Arslàn
J'avais laissé partir Astríon, désireux de me retrouver un peu seul. Bon sang, la nuit avait été épique. J'avais eu peur d'aimer un homme, et j'avais craint cette première fois comme la peste. Je n'avais jamais eu autant tort de toute ma vie. Je frissonnai aux souvenirs des sensations que j'avais éprouvé : Avais-je une fois dans ma vie ressenti autant de plaisir décomplexé ? Une fois qu'il fut sorti, je me précipitai dans la salle de bain qui était au premier étage et profitai d'une douche que j'aurais voulu rapide pour faire le point. Jamais les rapports sexuels sur terre n'étaient aussi violents, j'en aurais mis ma main à couper. Prenait-on une personne pour la première fois avec autant de sauvagerie effrénée ? Et putain, que j'avais aimé ça.
Il avait été directif, sollicitant toujours plus, m'imposant même d'être à lui quand j'hésitais, à ma grande habitude. Et j'avais adoré ça ! Je me passai de l'eau sur le visage et frottai mes oreilles, certain qu'elles seraient douloureuse après qu'il les ait autant mordillées... rien de rien. Il ne restait que les brides de soupirs que je poussai en repensant à ma nuit. Étais-je fou d'aimer être entrainé par ce prince dans des jeux douloureux et ensanglantés et extatiques ? Etais-ce à cause de l'éducation désastreuse que j'avais reçue de mes parents ? N'étais-je plus capable d'être un être humain équilibré ? Non, ce n 'était pas ça. Ils auraient détesté la personne que je suis actuellement, s'ils avaient eu la malchance de la connaitre. De voir ma véritable nature, finalement. Tout ce que j'étais allait à l'encontre de ce qu'ils voulaient de et pour moi. Et honnêtement, j'adorai me sentir vivant, et cette nuit, cela avait été le cas. Ces ébats n'avaient finalement pas été assez. Pas en terme de qualité, mais j'aurais pu y passer la semaine entière enfermé avec lui. J'en voulais plus. Et moi qui me battais contre les sensations de ce nouveau corps, qui n'étais pas arrivé à me l'approprier, c'était fait. Une seule nuit avec Astríon, et j'étais campé dans la réalité. J'avais passé le cap, j'avais intégré que je n'étais plus humain. Fini la morale, bonjour le moral. Et j'avais traîné plus que nécessaire sous l'eau... mais au moins j'étais au clair avec moi-même. Je sortis de la salle de bain, m'habillai à la hâte et sanglai à ma taille la ceinture qui supportait mes nouvelles lames dans leurs fourreaux. Je préférai finalement la position dorsale mais je n'allais pas faire le difficile, car c'était plus facile et rapide à mettre ainsi. J'étais prêt, et j'allai me faire engueuler. Je dévalai les escaliers et vis tout le monde attablé. Urío était au fond en train de faire la vaisselle, et les autres étaient en pleine discussion, bien qu'ils se tournèrent vers moi un instant pour me saluer poliment. Mon déjeuner était encore sur la table, seul et certainement froid. Je craignais vraiment.
J'allais sauter les deux dernières marches et m'excuser pour mon retard quand le regard de tous se tourna sur la porte encore fermée. Je m'arrêtai net. Quelques longues secondes passèrent, la moitié de mes compagnons ayant les mains non loin de leurs armes, prêts à les saisir.
La porte s'ouvrit en claquant brutalement, et un homme à la longue chevelure grise et parsemée de tresse entra. Il portait un vêtement richement couvert de bijoux et de brodures, et le plancher craqua sous le poids de ses bottes pointues noires. Il aperçu Astríon, et la joie transcenda son visage. La tension redescendit d'un coup. Je restais perplexe alors qu'il se jetait dans les bras de ce dernier pour l'enserrer. Sorèn et Solgar jetèrent genou à terre, indiquant qu'ils le connaissaient et que c'était un probablement un allié important. J'allais imiter mes compagnons quand je vis le nouvel arrivant relever la tête et apercevoir Absalón. Il lâcha le prince, se saisit de son arme alors que 3 autres hommes vêtus d'uniformes semblables pénétraient dans la salle commune. Il se mit à vociférer:
–« Scélérat ! Je vais t'occire !» et se précipita sur Absalón, l'air belliqueux.
Tout se passa très vite : Kàhlar s'interposa à la dernière minute entre eux, les bras ouverts en signe de non-agression, pendant qu'Urío se jetait à genoux, croisant ses mains derrière sa tête en signe de soumission. L'homme aux tresses grises et Shebolleh se percutèrent avec fracas, et il s'en fallut d'un cheveu qu'ils ne s'effondrent au sol, se stabilisant tout juste grâce à la présence d'esprit de mon ami qui amortit le choc. Ce fut juste assez pour que Solgar, qui suivait de près son amant, prenne le relais. Il les retint à la dernière minute, campant sur ses larges cuisses musclées et offrant un rempart inamovible aux infortunés. À peine stabilisé, l'assaillant tenta d'attaquer Absalón à nouveau. Ce dernier, cependant, n'avait pas bougé, toujours résolu à faire amende honorable.
VOUS LISEZ
Isekai : Éveil sur Genoë
RomanceEnlevé sans explication et transporté sur Genoë, une terre étrange baignée par deux soleils et deux lunes, un jeune homme survit de justesse à un massacre. Sauvé par un natif de ce lieu, un homme aux intentions ambiguës, il découvre un univers peupl...