux semelles fines à peine assez épaisses pour isoler du froid de la rue. Si j'avais pu leur apprendre l'existence des sous-vêtements, je pense que cela aurait été le savoir essentiel que je leur aurais apporté. Certes le paquet était plaqué par le tissu drapé serré autour de mes hanches, mais cet habit était indécent, car au moindre pas, la fente s'ouvrait, découvrant mes cuisses. J'avais l'impression d'être plus prêt pour le tapin que pour un baptême.

C'était le grand jour, enfin plutôt, c'était mon soir, vu que je me ferais baptiser avant le  lever des deux lunes, qui ce soir n'auraient pas de décalage et seraient alignées pendant quelques heures. La nuit serait très sombre avant cela, ce qui était rare selon le Haut-Prêtre.Ce phénomène naturel, appelé Nuit Obscure, augmentait les énergies telluriques et magiques. Il m'avait raconté que quasiment aucune naissance n'était enregistrée lors de cet événement stellaire. Ceux qui naissaient malgré tout étaient pourvus de grandes capacités magiques, fils de nobles aux pouvoirs immenses.

C'était une des raisons pour lesquelles c'était un soir beaucoup plus calme pour les officiants du temple, et que baptiser le seul hybride qui n'était pas encore nommé après ce qu'ils appelaient la précédente l'Éclosion ne porterait pas ombrage à leur travail habituel. Le terme Éclosion me faisait sourire. Je n'avais pas l'impression d'être un poussin sorti d'un oeuf mais vu qu'ils voyaient le jour après être sorti de cocons d'arbres, le terme était finalement moins barbare que je l'avais pensé la première fois que je l'avais entendu. Ce monde était étonnant, et encore emplis de beaucoup de mystères.

Je n'avais pas pu observer ce qu'ils appelaient magie, à part si ce papillon aux ailes blanches lumineuses en était une manifestation. Selon les natifs de Genoë, elle était réelle, pouvait s'invoquer et se manipuler, permettant des choses incroyables. Honnêtement, je ne voyais pas comment expliquer médicalement mon changement si rapide si ce n'était une aide magique. Les Genoëens ne semblaient pas posséder notre technologie, mais leur civilisation s'était développée dans un sens qui échappait à l'entendement humain. Il n'y avait pas de voiture dans les rues, pas d'électricité dans les demeures, pas de goudron sur les routes pavées, mais la médecine semblait être leur fort, ainsi que la manipulation génétique. Les artères principales et les maisons étaient pourvues de globes de verres ou de lanternes de papier où s'agitaient de petites étincelles pour faire de la lumière, ce qui remplaçait habilement les ampoules. Était-ce magique ?

J'étais impatient de voir ma première manifestation réelle de manipulation de magie, mais je l'étais encore plus à l'idée que, peut-être, un dieu allait me murmurer mon prénom. On m'avait prévenu que c'était rarement le cas pour les hybrides comme moi, mais j'espérais.

Je m'étais entiché de ce panthéon grotesque et magnifique, de leur manière de prier les paumes des mains dirigées vers les statues de pierre habillées de vêtements de soie et parées de bijoux, de leurs prières qui sonnaient comme une sentence. Et cette manière de se signer le front à chaque fois que quelqu'un disait le mot dieu ! J'adorais ce geste, j'aurais été capable de dire le nom des sept divinités juste pour m'entrainer à le faire. Et si réellement, un dieu me nommait ? Ma grande'imagination luttait contre mon esprit rationnel qui tentait de me sortir des théories fumeuses sur l'impossibilité de leur existence.

Isekai : Éveil sur GenoëOù les histoires vivent. Découvrez maintenant