Chapitre 47 : retour au domaine

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Astríon

Je suivis Arslàn, qui me guida dans cette maison inconnue qu'il semblait connaître comme s'il y avait toujours vécu. Cela me fit bizarre de m'en remettre à lui, même si j'étais fier de son évolution. Je n'osais rien dire de plus, voyant qu'il avait les yeux mouillés. Avais-je dit quelque chose de mal, ou était-il simplement rassuré que nous soyons à l'abri ? J'avais beau avoir utilisé son corps comme s'il était le mien tout juste précédemment, il restait encore une personne mystérieuse et nouvelle. Mais malgré le fait qu'il soit encore un inconnu, il avait risqué sa vie pour venir me sauver, ce qui démontrait des qualités arcaisils extraordinaires. Ce n'était pas donné à tout le monde d'être aussi altruiste, même s'il avait aussi été habité par le doute et la peur. Il était somme toute le genre d'homme que j'aimais avoir avec moi. Il était dans la même veine de compagnon que Solgar ou Sorèn ... l'attirance en plus. Parce que malgré le danger, malgré ma faiblesse et la colère qui m'habitait lorsqu'il m'avait parlé d'Absalón Urío, tout mon corps me disait : « je désire qu'il soit mien ». Sa main dans la mienne, j'avais envie de l'attirer à moi et le plaquer au mur pour l'embrasser passionnément. C'était une sensation nouvelle pour moi qui n'avait jamais ressenti un désir aussi puissant.

Il interrompit le cours de ma pensée en ouvrant une porte. Derrière elle se trouvait une cuisine inoccupée mais chargée de victuailles. Il fit le guet dans l'entrebâillement le temps que je boive un peu et avale un fruit qui était posé dans une des corbeille à fruits sur l'immense commode posée le long d'un des murs.

Soudain, je le vis s'agiter et faire des gestes me montrant qu'il entendait du bruit. Accompagné d'un geste du bras, je lui demandai à voix basse de se reculer et lançai un sort d'ombre pour aller observer l'origine des pas... et avec la plus grande surprise, je le pris dans mes bras tout en lui montrant que nous pouvions sortir de la pièce. Contre moi, son coeur battait la chamade, et son petit air d'animal inoffensif et apeuré le rendit encore plus sexy. Il m'observa les yeux écarquillés et me demanda :

-« Tu es sûr? »

Je lui répondis avec un large sourire et déclarai :

« A l'évidence, tout le monde a décidé de désobéir à la sage décision de Sorèn de se mettre à l'abri pour venir se mettre en danger ici. C'est Solgar qui est ici, accompagné de mon vieil ami Urío le scélérat... allons les rejoindre. »

Arslàn pouffa et prit ma suite alors que je me détachai à contrecoeur de son torse palpitant. Il ne nous fallut pas longtemps pour les trouver. Les deux nous regardèrent avec stupéfaction, ne pensant pas nous trouver là. Arslàn coupa le silence en déclarant :

« Solgar, tu ne pensais que j'allais te laisser briser une promesse ? Je suis désolé d'avoir embarqué le prince là dedans ... mais je ne pouvais pas laisser Kàhlar ici... pas après tout ce qui s'est passé. »

Arslàn avait l'air gêné, et c'était tout bonnement adorable. Solgar, en tant que bon représentant de lui même avec sa bonhomie habituelle, lui donna une tape amicale dans le dos sans rien ajouter. Quant à moi, je toisai Urío en me retenant de lui sauter dessus. Vu la situation, il valait mieux que je l'assassine juste du regard ... en tout cas pour le moment. Il me surpris en s'agenouillant devant moi. Il ne dit rien, mais me présenta sa nuque, le regard tourné vers le sol. Mes compagnons me dévisagèrent sans oser intervenir. Après un long silence, alors que je pesais le pour et contre de sa mort immédiate, il annonça :

-« J'ai tué votre frère pour une cause à laquelle je ne croyais même pas, simplement pour pouvoir faire ce que j'aimais faire, c'est à dire vivre d'aventure et de combats. J'ai été trahi par mes propres frères qui étaient prêts à m'abandonner dans l'état où vous m'aviez laissé, c'est à dire sans un de mes organes et sans un oeil. Cela ne me laissait aucun espoir de pouvoir exercer ma profession à nouveau. Ils savaient pourtant tous à quel point je tenais à cette partie de ma vie. J'avais mérité votre courroux par ma stupidité et mon manque de discernement. Et votre sentence. Je ne vous en veux pas du tout, et je comprends que vous, vous me haïssiez. Mais je suis vivant, et j'ai promis à Kàhlar de venger le massacre de sa famille contre un oeil et la guérison. Ma mission était de vous délivrer pour contrecarrer les plans du Haut-Prince de Scellæon. Je vous supplie de me laisser vous raccompagner vous et Kàhlar à l'abri de votre palais. Ensuite, je remettrai ma vie entre les mains de vos Pères. Je ne compte pas me défiler, et c'est pour cela que je suis là sous la bonne garde de Solgar. J'aide Shebolleh parce que je le veux, cela ne faisait pas partie du contrat que nous avons passé. Mais... il est finalement le seul allié que je possède. Il m'a offert plus que la guérison depuis que je le connais, et sa froideur cache sa fragilité. J'ai ouvert les yeux, et j'ai vu tout le mal que j'avais fait en étant égoïste. Je refuse de le voir se marier à un homme qu'il n'aime pas, et offrir sa magie rare à ce scélérat de dirigeant. Je ne pourrais certainement pas changer ma nature profonde, mais ... je ne veux plus être le moi d'avant.»

Isekai : Éveil sur GenoëOù les histoires vivent. Découvrez maintenant