Isekai : Éveil sur Genoë

Chapitre 46 : flammes noires

Arslàn

Je repris conscience, le dos douloureusement appuyé contre le mur. J'avais réintégré le contrôle de mon corps, que j'avais volontaire laissé à Astríon lors de cette expérience divine étrange. X-Files, voilà ma vie ... J'étais néanmoins soulagé de le savoir vivant et d'avoir collaboré avec lui. Je ne m'attendais juste pas à ce que l'homme que je désirais inéluctablement pénètre mon corps dans ce genre de configuration. Il avait partagé mon enveloppe charnelle et désormais, il avait été arraché à ma réalité, me laissant hagard. Le masque magique qui avait scellé cette union improbable avait été arraché lors de l'impact, m'abandonnant armé mais sans la maîtrise des armes d'Astríon. Ce dernier, entièrement attaché et impuissant, semblait avoir regagné son corps et s'étouffer dans une angoisse palpable.

Les deux dragons à forme humaine se tenaient immobiles dans la pièce, comme figés par la tension qui y régnait. Quæri, quant à lui, referma la distance entre nous en un éclair. Je le vis se jeter sur moi, sa dague prête à me pourfendre. Instinctivement, je levai mes deux lames, tendant la chaîne pour parer son attaque. La violence du choc résonna dans mes poignets, mais je parvins à bloquer son coup. C'est alors que la fenêtre explosa sur le côté dans un fracas assourdissant, les bris de verre volant dans toutes les directions. Mon cœur fit un bond en reconnaissant Zríeg qui déboulait dans la pièce alors que les éclats scintillaient autour de lui, les muscles bandés et les yeux luisants. Il ne devait pas être là, et pourtant, il venait d'apparaître, après avoir écarté les barreaux de la fenêtre comme s'ils n'étaient rien, les brisant avec une facilité déconcertante. Ils tombèrent sur le sol, déformés et inutiles. Sa puissance brute et son apparence menaçante captèrent immédiatement l'attention de tous.

Zríeg jeta un oeil vers moi immédiatement, et voyant ma situation désespérée, leva ses mains noueuses et fit quelques gestes mystérieux. Une brume sombre commença à s'étendre autour de lui, emplie de murmures inquiétants et de formes indistinctes qui semblaient surgir de mes pires cauchemars. Les ombres ondulaient, prenant des formes terrifiantes et éphémères, comme si elles avaient une vie propre. Des visages déformés par la douleur et la terreur apparurent brièvement, leurs cris silencieux résonnant dans mon esprit.

Puis, ces visages commencèrent à s'enrouler autour des jambes de nos ennemis, leurs mains fantomatiques agrippant et tirant, semblant aspirer leur force vitale. Les deux dragons commencèrent à vaciller, leurs visages se déformant sous l'effet de la terreur. Des scènes horrifiques semblaient se jouaient devant leurs yeux, des visions d'effroi qui les faisaient trembler. L'atmosphère devint oppressante, les murs semblant se resserrer, et un froid glacial s'insinua dans mes os. Chaque respiration devenait laborieuse, comme si l'air lui-même se chargeait de peur.

Je me sentis envahi par une terreur que je ne pouvais contrôler. Des formes indistinctes se rapprochaient de moi, leurs griffes prêtes à m'attraper. Mon cœur battait à tout rompre, et j'avais l'impression que de l'eau froide me coulait dans le dos. Mes poils se hérissèrent, et j'avais du mal à contrôler le rythme de mon pouls. Graduellement, la panique montait en moi, alors que ma respiration devenait erratique.

Zríeg, réalisant de toute évidence que sa magie m'affectait aussi, tourna brusquement la tête vers moi. Une lueur de compassion compréhensive passa dans son regard rouge, et il fit un geste rapide. Instantanément, les ombres et la brume se retirèrent de moi, me libérant de leur emprise terrifiante. La chaleur de mon propre corps sembla revenir, chassant le froid glacial.

Les ombres se concentrèrent alors exclusivement sur nos ennemis, redoublant d'intensité autour d'eux. Zríeg m'avait protégé, s'assurant que sa magie ne me fasse pas de mal. Je pris une grande inspiration, cherchant à retrouver mon calme et ma concentration. Malgré la terreur ambiante, je me concentrai sur ma propre survie. La distraction créée par Zríeg était une opportunité que je devais saisir pour me libérer de cette situation périlleuse.