Chapitre 15 : confusion et découverte

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Je m'habituais lentement et sûrement à ce qui allait devoir être ma vie ces prochains temps. Bien qu'au départ j'eu souhaité rentrer car mes parents me manquaient et que je culpabilisais de les inquiéter, j'avais de moins en moins de nostalgie. Eux bien sûr devaient me croire mort. Peut-être espéraient-ils me revoir. C'était totalement du style de ma mère d'aller ameuter la police, les gendarmes, Jack Bauer s'il le fallait... et de pleurer une quantité astronomique de larmes de crocodile en attendant que je l'appelle au téléphone pour m'incendier et me déclarer que j'étais un fils indigne. J'avais durement gagné mon indépendance dans cet appartement, mes parents refusant de dépenser trop d'argent pour le cadet de leurs deux fils. Mon frère ainé s'était marié il y a peu de temps et avait eu un enfant avec sa compagne. Elle était née juste après ma licence. Le couple avait demandé à ma mère de s'en occuper, pour ne pas avoir à payer de nourrice. Mes parents étaient contre les crèches, et mon frère était régulièrement du même avis qu'eux. Cela avait suffit pour qu'ils acceptent de me laisser partir. Ma chambre fut rapidement transformée en pouponnière, et lorsque je rentrais, je devais dormir sur le lit d'appoint du salon.

Ce n'était pas qu'ils étaient surprotecteurs oh non ... leur hobby était de régenter la vie des membres de leur famille. De ce fait, je m'étais refusé à faire un quelconque coming out, car je savais qu'il était pour eux non négociable que je ne me marie pas avec une jeune fille pour leur faire moi aussi un petit fils, de préférence.

Ce n'était pas que je n'aimais pas les femmes... mais je m'étais rendu compte que le genre de la personne envers laquelle j'aurais pu entretenir des sentiments n'avait pas d'importance. J'avais été amoureux, adolescent. Je ne m'étais jamais déclaré, préférant souffrir dans mon coin, terrorisé par ce qu'en penseraient mon père et ma mère s'ils apprenaient ma façon de m'enticher des gens. Par conséquent, il était hors de question d'épouser la première fille venue dans le but d'avoir des enfants, simplement pour leur faire plaisir.

Mon éloignement géographique avait pour raison officielle un Master en urbanisme et environnement qui ne se faisait que dans la fac d'Albi. En réalité, cette décision m'avait soulagé de plus d'un poids. Cela n'empêchait pas ma mère d'appeler chaque soir à dix-neuf heure pétante pour me tenir la jambe une heure, à m'expliquer les progrès du bébé qui marchait, me demander si je fréquentais quelqu'un, m'imposer de fréquenter quelqu'un, vu qu'à mon âge mon frère était déjà fiancé.

Plus les jours s'écoulaient, plus je me sentais coupable de m'être libéré du destin qu'ils voulaient m'imposer. De surcroît, je me rendais compte que la cage dont je devais me libérer n'était pas dans la demeure du père d'Absalón mais l'emprise psychologique qu'ils avaient encore sur moi.

Absalón prenait le temps de discuter avec moi tous les soirs. Certes, il le faisait alors qu'il attouchait mon corps, me faisant ressentir des sentiments contradictoires entre ravissement et agacement, mais il n'était pas avare de ses connaissances. J'apprenais par sa bouche tout ce que je désirais savoir sur ce monde et sa société. Les continents principaux étaient au nombre de huit. S'ajoutaient des îles volantes que je voyais parfois au loin lorsque le ciel était clair, rajoutant à la féerie de ce monde, qui me fascinait. Il me renseigna sur la personnalité du Haut-Prince de ces Terres, Kyrdar... et il n'avait pas l'air commode.

Je découvris lors de ses récits que son autre Père était mort il y a des années de cela, lors d'une mission pour les Premiers Assassins. Il n'entra pas dans les détails, mais il m'expliqua qu'il avait hérité de sa position auprès de l'ordre post-mortem, chose que son autre parent ne savait pas. Il m'intima au secret, et déclara alors que je devais savoir pour le couvrir lors de ses escapades diurnes.

J'acceptais sans état d'âme de le faire, car même si je n'aimais pas les mystères qui entouraient cet homme, je lui devais la vie et une existence loin d'être pitoyable. Il m'emmenait chaque jour au Temple où je pouvais étancher ma soif de connaissances sans que personne ne me fasse de reproche. Absalón me souriait même régulièrement le long du trajet, discutant avec moi comme si j'étais son nouvel ami.

Isekai : Éveil sur GenoëOù les histoires vivent. Découvrez maintenant