Chapitre 41 : la vengeance

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Solgar

Le petit était en train de nous lâcher ou quoi ? Je me préparais à attaquer, quoi qu'il en dise. Notre cible était là, devant moi, et nous étions en supériorité numérique, même si Sorèn ne bougeait pas. Le gamin hurla :

« Merde Solgar, j'allais me faire violer par mon tortionnaire, il l'a tué juste avant que ça n'arrive, alors qu'il faisait partie du même ordre militaire ! Alors soit je compte pour toi comme tu me l'as dit et tu prends le temps d'écouter un peu ce qu'il a à dire, soit tu as menti !? »

Je me figeai, le bras de Sorèn barrant soudainement mon torse. J'étais choqué par sa déclaration. Moi, un menteur ? Si ce bourreau, ce connard de violeur avait été encore en vie, j'aurais été l'exécuter moi même. Une autre colère prit le dessus, celle contre le peuple de Scellæon qui acceptait de voir violer des hommes sous prétexte qu'ils étaient hybrides et donc esclaves. Oggon avait érigé le consentement comme une valeur indéboulonnable comme la plupart des autres Principautés, et cela pour tous ses ressortissants. J'alpaguai verbalement l'assassin du troisième prince qui arborait un air goguenard et arrogant.

« Hey toi la vermine ! Tu pouvais pas rester mort ? Tu veux un second sourire ? »

Sorèn me coupa, maîtrisant ses nerfs bien mieux que moi.

« Allons à l'intérieur. Il fait froid et Arslàn est vivant et indemne. Cela mérite bien d'écouter ses explications... même s'il reste notre cible. Ne prenons pas de décision sans notre Prince. »

Je grommelai et rangeai ma dague à moitié sortie de son fourreau. Sorèn avait raison, nous n'avions pas été là pour Arslàn. Urío l'avait sauvé et protégé. On pouvait lui donner une chance même éphémère, car Astríon était loin d'être sauvé, et tout ce qu'on pouvait apprendre était bon à prendre.

Il nous mena jusqu'à un salon typique des maisons d'Abyssia, où un feu crépitait dans une énorme cheminée. Le froid était arrivé après la tempête, amenant son lot de désagréments. La chaleur de la pièce soulagea mes articulations figées par le voyage et les températures glaciales. Nous nous assîmes autour de la table basse présente, et Urío commanda des boissons chaudes auprès du serviteur présent.

Il nous raconta ce qu'il s'était passé avant notre arrivée pour la Maison Shebolleh et le massacre auquel avait survécu un dénommé Kahlar qui en était l'héritier. Entre ce que nous avions entendu à notre précédente arrivée et ce que confirma Arslàn, j'étais certain que c'était la vérité. Il nous conta sa survie et le pacte qu'il avait fait avec le seul survivant de cette maison, et la raison pour laquelle ce dernier en voulait au Haut-Prince auquel il avait prêté allégeance.

Cette vengeance était plus que logique ... qui tuait une famille entière par jalousie et appât du gain ? Je détestais encore plus ce dirigeant, et espérais qu'un jour ma dague rencontre son coeur ... ou autre chose vu qu'il en semblait dépourvu.

« Le jeune Maistre Shebolleh ne va pas tarder à revenir de sa préparation de noces... », continua Urío. « ...mariage arrangé qu'il n'a aucune envie de contracter ,mais il y est obligé. Le Haut-Prince l'exige, et il est difficile de résister à cet homme sans aucun soutien. Quant à moi, je suis peut-être un assassin, mais je suis un homme de parole. J'ai obéis aux ordres car ce métier était ma raison de vivre. Je dis bien était. Il l'est toujours mais plus à ce prix. Mon ordre a refusé de donner l'instruction de me soigner complètement. Certes avec un simple médecin je n'aurais pas récupéré mon oeil, mais j'aurais été soigné complètement de tout le reste. le Haut-Prince et mon père avaient aussi décidé de mon avenir, sans me demander ce que je voulais. Je n'étais qu'un outil pour Kyrdar et je ne lui suis maintenant plus d'aucune utilité sauf si j'ai un fils, qu'il réquisitionnera sûrement dès il aura l'âge. Mon père veut que je reprenne les rênes du commerce familial et il n'a pas besoin que je sois dans ma parfaite forme physique pour cela. Mais moi, je refuse de vivre à moitié, surtout après avoir côtoyé la mort. Je vous aiderais à sauver votre prince, je n'ai qu'une parole. Mes renseignements vous seront précieux, car je connais le palais, les gardes et les rondes, ainsi que leurs forces et leurs faiblesses. Une fois qu'il sera libéré ... »

Isekai : Éveil sur GenoëOù les histoires vivent. Découvrez maintenant