Chapitre 10 : l'arbre et le temple

38 10 0
                                    




Urío

Je soufflai. Il avait tenu sa langue, avait montré plus de bonne volonté que je ne l'avais espéré. Mon père était remonté contre moi. Il n'avait pas apprécié que je sois interpellé en pleine rue, à me donner en spectacle. Mais mon hybride l'avait amadoué en glissant simplement sur ses genoux et en baissant la nuque. C'était malin de sa part. Il montrait des capacités d'adaptation, et je n'aurais pu espérer mieux. Il n'était donc pas seulement beau, mais il savait réfléchir et mettre son ego de côté... ce petit me plaisait, je devais l'avouer.

Je lui glissai un « ça va? » alors que je m'asseyai à ces côtés en lui apportant toute mon attention.

Son visage s'anima et il questionna à voix basse :

« Combien de temps avant de m'habituer aux voix en différé dans ma tête? »

Je dû faire une drôle d'expression car il éclata de rire. Il le regretta immédiatement, car cet explosion vocale le fit souffrir. Il s'arrêta immédiatement en grognant et se tenant la tête.

«J'ai l'impression de ne rien comprendre à ce que vous dites, pourtant je comprends tout. Et moi je vous parle en quelle langue du coup, vu que ça me fait le même effet quand je parle? »

« Tu parles en basse langue. Et tu utilises le vocabulaire égalitaire, pourtant tu n'es pas socialement à la même hauteur que moi ... il faudra éviter de parler ainsi quand une tierce personne est là. »

Je lui expliquai ce qu'était la basse langue, ou langue commune. Elle servait au peuple tout entier, et avait un système de lecture simplifié. La Haute-Langue en contrepartie n'était que parlée par les Nobles et les Prêtres. Elle était extrêmement complexe et hiérarchisée, et le système d'écriture était pire encore. Je lui donnais des explications succinctes: il avait été enlevé pour être emmené sur Genoë, qui comportait deux lunes et deux astres de jour, un peu comme le Soleil et la Lune pour la Terre, mais en double. Les deux Astres de jour, Capella et Berelgeuse, se levaient presque en même temps, puisque l'un d'entre eux était la une de l'autre. Les deux lunes, Moone et Perse étaient indépendantes car suffisamment éloignées l'une de l'autre. Elles éclairaient convenablement la nuit, assez pour que celle-ci ne soit jamais obscure ... sauf exceptionnellement quelques rares heures sans lune, ce qui n'arrivait qu'une fois toutes les rotations de la planète. Les cycles étaient composés de 40 nuitées, ce qui correspondait à un cycle lunaire complet de Perse, la plus grande de nos lunes.

J'essayais de répondre à ses questions sans jamais qu'il se sente comme un esclave. Je lui révélais que sur Genoë, tout comme dans son monde d'origine, les terres émergées était divisées en plusieurs nations. Cependant, elles étaient toutes gouvernées par des Haut-Princes sous un régime royaliste. Le plus étonnant fut le moment où il me demanda où étaient les femmes sur Genoë. Il dû s'y reprendre à plusieurs fois, utilisant le mot anglais, vu que nous n'en avions pas d'équivalent.

« women? » répétais-je, incapable d'imaginer de ce dont il s'agissait.

Je lui donnais un papier et un crayon et il dessinai comme il pouvait deux types de personnes distinctes, l'une ayant des sortes d'excroissances rondes sur le torse et plus petite, l'autre étant des hommes. Il me raconta comment les deux faisaient usuellement pour avoir des enfants. C'était franchement barbare. Un des deux types portait l'enfant dans son ventre et devait l'expulser par un trou minuscule qui s'agrandissait? Je frissonnai d'horreur. Personne ne m'avait jamais expliqué cela sur le passé des hybrides. Je pus enfin lui répondre, ayant saisi ce qu'il voulait savoir.

« Il n'y a pas ce genre de personne ici. Il n'y a que des hommes. Nous avons bien la motion de couple et de mariage, mais elle se fait entre Natifs, et fonctionne aussi pour les Hybrides. Il faut avoir décidé de se marier et consommer le mariage régulièrement pour que les dieux accèdent à notre volonté d'avoir un enfant. »

Isekai : Éveil sur GenoëOù les histoires vivent. Découvrez maintenant